Après ces temps de vaches maigres, le renforcement de l'intégration économique avec les partenaires commerciaux privilégiés s'avère l'une des stratégies appropriées pour garantir une relance de la croissance. Dans ce cadre, un accord a été signé récemment, entre la Tunisie et la France, pour une coopération industrielle. «Ce n'est certainement pas une limitation, c'est plutôt un cadre de référence qui fixe les grandes lignes de la coopération», a déclaré le ministre chargé de l'industrie M. Christian Estrosi, lors de sa dérnière visite en Tunisie. Une visite qui a été effectuée à bord d'un avion de la marque Airbus, nommé Habib Bourguiba et dont les composantes ont été fabriquées en Tunisie. C'est bien là une illustration de la stratégie gagnant-gagnant entre les deux nations. Travailler tout le temps ensemble n'est pas nouveau, il s'agit par contre, de penser à compléter les travaux antérieurs. A cet égard, le bilan des réalisations entre les deux riverains, les enjeux et les perspectives du partenariat sont toujours au menu des débats bilatéraux. Une publication de l'ambassade de France en Tunisie nous a été communiquée lors de la cérémonie de signature de ce nouvel accord de coopération dans le domaine industriel. Commerce bilatéral La France est le premier partenaire commercial de la Tunisie. D'après les chiffres de la publication, 29.6% des exportations tunisiennes sont destinées au marché français en 2009, et de telles réalisations lui confèrent la place de premier client. Pour la même période, la France demeure le premier fournisseur avec une part de marché de 20.1%. Les échanges bilatéraux ont affiché un pic entre 2006 et 2007. En effet, le bond très important est expliqué par deux facteurs. D'abord, l'augmentation de la production pétrolière et la hausse des cours de ces produits ont dopé les exportations tunisiennes vers la France qui s'illustre en tant que premier importateur de ces énergies fossiles. Ensuite, l'essor des investissements français directs en Tunisie dans les secteurs manufacturiers off-shore (textile habillement, filière mécanique, électrique et électronique) dont la production est exportée en France. Toujours d'après les dernières statistiques communiquées, l'avènement de la crise économique a altéré cette tendance favorable pour l'économie tunisienne. D'ailleurs, les recettes de l'exportation des hydrocarbures ont fléchi suite à la baisse de leurs prix. De même, on a assisté à un ralentissement de l'activité industrielle en Tunisie dans les filières exportatrices dépendantes totalement de la demande européenne. Décidément, la baisse de la demande sur les marchés du Vieux Continent et surtout du marché français a freiné en partie le développement du tissu manufacturier. On apprend qu'entre 2008 et 2009 les importations françaises ont diminué de 18.7% ce qui s'est traduit par un rééquilibre de la balance commerciale française. Les échanges commerciaux entre les deux pays se sont développés autour de deux régimes. Les résultats dégagés sont assez différents selon qu'il s'agisse du régime off-shore ou du régime général. Pour le premier, les flux off-shore se sont développés dans les filières exportatrices dans le cadre d'opérations de sous- traitance, parfois au sein d'un même groupe (les trois quart des achats français réalisés en Tunisie relèvent de ce régime douanier). Selon leurs niveaux d'internationalisation et leurs activités, les entreprises procèdent à des stratégies différentes. De la recherche d'un sous-traitant à la commande, à l'implantation d'une filiale du groupe responsable d'une partie de la production, toutes les formes sont présentes. Ces échanges du secteur off-shore sont structurellement avantageux pour l'économie tunisienne et la poursuite des investissements renforce chaque année la valeur du solde positif. Le rapport mentionne qu'en 2008 la France a absorbé 37% de la production off-shore tunisienne. Pour les produits relevant du régime général, en 2009 les exportations françaises d'automobiles et des produits pharmaceutiques ont enregistré des progressions notables. Malgré la compétitivité de certains produits tunisiens sur le marché français, les termes de l'échange demeurent en faveur de la France. Investissements directs français En ce qui concerne les investissements directs étrangers (IDE), les flux ont été considérés comme record pour 2008, avec 300 millions d'euros. La France est historiquement l'un des tous premiers investisseurs étrangers, elle se place au premier rang par le nombre d'entreprises établies en Tunisie et par le nombre d'emplois créés. Un résultat qui s'explique par le succès d'entreprises françaises dans le cadre des privatisations ce qui est dû principalement aux investissements réalisés dans les services financiers : acquisition par le groupe Caisse d'épargne de la part de la Tunisie dans le capital de la BTK( Banque tuniso-koweitienne), acquisition de 35% de la compagnie d'assurance STAR par l'assureur français GROUPAMA, participation de la société générale à l'augmentation du capital liée à la restructuration de l'Union internationale de banque(UIB). En 2009, l'acquisition par France télécom avec un opérateur local (DIVONA) de la troisième licence téléphonique mobile et la deuxième licence téléphonique fixe a constitué le fait marquant de la scène économique tunisienne. Les investisseurs français sont de plus en plus présents dans tous les domaines d'activité. Traditionnellement concentrés dans le secteur du textile et de l'habillement, les investissements se sont développés au cours des dernières années dans les industries mécaniques, électriques et électroniques, plus récemment encore dans la plasturgie et le secteur aéronautique. Le projet phare d'Aerolia est une belle illustration. On s'attend pour un avenir proche à des partenariats dans divers secteurs, à savoir l'agroalimentaire, les TIC, les services de santé… Le positionnement distinctif par rapport à l'Asie, la valeur des ressources humaines de la place, le renchérissement des pays de l'Est ont fait de la Tunisie une destination très attrayante pour les entreprises françaises. Avec 1.200 firmes établies, c'est le régime off shore qui assure la majorité des implantations. Cette affluence des capitaux a contribué à créer environ 106.000 emplois directs. L'étude a mentionné encore que 75 entreprises françaises se sont implantées en Tunisie durant l'année 2009. Outre la présence française dans l'industrie manufacturière (confection, IME, aéronautique…) et dans les services, traditionnellement limitée au tourisme (Fram, Club Med, Accor) et aux établissements bancaires( BNP-Parisbas, Société Générale…), tant d'entreprises ont depuis peu lancé, en parallèle de leurs activités centrales, des bureaux d'ingeniering et de conception.