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Walid Bel Hadj Amor: Nos villes, de bruits et de fureur (Vidéo)
Publié dans Leaders le 19 - 08 - 2015

Qu'ils sont loin les lendemains du 14 Janvier, qui avaient vu les Tunisiens s'ouvrir les uns aux autres, partager le peu qu'il y avait. L'esprit du 14 Janvier n'a pas tenu la distance, il est réapparu tel le croissant de lune, à la veille de ramadan, lorsque le terrorisme a frappé, les premières fois. Mais même ces actes tragiques n'arrivent plus à faire revivre cet esprit, l'habitude probablement. Or rien n'est plus grave que l'habitude, s'habituer au terrorisme et à ses dépêches macabres, s'habituer à la médiocrité de notre environnement, à la dégradation de notre quotidien, s'habituer à ce que le respect de la loi devienne l'exception.
La crise que nous connaissons ne fait que renforcer un système qui fabrique violence et exclusion. Au-delà de la violence physique, il y a une violence plus insidieuse qui s'immisce dans la vie quotidienne. Une violence verbale, politique, mais aussi et surtout une violence dans la dégradation de notre environnement de tous les jours, des incivilités au non-respect des règles les plus élémentaires du vivre ensemble.
Il ne servirait à rien de répéter qu'il n'y a personne aux commandes de ce pays qui va à vau-l'eau. On nous a promis de restaurer l'Etat, mais conduire le pays ne s'improvise pas sur les tapis rouges. Cela nécessite du cœur et du souffle pour conduire un projet de transformation.
La corruption et le racket organisés continuent à gangréner le pays. Les voleurs volent et les tricheurs trichent, spoliant l'ensemble de la communauté, vidant les caisses de l'Etat au profit de mafias prédatrices, anciennes et nouvelles. Mais cela, il ne faut pas le dire, le temps est à la réconciliation nationale.
Surtout que le terrorisme et les jihadistes ont bon dos, aujourd'hui ils portent toutes les accusations, comme s'ils avaient inventé la contrebande et les trafics en tous genres, eux qui ne font que se servir des recettes qui marchent.
Il n'y a aucune volonté réelle de s'attaquer aux vrais problèmes, et de remettre ce pays dans le sens de la marche. Pourtant, il n'y a pas d'autres solutions que de faire appliquer la loi aujourd'hui et maintenant, partout, à tous les coins de rue. Malheureusement, tout le monde fait mine de regarder ailleurs. Pensez donc, le terrorisme est responsable de tout.
Quatre années ou presque de laxisme ont offert le temps aux mafias de s'organiser, d'élargir leur champ d'action et de renforcer leur emprise sur les marchés. L'économie est dissoute dans l'informel et l'Etat cherche des vaches à traire, pendant que les fonctionnaires boivent le peu de lait qui suinte encore. Bientôt tout ce beau monde n'aura que ses yeux pour pleurer et la misère à se partager.
Nos villes sont devenues de vrais dépotoirs. On se lamentait de la comparaison entre le littoral et les régions défavorisées, bientôt on ne verra plus la différence. Tout sera nivelé par le bas. On a clamé contre les décharges contrôlées pour obtenir leur fermeture, qu'à cela ne tienne, consacrons l'égalité, transformons le pays tout entier en une décharge à ciel ouvert, et tout le monde sera content.
Dès que l'on aborde ces questions de civisme et de comportement, on vous renvoie à la culture et à la mentalité, histoire de se dégager de toute responsabilité, individuelle ou collective, et renvoyer cela à plus loin dans l'histoire. Mais il n'y a pas de mentalité qui naisse du saint esprit, une mentalité populaire se construit par l'exemple et surtout par les règles, le respect des règles et la peur du gendarme.
Partout sur la planète, supprimez les sanctions pendant une semaine et vous verrez ressurgir les démons du moyen âge.
Dans ce chaos incommensurable, j'ai une pensée pleine de compassion pour le gouvernement qui doit se demander chaque jour ce qu'il est bien venu faire dans cette galère. Sans trajectoire et sans idées, tous les gouvernements se ressemblent, et tous les ministres font le même travail, ils gèrent leurs administrations et classent les dossiers. Au final, le gouvernement le moins technocratique fut peut-être celui qui a été désigné pour l'être.
La situation ne va pas s'améliorer de sitôt, d'autant que les élections municipales sont renvoyées aux calendes grecques.
Tiens! Voilà une expression qu'il faudrait supprimer du lexique, la Grèce moderne démontrant sa capacité à prendre en charge ses problèmes, autrement plus lourds que les nôtres, soit dit en passant, sans renvoyer ses débiteurs à d'hypothétiques dates de remboursement. Bientôt on parlera de calendes tunisiennes, tant nous démontrons une capacité à tout renvoyer à plus tard, à toujours trouver plus urgent que ce qui est urgent. Revenons, donc, à ces élections locales qui, renvoyées à l'année prochaine, Inchallah, laisseront les municipalités entre les mains de conseils improvisés dont on va faire semblant de louer le sacrifice, tout en oubliant de juger la compétence, prenant notre mal en patience devant les calculs politiciens.
Ah, les politiques, toujours vantards et arrogants avant les élections, pleutres et versatiles après ! Avant ils sont remplis de certitudes et ont la besace remplie de solutions, après ils ne savent plus rien et font la même chose que les précédents, ils crient au loup qui les contraint à l'immobilisme.
Qui serait capable d'imaginer le redressement ? Qui pourrait tracer les contours de la ville tunisienne pour les trente prochaines années ? Car si la politique c'est de prendre en charge la chose publique, et si la chose publique c'est le quotidien du citoyen, alors la politique pourrait être traduite dans la conception de la ville qui intègrerait de fait l'ensemble des contingences du citoyen, sa consommation, ses déplacements, son école, son travail, ses loisirs, son environnement, tout ce qui fait sa vie au quotidien et qui rythme son bien-être, …ou pas.
Mais le constat que nous pouvons faire, c'est que la ville n'est pas un concept reconnu en politique, du moins en Tunisie. Jamais aucun gouvernement n'a développé une politique de la ville. Aucun ministre en charge de la ville. Aucune vision de la ville. La ville est une simple verrue dans notre paysage. Moche et sale, elle traduit l'action incohérente et mal planifiée. Elle est le symptôme visible de l'absence du politique, et de son incapacité à se projeter au-delà de sa personne et de son mandat. Pourtant, c'est dans la ville qu'on peut construire l'idéal social et politique, combattre l'exclusion, renforcer la solidarité.
La ville est la pleine consécration du vivre ensemble.
Nous avons besoin d'une vraie politique de la ville et, pour cela, de lancer un vaste programme ambitieux et massif pour la transformation de nos villes, pour en faire autre chose qu'un amas de béton, de ferraille et de bitume, autre chose que bruits et fureur. Des villes écrins, des villes intelligentes, des villes où on vit plutôt que des villes où on se barricade. Des villes qui rayonnent et qui attirent les investisseurs mieux que ne pourraient le faire les codes et les lois. Un programme qui attirerait des investissements, institutionnels et privés, dont la rentabilité serait assurée et dont l'impact économique serait garanti pour les générations futures. Des villes qui ne pousseraient pas à l'exode leurs enfants, mais leur proposeraient d'en être les acteurs et les bâtisseurs.
Mais là encore, il faudra attendre, l'inaction est plus urgente, aujourd'hui.


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