Aucun cas de Chikungunya détecté en Tunisie, selon un expert en virologie    Le militantisme silencieux ne protège pas    Entrée en vigueur des droits de douane US : l'huile d'olive tunisienne cherche de nouveaux débouchés    Zied El Heni appelle à un front national pour sauver la Tunisie    Afflux massif au poste frontalier de Ras Jedir : plus de 4 000 entrées en 24 heures    Taxis individuels : un tarif de 1500 millimes en discussion    La Palestine rejette le plan sioniste visant l'occupation totale de Ghaza    GPT-5 d'OpenAI lancé : la nouvelle révolution de l'intelligence artificielle est là    Décès du comédien égyptien Sayed Sadek    Pour demander la fin de la guerre : Des proches de sionistes détenus dans le territoire lancent une flottille au large de Gaza    Ahmed Jaouadi : Un accueil présidentiel qui propulse vers l'excellence    Noureddine Taboubi reçoit Zied Dabbar après l'attaque contre l'UGTT    Investissements en forte hausse en Tunisie grâce au projet touristique de Jendouba    Citoyenneté mondiale selon le « WCR 2025 » : La Tunisie parmi les pays intermédiaires    L'inscription en ligne est ouverte pour les élèves, collégiens et lycéens tunisiens au titre de l'année scolaire 2025-2026    Lente reprise, inflation tenace : les prévisions du Fonds monétaire arabe pour la Tunisie en 2025 et 2026    Brahim Nefzaoui : pas de crise de viandes de volailles cette année    Météo en Tunisie : températures entre 30 et 34 au niveau des côtes et des hauteurs    Hatem Ben Youssef : une parure de mariage coûte au moins 4500 dinars    Immobilier en 2025 : des prix qui montent, des acheteurs qui fuient    Pénurie, hausses des prix et retards de paiement : les pharmacies tunisiennes en difficulté    Tunisie : libération du directeur régional de la Sûreté nationale de Nabeul    Tunisie : un juge révoqué placé en détention pour corruption présumée    Chkoundali : malgré une baisse de l'inflation, les prix de plusieurs produits de première nécessité ont augmenté    Tremblement de terre de magnitude 6,2 au large de Taïwan    CSS : Ali Maâloul et 7 nouvelles recrues débarquent !    Entrée en vigueur des surtaxes de Trump : le monde cherche un compromis    Passeports diplomatiques : l'Algérie impose des visas aux Français    Tunisie Telecom rend hommage au champion du monde Ahmed Jaouadi    Le ministre de la Jeunesse et des Sports examine avec Ahmed Jaouadi les préparatifs pour les prochaines échéances    « Arboune » d'Imed Jemâa à la 59e édition du Festival International de Hammamet    JCC 2025-courts-métrages : l'appel aux candidatures est lancé !    Ahmed Jaouadi décoré du premier grade de l'Ordre national du mérite dans le domaine du sport    Météo en Tunisie : temps clair, températures en légère hausse    Tensions franco-algériennes : Macron annule l'accord sur les visas diplomatiques    Faux Infos et Manipulations : Le Ministère de l'Intérieur Riposte Fortement !    Sous les Voûtes Sacrées de Faouzi Mahfoudh    30ème anniversaire du Prix national Zoubeida Bchir : le CREDIF honore les femmes créatrices    Ahmed Jaouadi décoré de l'Ordre du Mérite sportif après son doublé mondial    Macron dégaine contre Alger : visas, diplomatie, expulsions    La Galerie Alain Nadaud abrite l'exposition "Tunisie Vietnam"    Alerte en Tunisie : Gafsa en tête des coupures d'eau    Consulat tunisien à Benghazi : ouverture officielle !    Vague d'indignation après le retour ignoré d'Ahmed Jaouadi    La mosquée Zitouna inscrite au registre Alecso du patrimoine architectural arabe    Orchestre du Bal de l'Opéra de Vienne au Festival d'El Jem 2025 : hommage magique pour les 200 ans de Strauss    Le Théâtre National Tunisien ouvre un appel à candidatures pour la 12e promotion de l'Ecole de l'Acteur    Le Quai d'Orsay parle enfin de «terrorisme israélien»    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Nul n'est prophète en son pays... : le cas de Hédi Bouraoui
Publié dans Leaders le 04 - 06 - 2015

S'il est un exemple en Tunisie qui illustre bien l'adage ‘Nul n'est prophète en son pays', c'est bien celui de notre compatriote Hédi Bouraoui. Voilà en effet un professeur émérite, auteur de plusieurs études scientifiques, de romans et de recueils poétiques, connu et adulé un peu partout dans le monde,qui ne s'est jamais démarqué de son groupe, mais qui demeure injustement méconnu dans son pays natal. En effet, à notre humble connaissance, aucun hommage ne lui a été rendu jusqu'ici. Il est triste de constater qu'aucun colloque portant sur cet homme de lettres, pourtant auteur de plusieurs romans publiés en Tunisie, n'a été organisé à ce jour.Heureusement, un compatriote, l'écrivain et critique littéraire Rafik Darragi, vient de lui rendre enfin justice en lui consacrant une biographie. Intitulée Hédi Bouraoui, La parole autre, l'homme et l'œuvre, elle vient de paraître aux éditions L'Harmattan.
Elle se compose de trois volets. Le premier a trait à l'homme et à sa trajectoire professionnelle aux USA et au Canada. Les deux autres aux ouvrages du poète, du romancier et du critique littéraire. Au départ, Hédi Bouraoui n'avait aucunement l'intention de se fixer définitivement ni en France ni aux USA. Cette idée ne lui est venue que bien plus tard. Il avait, comme tout un chacun, la nostalgie de son pays où il comptait retourner à l'issue de son stage linguistique. Mais il se rendit vite compte qu'un retour à la case départ serait hasardeux pour sa carrière. Mieux vaut rester aux USA et poursuivre des études supérieures. Les opportunités y étaient forcément plus grandes.
Vint le jour où notre compatriote fut obligé de renouveler son visa. Il lui fallait alors de ce fait quitter le territoire des USA et y rentrer de nouveau. Le pays voisin, le Canada, un pays bilingue,l'intéressait beaucoup. Il décida de se fixer alors dans l'Ontario, très proche de New York mais qui est surtout anglophone. Notre ami avait déjà une grande expérience dans l'enseignement de la langue française ; il pouvait donc prétendre à un bon poste dans cette région. En avril 1966, Hédi obtint un posted''assistant professor' à Toronto, à Glendon College, qui deviendra plus tard, York University. Là, il s'est mis à gravir les échelons. En 1978, il fut élu Master de Stong College (1978 à 1988). C'était une belle promotion puisque il avait désormais sous son autorité un personnel de 200 ‘fellows', c'est-à-dire enseignants, sept ou huit sections d'anglais et de linguistique, avec, au total plus de 3000 étudiants. En plus, cette fonction lui permettait de siéger au sein de treize comités au Sénat de l'université.
En tant que Master de Stong College, Hédi Bouraoui n'avait pas ménagé sa peine. Pédagogue dans l'âme, il peut se targuer d'avoir été au Canada le premier à introduire dans l'0ntario, état pourtant anglophone, la littérature franco-ontarienne dans le cursus de York University. C'est lui, encore, qui a introduit, toujours à York University, pour la première fois dans l'histoire du Canada, l'enseignement des littératures maghrébines, africaines, et antillaises francophones, en adéquation avec la fameuse mosaïque de la nation canadienne. Et dire que ces matières n'existaient même pas alors dans le cursus des universités américaines!
Toutefois, il ne tirait pas sa fierté de toutes ces activités et de toutes ces responsabilités mais d'une seule réalisation, unique en son genre à l'époque, au Canada. Il avait en effet, institué, au sein de Stong college l'identité multiculturelle et interdit le confessionnalisme, évitant ainsi le communautarisme. Hédi Bouraoui devint par la suite ‘Associate professor', full professor, puis dans la foulée, university professor.
C'est sur cette splendide trajectoire et sur les innombrables écrits de ce pédagogue que Rafik Darragi s'est appuyé pour écrire son ouvrage. Ancien professeur lui aussi, l'auteur a vite jugé que certaines oeuvres de Hédi Bouraoui sont partiellement autobiographiques, et qu'elles sont donc susceptibles d'être considérées comme un reflet intime, voire un engagement dans la mesure où, aujourd'hui, l'engagement est de mise:
« L'écriture peut être un reflet intime, une remise en question, ou encore une manière de combat. Dans l'œuvre de Hédi Bouraoui l'écriture est tout cela, et peut-être bien plus car elle a acquis depuis quelques années, un ton combatif, un engagement total, celui d'un humaniste éclairé, dans la mesure où aujourd'hui, l'engagement est de mise dans le monde des intellectuels dignes de ce nom.(4e de couverture)
C'est dans La Francophonie à l'estomac, paru à Paris en 1995 que Hédi Bouraoui s'élève pour la première fois contre ceux qui prônent la pureté linguistique française et qui persistent à maintenir la différence littérature française/littérature francophone. Hédi Bouraoui a, le premier, saisi les enjeux et les espoirs que suscite cette « littérature-monde. Il a, d'emblée, pris soin de prendre position et a commencé à forger de nouveaux mots-concepts comme ‘émigressence' ‘nomatitude',Transculturalisme, ‘intertextuel' ou encore ‘transtextuel'.
Selon Rafik Darragi les problématiques identitaires sont les dernières des préoccupations de Hédi Bouraoui. Ses romans comme ses recueils poétiques, n'évoquent ni les tristes séquelles de l'héritage colonial, ni la problématique identitaire telle qu'elle est perçue chez les écrivains issus de l'émigration, et souffrant de ce qu'il appelle « la binarité infernale ». Chez ce poète qui se définit, comme son nom en arabe l'indique, ‘Fils du Conteur, Irrigateur', les préoccupations doivent être autres, car la poésie est la “ Nourriture spirituelle qui informe…des problèmes cruciaux de la vie“, qui nous permet de « contempler le Soleil du savoir », le pouvoir qui nous rend notre dignité et qui « assainit les conflits et les adversités ». (Livr'Errance, pp.8-9)
Hédi Bouraoui ou La Parole autre est un ouvrage à lire et à relire.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.