Les habitants de la ville de Monastir ont commencé hier matin, à partir de 8 heures, à affluer en grand nombre vers les bureaux de vote. Une ambiance joyeuse et gaie, malgré le brouillard qui a marqué la journée d'hier Les écoles primaires se sont préparées à cette occasion. Les observateurs, les membres des bureaux de vote, les agents de sécurité se sont mis au travail, de bonne heure, pour le bon déroulement du vote. Lors de notre visite dans plusieurs écoles au centre-ville, nous avons rencontré des citoyens qui, motivés par leur devoir envers le pays, se trouvaient devant les bureaux à faire la queue, attendant leur tour. Faten, fonctionnaire, 50 ans, accompagnée par sa fille âgée de 19 ans, s'est rendue tôt le matin au bureau de vote qui se trouve juste à côté de leur maison « Je suis allée tôt ce matin pour voter. Idem pour ma fille, qui est du même avis que moi : dans l'espoir de changer l'avenir de la Tunisie, vers le meilleur évidemment, nous votons un homme digne de confiance». Dans une autre école, les portes ont été ouvertes depuis neuf heures du matin. Nous avons remarqué une grande affluence des habitants de tout âge : des femmes au foyer, des étudiants et autres, en groupe, en famille ou en duo répondaient à l'appel de la Tunisie et se mobilisaient pour accomplir leur devoir « sacré » et comme il faisait beau, les jeunes couples, les enfants et les amis profitaient de l'occasion pour sortir s'oxygéner le cerveau et discuter politique et votes autour d'un café. L'accueil est chaleureux Mouna et Seïf, un jeune couple, nous ont expliqué qu'ils ont voté pour avoir une Tunisie à leur image, une Tunisie moderne qui respecte entre autres les droits de la femme. Un autre homme, la cinquantaine, rencontré à l'école primaire du 1er Juin, a jugé quant à lui qu'il fallait voter pour le meilleur candidat, capable de faire régner la stabilité et la sécurité dans le pays». «L'avenir du pays m'est très important, c'est primordial pour moi, je suis encore jeune et je voudrais vivre dans des conditions meilleures que celle-ci. Mon seul souci, c'est l'avenir. Il y a des candidats que je ne vois pas comme président !», nous a confié Asma, 19 ans à la sortie du bureau de vote de la même école primaire. Un certain enthousiasme se dégage chez les observateurs et responsables des bureaux qui ont accompli leur rôle convenablement : devant l'école primaire Abdallah-Ezzanned, les hommes et les femmes s'adressaient aux bureaux munis de leurs cartes d'identité : un accueil chaleureux, des responsables de bureaux de vote souriants, serviables et prêts à donner toutes les informations nécessaires afin de faciliter la tâche aux citoyens. Malgré tous ces efforts, un problème subsiste: celui des handicapés, des malvoyants en particulier, qui n'ont pas pu exprimer leur choix. La dernière fois d'ailleurs, lors des législatives, Mme Saida, septuagénaire, souffrant d'une maladie chronique aux yeux, a raté son vote. Les responsables des bureaux de vote lui ont interdit de se faire accompagner dans l'isoloir sous prétexte qu'elle est dépourvue d'une carte de handicapé. Ce problème méritait pourtant une solution ! Signes de vie et signes d'indifférence Au cours de cette journée, quelques voitures passaient en klaxonnant, célébrant dans la joie cette journée particulière, les passagers, des enfants en particulier, portaient des drapeaux à la main... Malgré toute cette ambiance qui imprégnait la ville de dynamisme et d'animation, depuis la matinée, nous avons croisé parmi les habitants de la ville de Monastir ceux qui n'ont donné aucune importance à cette journée. Amira, âgée de 30 ans, n'est pas allée voter. Elle a refusé de voter parce qu'elle est convaincue que personne ne mérite sa voix. Elle s'est abstenue parce qu'elle est désintéressée de la politique et des politiciens, nous a–t-elle déclaré. Idem pour sa camarade Sihem, qui refuse le principe de vote depuis l'année 2011 et n'a pas changé d'avis. Elle est d'ailleurs sortie, avec sa copine Amira, pour rejoindre d'autres amies et faire des courses ensemble.