Dans un entretien accordé hier à Al Watania 1, le président de la République, Béji Caïd Essebsi, a évoqué et donné son avis sur plusieurs dossiers, notamment ceux relatifs aux incidents qui secouent les régions du sud, plus particulièrement à Dhehiba, la formation du nouveau gouvernement de Habib Essid, la participation du mouvement Ennahdha au gouvernement, les distorsions au sein de Nida Tounes et l'affaire des assassinats politiques en Tunisie. En ce qui concerne les troubles observées depuis quelques jours dans les régions du sud, Essebsi considère que ces manifestations n'auraient pa dû avoir lieu si le dialogue et la concertation étaient de mise" Les manifestants auraient pu éviter ces émeutes, qui ont causé la mort d'un jeune citoyen, s'ils ont consulté le programme électoral de Nida Tounes où on a suggéré l'annulation de cette taxe d'entrée. Ces incidents ne peuvent pas être négligé. C'est un indicateur qui impose la nécessité d'accélérer la mise en place des réformes. C'est la mission confiée au nouveau gouvernement engagé à intégrer toutes les régions enclavées dans le circuit économique". Essebsi précise dans le même contexte que le nouveau gouvernement ainsi que le président de la République ont des engagements, des promesses qu'ils doivent tenir et des solutions urgentes à trouver." Malheureusement, ces incidents imprévus sont survenus le premier jour de la prise de fonction du gouvernement". Le choix d'Essid est judicieux Revenant sur le choix de Habib Essid en tant que Chef du gouvernement, Essebsi estime qu'il est pertinent et qu'il émane d'une conviction profonde et à bon escient, des cadres de Nida Tounes. "Ceux qui sont contre ce choix n'ont rien compris", a-il confié. Et d'ajouter que le gouvernement ne doit pas être celui de Nida Tounes parce qu'il n'est pas majoritaire, d'où la nécessité de faire participer les partis ayant plus de sièges que les autres au parlement, Ennahdha, l'UPL et Afek Tounes dans le but d'obtenir une majorité confortable. Néanmoins, Essebsi devait préciser que la participation d'Ennahdha au gouvernement, ne signifie pas une éventuelle coalition avec ce parti. "Ils ne sont pas nos alliés, mais on doit opérer conjointement". A propos des distorsions au sein de Nida Tounes, le président de la République affirme que le parti n'a que deux ans d'existence, mais " je suis certain qu'il se rétablira et que les différends seront absorbés". Sortir de la crise à rythme ascendant La stabilité, l'attraction des investissements, la lutte contre le chômage et l'éradication des poches de pauvreté, le développement régional..., tels sont les priorités du nouveau gouvernement qui affronte et affrontera pour quelque temps encore, une situation ardue. " Ce qui s'est passé à Dhehiba est un indicateur significatif qu'on doit prendre en considération. Le gouvernement doit accélérer les réformes. Il faut atteindre un taux de croissance aux alentours de 7% pour franchir le cap et surmonter les difficultés". Essebsi a indiqué, par ailleurs, que ses prérogatives ne lui permettent pas d'intervenir dans les affaires du gouvernement, mais il demeurera garant du bon déroulement des institutions de l'Etat. Et de confier, " le gouvernement avec ce qu'il va affronter comme problèmes, danger et absence de consensus, aura besoin également du quartet, comme cadre consultatif". La vérité des assassinats politiques: un engagement personnel Le dossier brûlant, latent des assassinats des martyrs chokri Belaid, Mohamed Brahmi ainsi que ceux de l'institution militaire et sécuritaire, demeure entre les mains d'Essebsi qui promet encore et toujours de dévoiler toute la vérité,." C'est un engagement personnel, je considère que je n'ai pas encore accompli mon devoir si je ne dévoile pas la vérité. J'ai demandé au Chef de gouvernement d'accorder une importance particulière à ce dossier et d'accélérer l'enquête". En ce qui concerne le dossier des blessés de la révolution, ce sont les tribunaux militaires qui s'en occupent, " c'est une loi que je ne peux pas changer et qui doit être appliquée. Avec la création d'un secrétariat chargé des blessés et des martyrs de la révolution, je pense que la jeune Majdouline Charni, qui est à la tête de ce département, sera capable avec l'appui du Chef du gouvernement et moi même ( moralement), de faire avancer l'enquête". Relations internationales: retour aux fondamentaux La politique étrangère n'est pas des moindres dans les priorités de Béji Caïd Essebsi qui envisage le rétablissement des fondamentaux et les constantes d'une politique étrangère exceptionnelle. La Tunisie doit redorer l'image de ses relations internationales, essentiellement avec le Maghreb arabe et l'Afrique, ainsi que l'Europe notre partenaire privilégié et le reste du monde arabe. A propos de la crise libyenne, Essebsi a affirmé que ce pays voisin est menacé d'un danger étranger. La solution réside en l'élaboration d'un accord commun entre les pays de la région: l'Egypte, l'Algérie, le Mali, le Niger, le Tchad et notamment la Tunisie, pour faire sortir la Libye de cette crise, " mais, la solution devrait venir du peuple libyen lui-même".