L'Orchestre de chambre de Sfax, dirigé par Dr. Andreea Cionenchi Grigoras, s'est produit, jeudi dernier, au Palais d'Ennejma Ezzahra «Les classique d'Ennejma Ezzahra», organisé par le Centre des musiques arabes et méditerranéennes en partenariat avec l'institut français en Tunisie, est un mini- festival autour de la musique classique européenne et dont le programme comporte trois concerts assurés par des musiciens adulés, tunisiens et étrangers. Il s'inscrit dans le cadre de la nouvelle programmation initiée par le Centre des musiques arabes et méditerranéennes depuis quelques mois, consistant à proposer chaque mois un mini-festival à thème, afin de répondre aux goûts les plus aiguisés des mélomanes. Après un beau concert inaugural autour de la thématique «Musique à Venise en 1700 entre Orient et Occident» interprété par la troupe tunisienne «Watarayet» en compagnie de trois solistes français: Cécile Desier, Julien Hervé et Hugh Sandilands sous la direction du chef Nasri Gmach, le deuxième concert fut consacré à l'incontournable Orchestre de chambre de Sfax, dirigé par Dr Andreea Cionenchi Grigoras avec, au premier violon (soliste), le Dr.Bogdan Grigoras. Un Concert chambriste porté aux sommets, sous les effets combinés d'une belle ambiance de confiance et de convivialité entre jeunes talents tunisiens et leur maestro qui a su donner une âme et un ton à cet ensemble d'individualités contrastées. Echafauchée sur un programme éclectique autour des écritures des XIXe et XXe siècles et puisant dans des pages d'or du répertoire classique et contemporain européen et tunisien, la soirée s'ouvre sur la Suite pour Cordes du compositeur anglais Henry Purcell. Andrea Grigorias y fait entendre un archet à la fois ferme et élégant, nous faisant découvrir une magnifique composition dont la lecture sonne comme une délicate cantilène et dont le finale dégage une belle énergie. Puis arrive le célébrissime Adagio d'Albinoni ouvrant un indicible moment de contemplation que l'Orchestre de chambre, d'une perfection sur le plan instrumental, de la ligne et de la dynamique, ne pouvait que séduire l'assistance, malheureusement peu nombreuse ce soir-là ! La composition qui suit, après, fait presque figure de divertissement, légère, gaie, entraînante, il s'agit de la Polka Pizzicato de Johann et Joseph Strauss, qui fait partie de l'ensemble des polkas autrichiennes et qui a été composée en 1869. Elle couronne en beauté cette première partie classique. Puis, on a eu droit à une somptueuse suite de musiques traditionnelles tunisiennes de Hédi Jouini, telles que : «Laou Kan Ennar» et «Ya Laymi Ala Zin», arrangées par Youssef Brini, ainsi que la fameuse «Lamouni Illi Gharou Minni». S'ensuit, le chef d'œuvre de Johannes Brahms «Hungarische Tanze N° 5» où le dialogue entre les cordes et le piano interprété avec brio par Chady Dammak est d'une surprenante fraîcheur et permet surtout, plus qu'il ne laisse, des mélodies ou des phrases s'incruster dans la mémoire, de créer d'étonnants et savoureux contrastes. D'autant plus que la concentration extrême, la parfaite osmose entre les instrumentistes, a pleinement révélé l'œuvre dont la souplesse dit le tout et son contraire, unissant joie et gravité, recueillement et fantaisie. Le public a été conquis par l'échange en forme de dialogue piano-orchestre également dans les œuvres qui s'ensuivent : «Dance of Fire» de la chanteuse et pianiste de jazz azérie Aziza Mustafa Zadeh. De la musique menée avec une grande subtilité par le pianiste et le chef jusqu'aux derniers airs enflammés qui bouclent cette composition, avant de conclure avec la grande pureté des lignes mélodiques de «Voix de Printemps» de Johann Strauss II où tout au long de l'œuvre, l'équilibre était précis, clair et d'une grande majesté de forme. Rappelons que la clôture du mini-festival aura lieu le 21 mars avec le dernier concert du mois qui sera donné par un groupe de jeunes musiciens «Quatuor Cadences», dirigé par Farouk Shabou.