La coalition de la société civile et politique démocratique de Ben Arous vient d'organiser une conférence de presse dans laquelle elle brandit les décisions du Tribunal administratif relatives aux délégations spéciales de Hammam-Lif, Mornag et Ezzahra. Ces décisions rendues entre janvier et février 2014 sont claires : « La suspension d'exécution du décret n°4172-2013 du 8 octobre 2013, relatif à la nomination de certaines délégations spéciales, et ce, jusqu'à ce qu'une décision soit rendue sur le fond ». En d'autres termes, le Tribunal administratif décide du gel des activités des délégations spéciales nommées le 8 octobre 2013 par la présidence du gouvernement, et le retour du staff précédent. Prenant acte de l'injonction du Tribunal administratif, le gouverneur de Ben Arous, Abdellatif Missaoui, a informé les présidents des délégations spéciales concernées (Hammam-Lif, Mornag et Ezzahra) de la fin de leurs fonctions et a appelé les anciens responsables à une réunion pour reprendre leurs postes. Les nouveaux locataires des mairies, eux, ne l'entendent pas de cette oreille. Malgré la publication des décisions du Tribunal administratif, ils continuent à occuper les locaux, s'aidant, selon les termes du communiqué de la coalition de la société civile et politique démocratique de Ben Arous, de « la mobilisation de rue, et des démonstrations de force ». A Ezzahra comme dans les autres mairies, c'est le statu quo, chacun des deux présidents s'agrippe à sa légitimité et à chacun sa propre logique. « Ces gens squattent les locaux de la mairie, ils n'ont aucune légitimité, ils auraient dû s'incliner devant la décision du Tribunal administratif depuis le 3 janvier 2014, s'indigne Fathi Smida, le précédent président de la délégation spéciale d'Ezzahra. Aujourd'hui, les gens qui occupent la mairie, sont ceux-là mêmes qui se sont distingués par leur absence injustifiée de six mois lorsque j'étais en fonction ». Lui qui a travaillé pendant deux ans avec différentes sensibilités politiques au sein de l'administration municipale, dénonce aujourd'hui la domination «des considérations politiciennes au détriment des idéaux de la démocratie ». Les considérations politiciennes sont également dénoncées par la coalition qui note que la majorité des membres nommés par décret le 8 octobre 2013 sont de sensibilité islamiste. De son côté, le président contesté de la délégation spéciale d'Ezzahra, Hichem Ben Younès, estime que tant que la Tribunal administratif n'a pas tranché sur le fond, il reste maître à bord, lui et son équipe, en vertu du décret qui l'a nommé. « De toutes les manières, nous nous opposons aux décisions du Tribunal administratif, explique-t-il. Nous avons été désignés par un décret émanant de la présidence du gouvernement, et seul un décret en provenance de la présidence du gouvernement peut nous démettre de nos fonctions ». L'argument est faible, selon Fathi Smida, pour qui une décision de justice est faite pour être appliquée Pendant un certain temps, un compromis a été trouvé entre les protagonistes pour que le gouverneur prenne en charge la signature de l'ensemble des décisions municipales. Mais l'accord n'a pas vécu longtemps. Il est à rappeler que le décret du 8 octobre 2013, vient à la suite de la dénonciation d'absences répétées de certains membres des équipes dirigeantes des municipalités en question.