Finalement, le Dialogue national a pris la décision que tout le monde attendait : les Tunisiens éliront leurs députés en premier lieu. L'ANC fixera les dates des scrutins d'ici la fin de la semaine prochaine Le Dialogue national a finalement accouché de la décision définitive sur l'ordre de priorité des scrutins législatif et présidentiel relatifs aux prochaines élections. Ainsi, les Tunisiens commenceront par l'élection de leurs représentants à la Chambre des députés du peuple. Ensuite, ils procéderont au choix du futur président de la République. Le scrutin présidentiel se déroulera à deux tours, le second tour étant prévu au cas où le premier ne dégagerait pas un vainqueur à la majorité absolue. Hier, la réunion des partis politiques participant au Dialogue national s'est déroulée dans une atmosphère chaude marquée par le retour aux tiraillements «au point qu'on craignait que tout soit tombé à l'eau et que le transfert de l'affaire à l'Assemblée nationale constituante (ANC) soit inévitable, avec les conséquences qui pourraient en découler, au risque de voir le principe de la séparation entre la présidentielle et les législatives renié», comme le confie une source ayant pris part à la réunion. La même source ajoute : «Face à l'impossibilité de parvenir à un consensus sur l'ordre de priorité des scrutins attendus, les participants ont opté pour un mécanisme de décision : voter sur la base des 2/3 pour avaliser la décision finale. Finalement, 12 partis ont choisi que les élections législatives se tiennent en premier lieu, les 6 autres partis présents à la réunion ont décidé de donner la priorité à l'élection présidentielle. Et s'il y a un premier enseignement à tirer et à saluer, c'est bien le maintien du choix de la séparation entre les législatives et la présidentielle. Beaucoup parmi les participants à la réunion n'ont pas manqué d'exprimer leur colère pour la décision finale, estimant qu'elle n'a pas répondu à la règle du consensus prévalant jusqu'ici dans les réunions du Dialogue national. Ils ont peut-être raison sauf qu'ils oublient que le temps presse et que les discussions interminables du Dialogue national ont déjà lassé les Tunisiens dont une grande partie ont déjà exprimé leur désintéressement pour les prochaines élections, les derniers sondages d'opinion ayant révélé un taux d'abstention très inquiétant, outre les indécis qui ne savent pas encore s'ils vont voter ou boycotter l'opération électorale». La balle dans le camp de l'ANC Maintenant que l'ordre de priorité des scrutins a été fixé, il revient à l'ANC de désigner une date pour la tenue d'une séance plénière au cours de laquelle les constituants auront à choisir les dates des scrutins. La première pour les élections législatives (début de novembre prochain selon les prévisions de l'Instance supérieure indépendante des élections). La deuxième pour le 1er tour de l'élection présidentielle et la troisième pour le second tour de cette même élection, en cas de besoin. «Aujourd'hui, la balle est dans le camp de l'ANC. Le Dr Mustapha Ben Jaâfar, président de la Constituante, se doit de réunir les constituants dans les plus brefs délais. D'ici jeudi prochain, soit avant le démarrage officiel de l'opération d'inscription des électeurs prévue le 23 juin, l'ANC devrait fixer les dates attendues», précise encore notre source. Le processus de transition remis sur les rails Du côté de l'ANC, on est satisfait de la décision qui a découlé de la réunion du Dialogue national et l'on se prépare déjà à prendre le relais pour finir le travail. Hier, le Dr Mustapha Ben Jaâfar, président de la Constituante, a annoncé, en recevant une délégation européenne représentant la commission politique et de sécurité de l'Union européenne que «la date des élections sera fixée d'ici la fin de la semaine prochaine». Il rejoint ainsi la demande exprimée par notre source qui somme l'ANC de respecter les délais du calendrier préparé par l'Isie. Le Dr Ben Jaâfar estime également que «le processus de transition démocratique a été remis sur les rails» et qu'avec la création des instances constitutionnelles, le processus électoral est sur la bonne voie. Quant à l'Instance supérieure indépendante des élections (Isie), elle a mis la pression, hier, lors d'une conférence de presse, sur les participants au Dialogue national pour qu'ils se décident à fixer «l'ordre des priorités des scrutins». Chafik Sarsar, président de l'Isie, n'a pas mâché ses mots en soulignant : «Tout retard dans l'organisation des élections risque de mettre en péril la stabilité du pays et de compromettre son économie». Tout en tirant la sonnette d'alarme, Sarsar a passé en revue les préparatifs engagés par l'Isie en prévision des prochaines élections dont l'installation des Irie, le recrutement et la formation des agents de contrôle, l'inscription des électeurs, etc.