Seuls 125.000 nouveaux électeurs se sont inscrits depuis le 23 juin. Chafik Sarsar, président de l'Isie, promet de prendre en considération les remarques émises par les associations de la société civile pour booster l'opération inscription. Comment expliquez-vous la faible affluence des nouveaux électeurs pour les prochaines élections législatives et présidentielle? Deux niveaux entrent en ligne de compte pour expliquer cette timide affluence des nouveaux électeurs. Le premier concerne des problèmes au niveau des mesures et des applications, notamment à l'étranger. Concernant, par exemple, l'inscription avec de nouveaux passeports, ils ne sont pas reconnus par la base de données en Tunisie, d'où les difficultés rencontrées. Mais nous avons trouvé une solution, dès lundi dernier, ainsi pour ceux qui veulent s'inscrire ou vérifier qu'ils sont inscrits, ils peuvent utiliser le numéro de la carte d'identité nationale (CIN). Il suffit de cliquer sur un lien, d'introduire le numéro de la CIN ainsi que la date de naissance. Ce service permet également de vérifier l'inscription aux élections pour ceux qui existent sur les listes électorales depuis 2011. Cependant, pour les nouvelles affectations des électeurs à l'étranger, il vaudrait mieux, par mesure de sécurité, que les concernés le fassent à l'ambassade ou au consulat. Le deuxième problème concerne la population qui ne s'est pas encore inscrite et qui affiche une certaine réticence. Car mis à par les 4 millions et 300 mille déjà inscrits en 2011, les 4 autres millions potentiels d'électeurs ont visiblement une certaine réticence à s'inscrire. Au fait, donnez-nous les derniers chiffres depuis le 23 juin jusqu'à aujourd'hui mercredi 9 juillet, combien de nouveaux électeurs se sont inscrits ? Seuls 125.000 nouveaux électeurs se sont inscrits depuis le 23 juin, date d'ouverture de l'opération d'inscription, jusqu'à hier, mardi 8 juillet. Tandis que 1,6 million d'électeurs inscrits en 2011 ont vérifié qu'ils figurent sur la liste électorale. Mais il y a aussi les 500.000 électeurs qui ont voté sans être inscrits. Ceux-là doivent obligatoirement s'inscrire car, pour les prochaines élections, ils ne peuvent, selon la loi électorale, voter sans être inscrits. L'organisation «Mourakiboun» a relevé plusieurs carences dans les centres d'inscription dans la majorité des gouvernorats. Avez-vous remédié à ces manques ? Nous avons pris en compte les points relevés par «Mourakiboun» et nous avons pris 8 mesures dont la sensibilisation des citoyens en utilisant des moyens de proximité et la multiplication des centres mobiles d'inscription. Ainsi, nous avons impliqué des organisations de jeunes dont les scouts auxquels nous avons confié la tâche de distribution de 400.000 dépliants de l'Isie incitant les citoyens à s'inscrire. Nous avons également impliqué les trois opérateurs téléphoniques pour l'envoi de SMS et nous avons décidé l'extension des horaires du centre d'appel et des centres d'inscription. Toutefois, certains partis politiques avancent même qu'il y a une volonté de maintenir le même nombre d'inscrits sur les listes électorales afin de reproduire le même résultat et scénario des élections de 2011... Ce sont des accusations qui ne sont pas basées sur des arguments sérieux. Car afin de corriger cette situation il faudrait déceler les causes de cette abstention. Or, selon plusieurs sondages effectués récemment, 61% des Tunisiens n'ont plus confiance en les hommes politiques qui n'ont rien fait, selon eux, pour améliorer leurs conditions de vie. D'autres pensent que face à la détérioration de la situation économique, il serait plus judicieux de reporter les élections et de maintenir le statu quo afin déviter les tiraillements politiques. Bref, qu'allez-vous faire pour booster l'opération d'inscription aux prochaines élections et inciter les nouveaux électeurs à s'inscrire ? En collaboration avec la société civile, nous avons, comme je vous l'ai dit précédemment, pris huit mesures pour booster l'inscription aux prochaines élections. Nous avons d'ailleurs tenu une réunion dans ce sens la semaine dernière et comptons organiser une seconde réunion de suivi demain jeudi 10 juillet. En parallèle nous avons pensé à une prochaine réunion avec des partis politiques afin qu'ils incitent les citoyens à s'inscrire. Peu importe que ce soit un vote utile ou un vote sanction ou encore un vote intelligent, l'important c'est de s'inscrire, car il y va du devenir de la transition démocratique. Vous avez annoncé qu'il est peu probable de prolonger les délais d'inscription des nouveaux électeurs, n'y a-t-il aucune probabilité de prolonger le délai au-delà du 22 juillet 2014 ? Nous sommes, en fait, limités par les délais fixés par la Constitution. Ce qui rend difficile un prolongement significatif, car la liste des inscrits doit être affichée sur le site et les circonscriptions afin que le citoyen puisse vérifier la fiabilité des listes et son droit en tant qu'électeur pour les recours. Lesquels recours nécessitent un examen en première instance entre les appels. Voilà pourquoi il est difficile de trouver une solution surtout avec des délais incompressibles, et les contraintes légales et juridiques mais on y réfléchit... On pourrait également expliquer la faible affluence pour les inscriptions par la campagne de sensibilisation timorée et le changement de dernière minute pour une entreprise moins disante concernant le budget de cette campagne. N'est-ce pas ? Il est vrai que nous avons été surpris par le coût de 3 milliards de millimes proposé par une première entreprise, ce qui nous a poussés à reprendre la procédure pour un coût de 1,5 milliard de millimes. Cependant, il y a deux éléments importants dans ce sens: d'abord, il faut toujours respecter quelques éléments de base de la passation de ces marchés, ensuite le coût a été l'un des points de discussion pour le choix de l'ampleur de la campagne de sensibilisation. De plus, cette campagne a démarré tardivement et a été limitée côté sensibilisation médiatique, les spots télévisuels coûtant très cher, notamment au mois de Ramadan. Mais on suppose, malgré tout, que le message est passé et que les Tunisiens, dans leur majorité, sont au courant qu'une opération d'inscription des nouveaux électeurs a lieu actuellement. Des membres des Irie (Instance régionale indépendante des élections) sont soupçonnés d'être des partisans de certains partis. Avez-vous statué sur ces cas et quelle décision avez-vous prise ? Nous avons statué sur les dossiers où il y a une forte suspicion de non-indépendance concernant des membres de certaines Irie et nous avons décidé de les éliminer que ce soit ici ou à l'étranger. Nous avons éliminé une bonne vingtaine. Par exemple au Kef, nous avons éliminé tous les membres de l'Irie. Cela dit le choix devient difficile, car il y a un blocage au niveau de la rémunération des membres de l'Irie. Ce qui porte atteinte à la qualité des candidatures. Il n'est pas donc évident d'éliminer puis de remplacer des membres de certaines Irie et les remplacer conformément à la loi. Quelle décision prendrez-vous concernant les listes de candidats ayant obtenu moins de 3% de voix aux élections de 2011 et qui n'ont pas régularisé leur situation ? Tous les membres des listes des candidats ayant obtenu moins de 3% de voix et qui n'ont pas encore remboursé les 50% redevables à l'Etat n'ont pas le droit de se représenter aux prochaines élections. Sans compter qu'ils demeurent redevables à l'Etat de la somme en question. Dix mille signatures sont nécessaires pour le parrainage d'un candidat à l'élection présidentielle. Est-ce pratique ? Le choix du parrainage est discutable mais c'est une loir organique afin de rationaliser le nombre des candidats. En fat, cela ne demande que 500 signatures par gouvernorat. Enfin, pouvez-vous nous fournir le calendrier détaillé de la période électorale ? Contrairement à ce qui a été avancé par certains médias et agences, nous n'avons pas encore fixé le calendrier électoral. Nous avons juste proposé un draft ou brouillon à l'ANC et aux partenaires du Dialogue national afin de fixer les dates des élections, le 26 octobre pour les législatives et le 23 novembre pour la présidentielle, la date du second tour étant flottante. Nous allons, donc, dans les prochains jours fixer définitivement le calendrier électoral et le publier au Journal Officiel. Toutefois, la campagne médiatique préélectorale pour les législatives, elle, a débuté le 6 juillet.