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«Les priorités du gouvernement tunisien seront la feuille de route de la BEI»
Entretien avec Philippe de Fontaine Vive, Vice-président de la BEI

Philippe De Fontaine Vive, vice-président de la Banque européenne d'investissement (BEI) et patron de la Facilité euroméditerranéenne de l'investissement et du partenariat (Femip), est à Tunis pour participer à la Conférence internationale « Investir en Tunisie : Start-up Democracy ». Il réaffirme ici la volonté de la BEI de soutenir la transition démocratique et économique de la Tunisie, à travers des actions centrées sur la croissance, la création d'emplois, l'appui aux PME. Plusieurs accords de financement entre la Tunisie et la BEI seront signés à l'occasion de la Conférence internationale. Entretien.
Vous avez répondu présent à l'invitation de la Tunisie pour participer à la Conférence des investisseurs. Quelles sont les attentes de la BEI par rapport à cette rencontre ?
Pour que la transition démocratique réussisse, il faut que la transition économique réussisse également. A mon avis, la conférence des investisseurs, « Investir en Tunisie : start-up democracy » marquera le lancement du soutien international au Dialogue national, si réussi, de la Tunisie. Un dialogue qui s'est traduit par un modèle de développement démocratique dans les pays arabes. A l'occasion de cette rencontre de haut niveau, la Banque européenne d'investissement (BEI) apportera un soutien très concret à la transition économique. Car la BEI est, et veut continuer à être, le premier financeur des projets de développement et des projets d'investissement en Tunisie. D'ailleurs, je profiterai de la conférence pour signer de nouveaux projets. Des signatures qui vont nous permettre de dépasser le cap du milliard d'euros de financement depuis la révolution, et de nous classer à un seuil de 500 millions d'euros de financement annuel.
Quels sont les secteurs prioritaires, selon vous, qui pourraient éventuellement booster le développement en Tunisie et que la BEI pourrait financer ?
Il est absolument essentiel que ce soit les Tunisiens - le gouvernement tunisien -, qui dessinent les secteurs prioritaires. Ce n'est pas le rôle des partenaires étrangers, aussi bienveillants soient-ils. C'est aux Tunisiens eux-mêmes de définir leurs propres priorités. D'ailleurs, il est tout à fait remarquable que, dans la documentation établie par le gouvernement tunisien pour la conférence Investir en Tunisie, il y ait non seulement une stratégie et une vision, mais aussi 11 secteurs prioritaires définis, appuyés par une vingtaine de projets très concrets. A mon avis, l'agenda et les priorités du gouvernement tunisien deviennent la feuille de route de la BEI, comme des autres bailleurs de fonds.
Depuis le 14 janvier 2011, vous avez rencontré les chefs de gouvernement successifs en Tunisie pour écouter les Tunisiens et les accompagner dans leur transition. Comment se manifeste le soutien de la BEI à la Tunisie, notamment après le changement de régime ?
Je crois que ce qui est très important, c'est de faciliter d'abord la création d'emplois. Parce qu'il ne peut pas y avoir de transition démocratique s'il n'y a pas une nouvelle prospérité sur le territoire. Une de nos priorités, c'est de financer les PME. Et, pour cela, continuer à financer par des lignes de crédit les capacités des banques tunisiennes, afin qu'elles puissent intervenir. Mais, de plus, nous avons été innovants. En mars dernier, j'ai réussi à réunir, pour la première fois, des partenaires autour de l'idée de lancement de la méso-finance et de la microfinance.
Dans cette conférence, on va pouvoir montrer que, sur les toutes petites entreprises, nous allons être en mesure de lancer un partenariat dans le domaine de la mésofinance, avec le réseau « Entreprendre », qui représente 145 chefs d'entreprise à travers le territoire, et une banque de référence qui a voulu se lancer avant les autres, une banque tuniso-koweitienne. Nous allons également lancer un partenariat dans le domaine de la microfinance. En effet, avec le nouveau cadre juridique, élaboré après la révolution, le partenariat sera réalisé entre une nouvelle institution de micro-finance, qui vient d'être agréée : « DESIRS ». J'espère que d'autres institutions suivront, à l'instar de « Micro-Cred », en cours d'agrément.
Ensuite, il y a tous les sujets qui permettent de préparer les jeunes à l'emploi. En juin dernier, j'ai signé un accord important sur l'éducation dans plusieurs gouvernorats : il permet d'améliorer la qualité de l'éducation pour pouvoir trouver un emploi. Il y a aussi un accord sur l'énergie... Pour que les entreprises puissent fonctionner, pour améliorer les conditions de vie des Tunisiens, il faut de l'électricité plus disponible. Donc, de nouveau, il y aura le financement des champs gaziers tunisiens. Dans ce contexte, la BEI effectue une signature tout à fait novatrice. En effet, pour la première fois, elle financera une entreprise européenne, en l'occurrence autrichienne, « OMV », qui développera les champs gaziers du côté de Nawara, dans l'extrême sud tunisien, pour amener ce gaz jusqu'à Gabès. Il faut qu'à travers l'infrastructure productive, l'énergie, le transport, le renouveau du tourisme, nous soyons en mesure de recréer cette dynamique de l'emploi.
Vous qui êtes un fin connaisseur de la Tunisie, quel regard portez-vous sur la Tunisie d'aujourd'hui ?
Je crois que la Tunisie s'est donné les conditions politiques de son succès. C'est le seul pays arabe qui ait réussi à tirer profit du Printemps arabe pour recréer des institutions totalement nouvelles, totalement démocratiques et consensuelles. Ce qui est en soi très important. Car si vous interrogez les chefs d'entreprise tunisiens comme nous le faisons, la plus grande difficulté c'était l'instabilité politique. Que le cadre politique soit arrêté cela va rassurer aussi bien les investisseurs tunisiens qu'étrangers. Maintenant, il faut que ce succès politique se transforme en succès économique. Pour cela, il est intéressant d'accompagner le dynamisme du gouvernement Mehdi Jomâa, qui a pris les problèmes les uns après les autres, et qui les traite rapidement, avec courage. A nous de faire la même chose.
Pensez-vous que la transition économique de la Tunisie se déroule dans le bon sens et qu'elle permettra au pays de retrouver sa place sur la scène internationale ?
Toute révolution, en même temps qu'elle a des effets politiques très positifs, a des effets économiques à court terme très déstabilisateurs. Partant, au cours des deux dernières années, il y a eu une baisse de l'investissement aussi bien public que privé. Ce qui, par définition, a créé des difficultés qu'il a fallu traiter par recours à l'emprunt public, qui n'est pas soutenable aujourd'hui. Partant, il faut passer le relais du côté de l'investissement public et privé. Quelle serait la place de la Tunisie aujourd'hui ? A mon sens, ça doit être une plateforme moderne dans le Maghreb. Il ne faut pas raisonner seulement à l'échelle du pays, mais plutôt à l'échelle du Maghreb. Dans ce contexte, je suis très heureux de voir, en particulier, une coopération avec l'Algérie sans précédent. ça fait des années que je viens en Tunisie, et c'est la première fois que je vois une coopération aussi forte. Les deux pays ont compris qu'il y avait des enjeux communs et qu'il fallait contribuer à stabiliser les frontières et, autant que possible, stabiliser la Libye. Il y a un enjeu très fort.
Et, du côté européen, il y a la négociation à finaliser d'un accord de libre-échange approfondi avec l'Union européenne, qui constitue un enjeu majeur également. Et, enfin, derniers partenaires : les pays arabes. C'est important de démontrer aujourd'hui, dans le monde arabe, qu'une transformation démocratique, nationale, volontaire, est la meilleure réussite possible. Je crois que le Royaume du Maroc, Bahreïn et d'autres pays en sont convaincus. Leur présence à la conférence est une marque de soutien pour la Tunisie. Je pense que, par rapport aux immenses menaces que représente le « califat » de l'Irak, il y a une success story qui est en train d'émerger, qui est la Tunisie.
Une idée sur l'appui financier de la BEI à la Tunisie depuis la révolution ?
La mobilisation de la BEI en Tunisie, depuis le soulèvement démocratique de janvier 2011, s'est traduite par des financements concrets et adaptés aux défis économiques et sociaux du pays. Une mobilisation de quelque 800 M€ pour la mise en œuvre de projets nouveaux dans les secteurs clefs de l'économie tunisienne tels que l'énergie, les PME, les infrastructures, l'éducation et le logement social. Au cours de son nouveau mandat extérieur 2014-2020, la BEI a mobilisé 9,6 milliards d'euros, axés sur le financement des infrastructures socioéconomiques, l'appui au développement et le financement du secteur privé...
Plus encore, de nouveaux engagements et financements seront signés à l'occasion de la conférence «Investir en Tunisie». C'est une affirmation que la mobilisation de la BEI continue et elle est avant tout concrète, ciblée sur les priorités économiques et de développement du gouvernement tunisien. Objectif : réussir avec les Tunisiens la transition économique de la Tunisie et dans des secteurs clefs tels que l'énergie et les PME. De même, on procédera d'abord à la signature, avec la société autrichienne OMV d'un accord pour le projet Nawara, d'un montant de 230 M€. Cette signature est un signal très positif pour l'investissement en Tunisie. Il s'agit d'une entreprise européenne sur un projet stratégique pour la Tunisie. Cela représente, par ailleurs, un symbole du partenariat euroméditerranéen.
Ce projet d'envergure est crucial pour la Tunisie et est classé d'intérêt national. Il va permettre de constituer un nouveau cordon ombilical de l'économie tunisienne sur le plan énergétique (gazoduc de 370 km de Nawara à Gabès et une centrale de production à Nawara). Projet conçu pour une capacité de 10 millions de m3 jour. Le projet serait mené dans le cadre d'un partenariat entre l'Etap et OMV, une entreprise autrichienne. Ensuite, il y a aussi les engagements et actions vis-à-vis des toutes petites entreprises (TPE) de la microfinance et de la méso-finance. Car la BEI est consciente du rôle clef joué par ce secteur en termes de croissance et d'emploi. C'est pourquoi, un accord de partenariat entre la BEI, la Banque tuniso-koweïtienne et le réseau Entreprendre (regroupant 145 chefs d'entreprise tunisiens (900 en France) sera signé. Objectif : soutenir la création des petites entreprises et TPE en phase de création ou de croissance par prêts d'honneur et coaching individualisé de l'entrepreneur pendant les premières années d'activité.
Enfin, il faudrait rappeler, juste pour mesurer l'intérêt que porte la BEI à la Tunisie, que les financements signés le 19 juin 2014, lors de ma dernière visite en Tunisie, ont été d'un montant global de 170 M€, dont 100 M€ pour les PME. Il s'agit de la 7e opération (PGVI), ligne de crédit en faveur des PME, ce qui représente, depuis 1998, un total d'investissements de 905 M€ (705 M€ entre 1998 et 2007 + la dernière ligne : 200 M€).
Pour rappel, dans la région Méditerranée, depuis 2002, ce sont plus de 2 milliards d'euros que la BEI a investis en faveur des PME qui, d'ailleurs, constituent une priorité de la nouvelle stratégie 2014-2020. A cela s'ajoute un financement de 70 M€ pour la modernisation des établissements scolaires, dont 59 nouvelles constructions et 310 rénovations.
Comme je l'ai signalé précédemment, ce qu'il faut retenir, c'est qu'avec l'accord de financement en faveur de la société autrichienne, la BEI a dépassé le cap du milliard d'euros de financement depuis la révolution, et se classe à un seuil de 500 millions d'euros de financement annuel en faveur de la Tunisie.
La conférence des investisseurs s'ouvre aujourd'hui, à Tunis. Quel message pourriez-vous adresser à la communauté des investisseurs privés et des politiques présents ?
Ayons confiance, et soyons aux côtés du gouvernement tunisien aujourd'hui, en 2014, et au-delà des élections. Parce que c'est une feuille de route, qui est non seulement pour ce gouvernement de transition mais aussi pour les futurs gouvernements démocratiques issus des élections. Nous nous donnons rendez-vous en 2015 pour continuer à accompagner le succès tunisien.


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