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Une promesse en héritage
Les rêves de la mémoire
Publié dans La Presse de Tunisie le 13 - 02 - 2015


Par Raouf SEDDIK
Poursuivons notre chemin sur ces considérations très inactuelles - du moins en apparence —, en tenant ferme le fil qui, comme pour Ariane, permet de naviguer à travers le dédale...
La mémoire d'une harmonie universelle, qu'évoque de façon allégorique la danse des étoiles dans le firmament, ne fait pas assez rêver les hommes dans les villes et les campagnes. Cette mémoire de sages, qui fut celle d'un Pythagore en Grèce avant d'être, à Rome, celle des philosophes stoïciens, est trop désincarnée. Trop cérébrale. Trop mathématique.
Un tel constat, c'est sans doute celui qui a été fait par les intellectuels et autres éminences grises de l'Empire romain dès le second siècle. Ils voyaient devant eux s'éroder l'autorité de la religion impériale — un syncrétisme d'inspiration stoïcienne — au profit des religions locales. Et , dans le même temps, ils observaient avec curiosité les progrès que réalisait parmi les populations une nouvelle religion, issue du judaïsme, que la dureté des persécutions ne parvenait pas à stopper dans ses avancées.
C'est sans doute à l'instigation de ces gens que l'empereur Constantin décide un jour de faire basculer la religion romaine dans le christianisme. Nous sommes alors au début du IVe siècle. Il s'agit de récupérer pour soi une capacité de rassembler et de tenir ensemble qu'à l'évidence la religion romaine a perdue.
En héritiers lointains du patriarche Abraham, les Chrétiens sont porteurs d'une mémoire qui est mémoire d'une promesse. Même si cette promesse connaît une évolution dans sa définition, on peut considérer qu'elle dégage la signification d'une vie éternelle par-delà la mort. L'évangéliste Jean l'évoque d'une façon intéressante en parlant de «Jérusalem céleste»... Cette dénomination fait la jonction, en quelque sorte, entre la rhétorique de la diaspora juive qui, depuis la destruction du Temple de Salomon en l'an 70, tend à appréhender la promesse en tant que retour à une terre et, d'un autre côté, la rhétorique romaine qui, conformément à la philosophie stoïcienne, place le point d'ancrage de l'unité des hommes, à travers leur diversité culturelle, dans l'harmonie du ciel.
Mais il y a quelque chose de plus dans cette notion de «Jérusalem céleste». La vie éternelle à laquelle elle renvoie ne rejoint pas le thème platonicien de l'immortalité de l'âme. S'y exprime l'idée d'une communion universelle des hommes, de tous les hommes, en Dieu, comme horizon ultime et invisible de nos existences mortelles. Et s'y trouvent présentes deux dimensions apparemment contradictoires : celle du retour et celle de la conquête... Retour à une patrie perdue et conquête d'un lieu céleste où s'accomplit la réconciliation de tous les hommes.
Il n'y a pas de doute que, à partir du moment où l'empire romain va se persuader que cette nouvelle religion fait son affaire, il va tenter de la réquisitionner et de l'accommoder à ses besoins. Quitte peut-être à en modifier le contenu sur tel ou tel point. En accentuant par exemple le thème de la félicité dans le paradis pour les fidèles et de la souffrance dans les brasiers de l'enfer pour les infidèles, dans un souci d'homogénéisation de la société... Il est assez probable que les représentants de cette religion aient accepté de jouer le jeu de cette instrumentalisation politique, considérant les avantages qu'ils pouvaient en recueillir. Car il faut bien se rendre compte que ce thème particulier de l'enfer et du paradis est marginal dans la religion juive et que, d'autre part, il est plutôt étranger à l'enseignement de Jésus tel qu'on le trouve dans les différents évangiles. Ce qui laisse donc penser qu'il correspond davantage à une innovation plus ou moins tardive des théologiens de l'Eglise, soit qu'ils l'aient introduite à contrecœur sous la pression des tenants de l'autorité impériale, soit qu'ils aient jugée de leur propre chef qu'elle s'inscrivait dans le prolongement naturel du message chrétien... Soit, enfin, qu'ils aient joué sur ce qu'ils estimaient être une plasticité du message, dans sa relation avec la sphère politique et ses exigences.
A vrai dire, au-delà des arrangements qui pourront exister entre l'Empire et l'Eglise, il y aura surtout des tensions, tout au long des siècles... Il n'en reste pas moins que l'entrée en scène du thème de la «Jérusalem céleste» dans la vie des sujets de l'empire va bouleverser leur relation à la mémoire, à la fois en tant que communauté politico-religieuse et en tant qu'individus. Car tel est le phénomène majeur qui se produit : dès que se trouve affirmée l'universalité de la société et sa fondamentale communauté de destin, se trouve également affirmée l'absolue singularité de chaque individu, par-delà les différences d'origine et la diversité des provenances. Désormais, chacun porte une mémoire bien à lui, dont la préservation lui incombe. Chacun, à partir de là, va pouvoir se lancer à la recherche d'une patrie perdue, d'un Eden secret tapi au creux de son passé. Mais aussi, par une sorte de mémoire du futur, chacun va être à la recherche d'une communauté réunie en Dieu telle qu'elle se profile à l'horizon, et dont la nouvelle serait déposée au cœur de tout fidèle. L'expérience même de l'amour n'en sortira pas indemne : elle scelle l'union de deux mémoires et pose les bases de leur célébration réciproque.


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