La stratégie 2015-2019 repose sur trois axes : la mise à niveau des infrastructures agricoles, le développement de l'agrobusiness et la promotion de la résilience et la gestion durable des ressources naturelles. Passer d'une agriculture de subsistance à une agriculture orientée au marché. C'est l'un des objectifs de la stratégie de la Banque Africaine de Développement (BAD) pour l'agriculture et l'agroalimentaire durant la période 2015-2019. Cette nouvelle stratégie a été détaillée par un expert de la BAD, lors d'un atelier organisé à Tunis, qui s'inscrit dans le cadre d'une série de consultations dans plusieurs pays membres. Parmi ces pays, la Tunisie figure avec ceux qui ont réussi ce passage depuis belle lurette et dont les avis de ses opérateurs, publics et privés, pourraient engager de profondes réflexions et enrichir, de surcroît, la nouvelle stratégie de la banque de développement. Depuis l'approbation en 2010 de la dernière stratégie, le secteur agricole a «profondément» évolué. De nouveaux acteurs, des aléas climatiques, de nouveaux régimes de commerce et bien d'autres éléments ont été énumérés par Carlos Mollinedo, spécialiste en chef du Département de stratégie et politique de la Banque pour illustrer «la mutation du paysage africain». Et pour amorcer une transformation du secteur agricole dans toutes les régions du continent, la BAD mise sur la promotion des bourses de marchandises et de produits agricoles, la facilitation de l'accès aux marchés, la réforme des politiques foncières, l'égalité-genre et le renforcement des capacités des jeunes, relève-t-il. Cette stratégie, explique le conférencier en défilant les slides, repose sur trois axes : la mise à niveau des infrastructures agricoles, le développement de l'agrobusiness et la promotion de la résilience et la gestion durable des ressources naturelles. Pour le premier axe, la BAD envisage de fournir des aides aux PME en vue de développer leurs réseaux d'infrastructures agricoles, à l'instar de l'électrification rurale, l'irrigation, la gestion des eaux ainsi que l'exploitation des systèmes informatiques. Ces efforts s'inscrivent dans la même lignée que ceux consentis lors la stratégie mise en œuvre en 2010, qui avait permis d'étendre 230 mille kilomètres de routes rurales et de faciliter l'accès de 1.5 million de fermiers aux technologies agricoles. Le deuxième axe annonce la couleur de la nouvelle stratégie en visant la réorientation des exploitations agricoles vers une optique commerciale. Pour ce faire, la Banque africaine table sur le développement des chaînes de valeurs des filières de l'industrie agroalimentaire, l'adoption de mesures stimulant le commerce des produits agricoles ainsi que le développement des technologies à moindre coût en vue de favoriser une première transformation de la production agricole. Le dernier axe porte sur la résilience de la gestion durable des ressources naturelles, notamment la maîtrise de l'impact des exploitations agricoles sur l'environnement. Pour ce qui est de la mise en œuvre de ladite stratégie, l'expert de la BAD appelle à la consolidation du concept de «la seule banque» et à mobiliser des ressources additionnelles ainsi qu'à la formation «d'un pôle d'experts». Toujours pour la mise en œuvre de la stratégie, le spécialiste plaide en faveur de l'adaptation des opérations aux spécificités des régions. «Diversifier les approches», dit-il. La prise en considération des spécificités régionales sera bien visible dans les critères d'éligibilité aux instruments financiers qui seront conçus par les professionnels de la Banque.