Fin d'un cycle pour la sélection U20 condamnée à «disparaîte» en l'absence de la moindre échéance L'élimination du cru 1995-96 le mois dernier devant la Libye, au second tour qualificatif pour la Coupe d'Afrique des nations Sénégal 2015, a signé la dissolution de l'équipe nationale juniors. La raison est bien simple, pourtant. «Tous les quatre ans, il y a au moins un cru qui est condamné à passer directement aux seniors sans passer par les Olympiques, analyse l'entraîneur national Abdelhay Ben Soltane. En l'absence d'une quelconque échéance, ce cru doit chercher à passer directement parmi l'équipe seniors sans le fameux passage obligé du niveau olympique. Tout simplement parce que, au moment où arrivent les Jeux olympiques, ces joueurs-là ne sont plus dans la catégorie d'âge des Olympiques. Si les natifs de 1997-98 et de 1993-94 répondent aux critères des JO, en revanche, ceux de 1995-96 et 1999-2000, par exemple, sont d'ores et déjà condamnés et doivent tirer un trait sur les J.O. De plus, cette année est encore plus difficile pour les juniors du fait de la réforme du championnat Elites. Si les natifs de 1996 ont pu disputer la compétition juniors, en revanche, celle Elites est ouverte pratiquent à toutes les catégories d'âge : des natifs de 1995, exclus du championnat juniors aux natifs de 1993... La gestion de la catégorie d'âge qui m'intéresse est très délicate aussi bien sur le plan physique que mental. Nous sommes confrontés à la situation singulière, voire paradoxale où un joueur talentueux natif de 1995 ou 1996 est lancé parmi les seniors sans pour autant qu'il joue régulièrement. Des joueurs comme Jebali ou Ouedhrefi (CA) n'ont réellement évalué parmi les seniors qu'après avoir brillé en sélection devant la Mauritanie. Un joueur, pétri de qualités comme Ben Abda, n'a pas une chance avec les seniors de l'EST», analyse le sélectionneur Abdelhay Ben Soltane lequel pointe du doigt la formule actuelle des qualifications pour la Coupe d'Afrique des nations. «Normalement, il devrait y avoir un système de championnat en forme de poule zonale qui laisse la possibilité aux meilleurs de rebondir après un jour sans, de se racheter après un accident. L'exemple du Maroc, truffé de joueurs évoluant en Europe et qui est bien meilleur que le Gabon. Vainqueur chez celui-ci (2-0), la sélection chérifienne tombe dans un mauvais jour et perd à domicile (2-4). Normalement, il ne serait jamais éliminé compte tenu de sa qualité. La formule adoptée par la Confédération africaine (CAF) est vraiment à revoir. Peut-être les nations du continent noir n'ont pas les moyens d'organiser des tournois de poule contrairement à l'Europe ou à l'Asie. Sans parler des intérêts "politiques" et du risque de voir deux grandes nations d'une même zone géographique batailler ferme pour un seul ticket», souligne le patron des U20 après avoir drivé les U17 en Coupe du monde, en octobre dernier aux Emirats Arabes Unis. «Les clubs ne libèrent pas toujours les convoqués» Ben Soltane dresse un bilan lucide et sans concession des quelques mois passés à la tête de la sélection juniors : «Nous avons régulièrement programmé des stages de trois ou quatre jours avec un total de 40 séances d'entraînement parmi lesquelles le groupe était au complet dans 23 séances seulement. Les absences sont dues aux blessures, mais surtout au fait que les clubs empêchent leurs joueurs de se mettre à la disposition de la sélection parce qu'ils ont des échéances officielles. C'est ce qui fait la différence avec par exemple la Libye qui n'a certes pas de championnat pour les jeunes, mais compense cela par une série de stages (3 semaines en Turquie) et de rencontres amicales d'excellente facture. Al Ahly d'Egypte a remporté la Ligue des champions, alors que le championnat local était aux arrêts ; Ahly Benghazi marche actuellement au super dans la compétition continentale, alors qu'il est astreint à disputer de simples matches amicaux. De plus, j'ai pu déceler par l'intermédiaire du visionnage chez les jeunes joueurs libyens des qualités techniques de futsal (déplacements, vivacité, dribble dans de petits espaces...). Après la Révolution, les Libyens ont mis le paquet en engageant un technicien allemand à la tête des juniors et avec un staff d'une dizaine de personnes», rappelle-t-il. «Ils peuvent aller loin» Malgré tout, Ben Soltane croit en un groupe qu'il avait accompagné depuis le centre de Borj Cédria : «Il y a énormément de qualités: Abboud, Henid, Jebali, Ayadi, Haj Hassen, Ouedhrefi, Gabsi, Timoumi, Lahouel, Ben Hassen... Tous ces jeunes peuvent aller très loin et intégrer un jour la sélection nationale «A». La question est la suivante : vont-ils pouvoir progresser au sein de leurs clubs ? L'idéal serait qu'ils puissent achever leur post-formation au sein de leurs clubs : tout en progressant, on doit les lancer à doses homéopathiques avec les équipes seniors. Driss Mhirssi et Zied Ourrelli s'entraînent avec les seniors et jouent leurs matches avec les juniors. Cette situation parodoxale se retrouve ailleurs. Ce n'est peut-être pas le meilleur moyen d'assurer la progression de ces jeunes pousses», insiste-t-il. Résiliation de contrat Dans l'immédiat, Abdelhay Ben Soltane conclut une résiliation à l'amiable de son contrat avec la fédération qui va jusqu'en juin 2015. Avec l'auto-dissolution de la sélection U20 actuelle, il n'a plus d'échéance à préparer. Ayant reçu des offres de l'étranger, il ne serait pas étonnant de le voir répondre à une de ces propositions. Autrement, il pourrait réintégrer le centre de formation de Borj Cédria.