Usain Bolt est un homme pressé. A peine arrivé à l'aéroport de Roissy avant-hier, le recordman du monde du 100 m (9''58) s'est rendu directement au siège d'Areva, sponsor principal du meeting de vendredi au Stade de France. Il a profité des embouteillages pour passer commande de nuggets au poulet dans un fastfood. Un an après son triplé aux Mondiaux de Berlin, le Jamaïcain, toujours aussi détendu, a accordé 10 minutes de son précieux temps. Comment vous sentez-vous ? Je soigne encore ma blessure à un tendon d'Achille. Je suis à 80% de mes moyens. Je me sens bien sur 100 m car j'ai notamment pu travailler les départs. Il me faudra encore deux ou trois semaines pour être au top et pour pouvoir recourir le 200 m. Mon objectif est de rester invaincu. Vendredi prochain vous allez affronter votre compatriote Asafa Powel qui détient avec vous la meilleure performance mondiale de la saison (9''82)... J'espère courir en 9''70. Ce sera une grande course car je sais qu'Asafa est prêt. On s'est croisé à Lausanne vendredi dernier mais on a surtout parlé football. Avez-vous regardé la finale de la Coupe du monde ? Oui et ça m'a plu même si j'aurais aimé voir plus de buts. Je suis content pour l'Espagne mais j'étais davantage supporter des Pays-Bas. En Jamaïque, personne ne les soutient, alors je voulais les supporter. Mon rêve aurait été que l'Argentine soit championne du monde. Vous êtes invaincu depuis 2008. Quelqu'un pourra-t-il vous rebattre un jour ? Si un jour on doit me battre, ce sera plus cette année car c'est une saison particulière sans championnat et donc avec un travail moins important. Mais je ne laisserai jamais personne me battre. Vous êtes triple champion du monde et triple champion olympique. A quoi pouvez-vous encore prétendre ? Mon grand défi consiste à conserver tous mes titres aux Mondiaux de 2011 et aux Jeux Olympiques de 2012. Après, il n'y aura effectivement plus rien d'autre à faire. Si ce n'est à entrer un peu plus dans l'histoire en vous alignant sur le 400 m ou la longueur... Ce serait quelque chose d'intéressant. Mais si je devais choisir entre les deux épreuves, je prendrais sans doute la longueur car c'est moins contraignant que le 400 m. Avez-vous conscience d'avoir révolutionné l'athlétisme mondial ? Aujourd'hui, les athlètes sont plus détendus qu'avant. J'ai l'impression qu'ils prennent plus de plaisir. Vous avez aussi rendu la Jamaïque célèbre... Grâce à tous les articles sur moi, on parle beaucoup de la Jamaïque. Les gens peuvent désormais la placer sur une carte. C'est une toute petite île. Elle a surtout été rendue célèbre par Bob Marley. Chez nous, tout le monde aime Bob Marley. Est-ce que tout le monde aime aussi Usain Bolt ? On ne peut jamais faire l'unanimité. Je pense que la majorité des Jamaïcains m'aime bien. Quel est votre quotidien ? C'est le même qu'avant tous mes titres. Je me lève pour m'entraîner. Je regarde la télévision, j'écoute de la musique, je me détends. L'après-midi soit je me réentraîne, soit je regarde un film. Vous êtes passionné de musique. Il vous arrive souvent de jouer les DJ... A Kingston, beaucoup de gens mixent. Je m'y suis essayé et ça m'a vraiment plu. C'est comme ça que j'avais fêté mes médailles mondiales à Berlin. C'était dans une petite salle, les gens ne connaissaient pas forcément la musique jamaicaine. J'avais ramené des CD et je me suis mis aux platines. Ça a duré toute la nuit, j'étais fatigué mais je me suis éclaté ! On raconte que vous aimez beaucoup les nuggets de poulet. Est-ce une légende ? Le mythe est né aux Jeux Olympiques de Pékin. J'avais tellement peur de tomber malade à cause de la nourriture que je mangeais souvent au fast food, même à la veille de mes courses. Mais j'aimais déjà beaucoup les nuggets avant ! Allez-vous profiter de votre séjour à Paris pour vous amuser ? Paris est la capitale mondiale du shopping, alors je suis pressé d'aller faire les magasins !