«L'ULP se porte bien. Nous nous sommes entendus sur tous les problèmes évoqués», claironnait mardi, Béji Caïd Essebsi, au sortir de la réunion des dirigeants des cinq partis de l'Union Pour la Tunisie. Moins de 24 heures plus tard, le directeur exécutif du Parti Républicain, Yacine Brahim lui a apporté un cinglant démenti en affirmant sans détour dans une interview au journal El Maghreb, que «Néjib Chabbi est un meilleur candidat que Béji Caïd Essebsi pour la présidence de la république». Pourtant, la conférence de mardi avait décidé de faire l'impasse sur cette question. «Elle sera discutée en temps opportun» a indiqué le secrétaire général de Nidaa Tounès, Taïeb Baccouche. Extraits de cette interview : Quel est le candidat que vous considérez comme le mieux placé au sein de l'UPL (pour la présidence de la république)? Personnellement, je considère que Néjib Chabbi peut être le mieux placé, aujourd'hui. Plus que Béji Caïd Essebsi ? Personnellement, je crois que Néjib Chabbi est le meilleur candidat. Pourtant les chiffres disent le contraire ? J'appartiens à un parti. C'est pourquoi, je penche pour si Néjib Donc, votre choix pour Néjib Chabbi n'est pas objectif puisqu'il est motivé par des raisons partisanes ? Non. Je veux dire par là que je connais très bien les capacités de Néjib Chabbi du fait de mon appartenance au PR. Je crois dans la possibilité d'un renversement de tendance. 8 mois nous séparent des élections et d'ici là, les choses évolueront. Celui qui ne figurait même pas dans les sondages pourrait accéder aux premiers rangs. Si Néjib va bouger.et nous allons l'y aider et si dieu le veut, il réussira. Cela veut dire que si Néjib a entamé ses préparatifs pour l'élection présidentielle ? Effectivement. Il a commencé à raison de trois réunions hebdomadaires dans les régions. Il connait les préoccupations des gens de l'intérieur et sait comment les exprimer Il dispose aussi d'une cellule de communication personnelle qui s'occupe de son image ? Effectivement. L'essentiel est qu'il agit sur le terrain. Que Dieu lui vienne en aide, parce que rien n'est acquis. Yacine Brahim est un novice en politique. C'est pourquoi il ne s'embarrasse pas de circonlocutions quand il s'exprime. Franc jusqu'à l'ingénuité, on n'a pas besoin avec lui, de faire des exégèses, même si, en l'occurrence, ses propos confirment ce qu'on savait déjà. Vaille que vaille, Néjib Chebbi est décidé à entrer en lice dans la course à la présidence, d'autant plus que la constitution lui donne de nombreuses prérogatives que n'avait pas son prédécesseur. C'est un objectif qui l'obsède depuis longtemps. A 71 ans et avec la formation politique qui est la sienne, fruit d'un long combat contre la répression, il estime avoir les qualités requises pour faire un bon président. Pour ce faire, il n'hésitera sans doute pas à rompre les ponts avec l'ULP d'autant qu''il ne s'est jamais senti beaucoup d'affinités avec Nidaa Tounès auquel il reproche ses proximités idéologiques avec l'ex RCD. Il est vrai que les solutions de rechange ne manquent pas comme une alliance avec les partis du centre. C'est d'ailleurs l'hypothèse la plus probable selon Yassine Brahim qui exclut par contre, de faire cause commune avec le front populaire avec lequel il reconnaît l'existence de divergences profondes « au plan des orientations ». Reste l'option d'un front avec Ennahdha. L'hypothèse n'est pas fantaisiste qu'on le croit, même si Brahim la rejette. Pourtant, cette alliance a failli se faire lors des tractations à propos du remaniement ministériel. Ennahdha avait, en s'en souvient, tout fait pour convaincre Chebbi et son parti de le rejoindre leur offrant des portefeuilles prestigieux comme les affaires étrangères, la justice et semble-t-il l'intérieur, espérant par là trouver une alternative à la troika dont les deux autres composantes n'existent plus que sur le papier. Le problème est que ce parti lorgne également la présidence. Ce n'est certainement pour rien qu'il a accepté le régime mixte. Quant à Nidaa Tounès, il y a fort à parier qu'il ne fera rien pour retenir Chabbi au cas où il claquerait la porte de l'ULP, s'estimant en mesure à lui seul de faire pièce à Ennahdha, d'autant plus qu'au sein de ce parti, il existe un puissant courant hostile au leader du PR à qui il reproche ses ambitions démesurées. Il lui prête même l'intention de chercher à lancer une véritable OPA sur leur mouvement , en cherchant à succéder «le moment venu» à Béji Caïd Essebsi. Hédi