Alors que le président de l'Instance supérieure indépendante des élections (Isie), Chafik Sarsar, assurait hier l'absence d'infractions majeures, les observateurs de la société civile et autres acteurs chargés de veiller sur le scrutin ont affirmé que des dépassements graves et des infractions en tous genres ont été observés lors de l'élection présidentielle... Les conférences et les communiqués se sont succédé hier depuis la matinée pour donner un aperçu sur le déroulement du vote partout dans le pays et dans les centres de vote à l'étranger. La tendance à dénoncer les dépassements et les infractions s'est accentuée avec l'ébruitement des premières estimations des résultats du vote à travers les sondages à la sortie des urnes. C'est dans ce sillage que le président de campagne du candidat Moncef Marzouki, Adnène Mansar, a indiqué, hier soir, lors d'une conférence de presse, que plusieurs dépassements graves ont été enregistrés. Il a affirmé qu'une imprimerie du quartier de la banlieue nord, Le Kram, a procédé hier à l'impression de plusieurs centaines d'exemplaires du bulletin de vote... Plus grave que cela, le président de l'Association tunisienne pour l'intégrité et la démocratie des élections (Atide), Moez Bouraoui, et le coordinateur du projet de l'observation de l'élection présidentielle pour l'association « I Watch », Achraf Aouadi, ont indiqué que plusieurs formes de violence politique ont été constatées lors de la journée d'hier, et ce, non seulement entre certains représentants de candidats mais aussi à travers l'implication de certains membres et chefs de bureaux de vote qui voulaient influencer les électeurs ou qui ont entravé le travail des observateurs des associations de la société civile accrédités pourtant par l'Isie. A l'intérieur de certains bureaux, des militants de partis ont échangé des accusations et en sont même arrivés aux mains. Des observateurs de l'Atide, I Watch, Mourakiboun et autres associations ont été même interdits d'entrer dans les centres de vote, entre autres à Béja, Nefza et Testour. Tension et agressions Provocations, intimidations et agressions verbales et physiques ont été observées dans plusieurs circonscriptions à l'encontre des observateurs par certains sympathisants de candidats qui cherchaient à influencer les électeurs dans les alentours des centres de vote mais aussi au sein même des espaces de ces centres. Une violence qui a ciblé aussi les journalistes qui couvraient les échauffourées entre les représentants des candidats... Encore plus grave, Achraf Aouadi affirme que la falsification de pièces d'identité est l'une des infractions observées. Le silence électoral, lui aussi, n'a pas été respecté hier par la majorité des candidats, ce que Moez Bouraoui a souligné, tout en s'indignant de l'exploitation d'enfants dans la distribution des manifestes de campagne à La Manouba, Kélibia ou encore Siliana. L'ambiance était tendue dans plusieurs centres de vote et l'Isie a procédé au remplacement de deux chefs de bureaux dont celui de la cité Ennour à Gafsa. Certes, l'Isie a été plus réactive quant aux plaintes des observateurs mais les choses ont dépassé le seuil du supportable dans plusieurs bureaux où la tension a prédominé. Les forces de l'ordre ont dû intervenir à maintes reprises pour remettre de l'ordre dans certains bureaux. A l'Ariana, la présidente du centre de vote de Farhat Hached a expulsé le représentant d'un candidat qui a perturbé le déroulement du vote. D'autres infractions, à l'instar de la promotion des candidats aux alentours des centres de vote et autres dépassements au code électoral, ont été aussi enregistrées presque partout. Côté logistique, l'absence d'affichage des listes des électeurs et le défaut de certains moyens logistiques, dont l'encre, ont été les principaux hics, notamment dans les centres de vote à l'étranger. La journée n'a pas été facile ni pour les agents des Irie ni pour les observateurs, ni pour les journalistes...