Le dépôt des candidatures aux législatives du 26 octobre prochain a démarré. Après la guerre des listes, place au financement de la campagne électorale dont les protagonistes sont à la recherche, par tous les moyens, de quoi soigner leur image politique. Parallèlement, l'argent politique coule à flots de tous bords, dans l'opacité totale. Et c'est bien là que le contrôle pose sérieusement problème. « I Watch », aux côtés de plusieurs autres associations agissantes dans la société civile, a choisi d'accompagner les joueurs jusqu'au territoire des électeurs, là où chacun doit jouer son va-tout. L'ONG dont la devise est, certes, la vigilance comme, d'ailleurs, l'indique son appellation, a cadré avec l'évènement, en organisant, hier à Tunis, une journée d'information sur « le financement des élections », bête noire de toutes les sensibilités politiques. Achraf Aouadi, président de « I Watch », a commencé par donner un aperçu du déroulement de la période préélectorale. Cela ressemble à un match de foot, qui doit être joué jusqu'à la dernière minute. Entre-temps, le coach a toute la latitude de changer de stratégie et de tactique pour remporter la victoire. Ainsi agit le politique dont l'argent là où il se trouve constitue la règle d'or, voire le baromètre. Pour cette ONG jeune et dynamique, les partis politiques engagés dans la course électorale doivent savoir que la démocratie procède du pouvoir souverain du peuple, et c'est à lui seul de trancher sur ses élus à la future chambre parlementaire. Et les candidats en lice, poursuit-il, doivent, eux aussi, comprendre que la vraie bataille n'est pas celle des capitaux circulant à tort et à travers au grand dam du citoyen, mais bel et bien celle des idées et des programmes au concret. Loin des flux des promesses qui risquent, dès l'accès au pouvoir, de rester lettre morte. Et M. Aouadi de faire remarquer la portée de ces échéances qui se profilent à l'horizon comme un tournant crucial dans l'histoire de la Tunisie nouvelle, celle de la deuxième République. Et c'est pour cela, a-t-il souligné, que l'observation des élections dans toutes leurs phases, plus particulièrement le volet financement, demeure plus qu'un impératif, afin de gagner l'enjeu de la transparence et barrer la route aux fossoyeurs. Et tant mieux, ajoute-il, qu'il y ait une loi organisant le jeu des partis et prohibant tout financement étranger. Mais, malheureusement, ce qui est interdit aux partis ne l'est pas aux associations dont certaines se font écran pour le financement des partis. Le contrôle de leurs revenus relève uniquement des prérogatives de la Cour des comptes. De même pour le financement des campagnes, la mission est officiellement conférée, au-delà de la Cour des comptes, à l'Isie et à la Banque centrale. Mais la société civile sera aussi de la partie. A ce propos, l'association des jeunes « I Watch » a son mot à dire. Elle a mis sur pied un projet pilote de contrôle et d'observation des élections et de suivi de la marche des campagnes des partis. Ce projet a démarré le 11 de ce mois, bien avant le dépôt des candidatures, pour s'achever le jour du silence électoral, soit le 25 octobre prochain. Une quarantaine d'observateurs seront ainsi mobilisés sur le terrain, sur les traces des politiques, gardant un œil sur l'achat des voix et les éventuels abus et les dépassements qui seraient signalés et un autre sur la gestion des financements publics. L'opération couvrira, selon M. Aouadi, les circonscriptions à grande influence partisane, à savoir Tunis, Sfax, Sousse et Gafsa. Ces régions ont aussi une forte présence des représentations de « I Watch ». Sur la même lancée, Yosra Mkaddam, membre de l'ONG et chef du projet d'observation de financement des campagnes électorales, a indiqué qu'environ mille observateurs vont y prendre part. Leur travail consiste essentiellement à élaborer des rapports à travers les informations recueillies et les données chiffrées sur les différentes manifestations médiatiques des partis. Ces rapports, a-t-elle conclu, seront communiqués un mois après les résultats du scrutin.