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L'été des douches tunisiennes
Songes de nuits d'été
Publié dans La Presse de Tunisie le 10 - 07 - 2010

Nous y voici, enfin. C'est l'été officiel, attesté par les vacances scolaires et l'entrée en vigueur de la séance unique dans les administrations. La météo, elle, on ne sait pas. Elle vogue au gré d'une humeur imprévisible mais tout à fait perceptible à travers ses changements qui nous baladent d'une saison à l'autre. La fraîcheur de la fin de juin, vous trouvez que c'était de mise ? Dans mon enfance — ah ! Voilà — la fin de la saison scolaire correspondait au prélude à la chaleur caniculaire (ou était-ce que la tendre chair de cet âge-là cuisait plus rapidement que les autres aux rayons du soleil chauffant ?). On nous conseillait vivement de nous mouiller les cheveux aux fontaines publiques sur le chemin de l'école, et c'est tout juste si on ne voyait pas des panaches de vapeur d'eau s'élever au-dessus de nos crânes, chemin faisant.
Bref, l'été, c'était l'été ; c'était torride et il fallait y faire face avec les moyens du bord. Car — réveillez-vous !— il n'était pas question de climatisation, alors. Les plus vernis pouvaient, certes, s'offrir un ventilateur, plus ou moins grand, plus ou moins sophistiqué (sur certains, on pouvait régler la vitesse de rotation des pâles !), mais ce luxe était réservé à des happy few et, de toute façon, — vous allez vous en rendre compte — était d'utilité limitée.
Vous rentrez du travail, dégoulinant de sueur, collant de toutes les suies de dégagées par les pots d'échappement de moteurs mal réglés croisés en route. Qu'est-ce que vous faites ? Vous prenez une douche, pardi, même dans le jardin, avec le tuyau d'arrosage s'il le faut. Et voilà que vous évoquez à nouveau l'un des bienfaits de la modernité. A l'époque, l'eau courante à demeure était elle-même un luxe peu partagé.
Dans les maisons traditionnelles, les ressources hydriques consistaient en réserves d'eaux de ruissellement stockées dans des citernes aménagées en sous-sol de la cour, d'eaux des puits creusés dans l'enceinte de la maison. Ces eaux-là étaient réservées aux soins ménagers. Réservée à la boisson, l'eau potable était puisée dans les fontaines publiques, livrée contre espèces sonnantes et trébuchantes par de porteurs d'eau et conservée dans de grandes jarres.
La question est : comment prendre une douche dans ces conditions ? Les plus braves se mettaient en short (au fait, j'ai oublié comment faisait la gent féminine qui, c'est vrai, était généralement cloitrée à la maison et ne s'exposait que fort rarement au soleil, celui-ci, au demeurant, leur étant fortement déconseillé parce qu'il pouvait altérer la laiteuse blancheur de leur peau) ; les plus braves, donc, se mettaient en short dans la cour de la maison, envoyaient chercher l'eau en sous-sol le lourd seau en bois (plus tard, en zinc : c'est plus léger), le ramenaient plein et en déversaient le contenu au-dessus de leur tête. L'eau, d'une fraîcheur tonifiante, ruisselait tout le long de leur corps, l'enveloppant d'une voluptueuse sensation de confort. L'exercice pouvait se répéter autant de fois que les biceps de l'usager pouvaient s'y prêter. Les autres, les douillets, préféraient une eau plus tempérée. Pour cela, ils demandaient à celles qui restaient à la maison de préparer pourleur retour une grande bassine (qaçaâ) remplie d'eau mise à chauffer au soleil durant toute la matinée. Leurs muscles tressaillaient moins au contact de l'eau.
Dans un siècle, plus d'humains!
Les gamins, eux, s'encombraient moins de procédure. Leur villégiature estivale, eux, ils la passaient autour de la fontaine publique dont ils faisaient actionner sans interruption la mannette (un beau pilon en laiton) en la coinçant contre la paroi du goulot dont elle émergeait. C'était la guéguerre permanente avec les adultes qui venaient s'approvisionner en eau potable pour la revendre ou pour leur usage domestique. Ces adultes, qui ne comprennent jamais rien à rien, pestaient sans arrêt contre cette marmaille qui pouvait provoquer la rupture d'un tuyau et faire exploser un jet continu de bonne eau douce et fraîche en pure perte mais autour duquel elle pouvait s'ébattre sans souci ni remords.
Mais revenons aux choses sérieuses et aux avantages comparés du système traditionnel de rafraîchissement et de la ventilation électrique. Nous admettrons sans résistance excessive que le ventilateur peut avoir une action modulable, prolongée et itinérante (d'une pièce à une autre, par exemple). Soit. Mais il agit en surface, pas en profondeur ; une action à fleur de peau en somme. Le puits ou la citerne, c'est autre chose : c'est plus profond. Et pour cause ! Quoi de mieux qu'un fruit bien juteux et bien frais pour à la fois désaltérer et rafraîchir les entrailles. Vous pensez tout de suite au frigo, mais, encore une fois, point d'anachronisme. C'était un luxe rare. Et comment faisait-on alors ? On prenait une bonne pastèque (ou un melon) et on précipitait le fruit par la margelle dans la citerne ou dans le puits. Il y séjournait la matinée ou l'après-midi ; ensuite, on le repêchait en le récupérant dans le seau à puiser l'eau (il y fallait, il est vrai, beaucoup de dextérité). Le résultat vous faisait fondre de plaisir et de bien être. Et l'eau à boire, alors ? On prenait soin d'envelopper la jarre qui contenait le précieux liquide d'une toile de jute trempée dans de l'eau (du puits, par exemple) et on la maintenait à l'abri du soleil. Fraîcheur garantie.
Rétrospectivement, on peut se féliciter des progrès accomplis en matière de confort physique par temps de fortes chaleurs. Oui, mais voilà : il n'y a plus de saisons, comme dit la déjà vieille chanson. Alors, à quoi aura servi ce progrès? Pis, il se trouve des Cassandre pour vous faire croire que ces progrès sont eux-mêmes par leurs effets induits cause du dérèglement du climat. Les aérosols contenus dans maints articles ménagers, les réfrigérateurs, par exemple, contribuent grandement à l'effet de serre, ainsi que les émanations issues de la consommation des combustibles fossiles. Il est même des scientifiques et non des moindres, tel Frank Fenner, professeur émérite de l'Université australienne à l'origine de l'éradication de la variole, pour prédire une disparition très prochaine (dans un siècle !) de la race humaine sous l'effet de ses propres errements écologiques. Du coup, la question se pose : nos aînés, qui recouraient au solaire et à l'isolation ne nous indiquaient-ils pas la voie à suivre pour vivre en symbiose avec son environnement ? A méditer, si nous voulons ménager à notre descendance un coin de planète vivable.


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