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Monia Kallel: A propos de l'assassinat de Mohamed Zouari
Publié dans Leaders le 25 - 12 - 2016

Le dialogue autour de l'éventuel retour des djihadistes en Tunisieétait bien engagé quand a éclaté l'affaire de l'assassinat de Mohamed Zouari qui, en quelques heures, devient l'objet de toutes les discussions. Comme d'habitude, les colonnes des journaux, les ondes de radios, et les plateaux de télévision s'ouvrent aux analystes desdifférentes familles politiques qui parlent de tout etne s'entendent (dans tous les sens du terme) sur rien.
• L'identité du défunt : les uns voient en lui un citoyen comme un autre qui porte une carte d'identité tunisienne,qui a des droits, mais aussi des devoirs envers l'Etat tunisien ; les autres l'élèvent déjà au rang de symbole- icône et lui revendiquent le nom de « Chahid ». Symbole de quoi, de qui, pourqui ? Là aussi les avis sont partagés. Et la rhétorique diverge. Pour les islamistes, les choses sont claires, le mot « chahid » renvoie à un contenu religieux ; et de ce fait, il s'applique au défunt qui a voué sa vie au parti Hames lequel parti œuvre au nom de de Dieu. Pour les « modernistes » laïcs, le titre « chahid » s'impose compte tenu de l'engagement de Mohamed Zouari qui voit rangé dans la même catégorie que ChokriBelaid et Mohamed Brahmi. Il est « Chahid parce qu'il est « nourri d'une idéologie, et défend une cause», affirme un membre du Front populaire.
• Son statut, son rôle : pour les uns, Feu Mohamed Zouari est un ingénieur bricoleur, et amateur de fabrique d'avion à ses heures perdues. Il aurait dû mettre son savoir-faire au service de son propre pays fragilisé par la menace terroriste d'un côté et l'ingérence étrangère de l'autre côté. Pour les autres, il est un ingénieux « savant », un Docteur ès sciences de l'aviation, (quand bien même il est encore doctorant, et n'a pas de publications (re)connues), et un acteur clé de la résistance palestinienne. Il s'inscrit donc dans la lignée des volontaires tunisiens qui, depuis 1948, se sont engagés dans la lutte armée contre l'occupant.Quant à ses découvertes dans l'armement (de l'air, de la terre et de la Marine), elles vont donner un souffle nouveau à la résistance palestinienne et promettent d'écraser Israël. Les jours de l'ennemi sont comptés, explique un commentateur en convoquantles propos de Georges Adda qui pensait que l'Etat d'Israël n'avait pas de raison d'être.
• Les relations : certains jugent inadmissible le lien de Feu Mohamed Zouari avec le parti Hamas dont l'orientation idéologique et l'amateurisme guerrier ont divisé les palestiniens, affaibli leur cause, et, par ricochet, renforcé la position politique d'Israël sur l'échiquier mondial. D'autres affichent leur fierté (en parlant au nom des sfaxiens et/ou des tunisiens) devant tant d'abnégation et de générosité et affirment, sans l'ombre d'un doute, que la lutte armée est le seul « langage » que comprend Israël, l'unique voie de la libération. Et les défaites cuisantes du passé (48-56-67-73)? C'était du temps des vieilles dictatures. Aujourd'hui, c'est « l'éveil » des peuples arabes et les tunisiens ont toujours été pionniers en tout et partout. En mettant leurs compétences au service du conflit israélo-palestinien, ils changeront la donne et inverseront les rapports de force.
• Ses activités : les transactions secrètes de Feu Mohamed Zouari avec Hames, ses voyages fréquents en Syrie, Turquie…, sa vie en ermite, son retrait de la société et de la famille (politique et privée), certains y voient un comportement peu citoyen voire louche et menaçant pour la sécurité de l'Etat. D'autres les présentent, au contraire, comme la preuve de son dévouement absolu et de la noblesse de son engagementloin des intérêts immédiats et des querelles partisanes. Sont passés sous silence ses sources de financement, la nature de sa relation avec les réseaux étrangers et les services secrets qui assurent ses déplacements et facilitent sa circulation dans les « zones de turbulence » aux frontières super-contrôlées. Quant à l'interview que Mohamed Zouari a accordée à une fausse journaliste, elle est différemment interprétée. Si l'interviewé, qui a certainement douté des risques d'une telle entrevue, n'a pas informé la police c'est qu'il se savait fiché, surveillé, infiltré...affirme-t-on. Non, répliquent ses défenseurs, il n'y avait pas pensé, et ne poursuivait qu'un but: « servir la science ». Feu Mohamed Zouariest un mystique du travail, un « chahid du savoir et de la connaissance»…
Cet assassinat jette la lumière sur:
* le goût des médias tunisiens pour les événements à effets,
* la rapidité et l'incohérence avec lesquelles les politiques les utilisent
* la persistance du désaccord sur les valeurs fondatrices de la vie publique.
Rien n'est plus éloquent que les images : il suffit de juxtaposer l'enterrement silencieux et quasi anonyme de Feu Mohamed Zouari et la manifestation organisée hier à Sfax, (samedi, 24-12-1016). Les slogans, les cris et les harangues en pleine rue font écho aux lectures que les politiques ont formulées tout au long de la semaine. Lectures orientées par lesquelles ils cherchent à se (re)positionner dans le paysage médiatique en réactivant les différentes fibres (nationaliste, islamiste, socialiste-militantiste…) et en tirant à boulets rouges sur le gouvernement actuel, sa faiblesse, la médiocrité de son rendement, et surtout l'urgence des démissions (ministre de l'Intérieur, chef du Gouvernement, Président de la République).
Jusqu'à quand nos dirigeants vont-ils continuer à faire de la politique-réaction comme au temps de la dictature? Un leader du front populaire déplore la persistance dans la Tunisie démocratique du système policier à la Ben Ali. Judicieuse remarque qu'il pourrait appliquer sur lui-même : l'opposant en dictature n'est pas l'opposant en démocratie: ils ont des rôles et des parcours différents ; idem pour les prises de position et les discours (fond, forme, tonalité).
A quand la politique-action en vue de réinventer une nouvelle société où tous les tunisiens peuvent cohabiter ? Car derrière ces interminables polémiques (qui font les délices des médias) se profilent le désaccord profond entre deux projets de société, deux systèmes de valeurs qui se juxtaposent sans s'interagir. En théorie, la constitution tunisienne garantit stipule la séparation du politique et du religieux, mais en réalité, les choses sont plus complexes et le chemin est encore long. Le sempiternel problème entre les conservateurs et les réformateurs, les islamistes et les laïcs, persiste : la cohabitation Ennahda-Nida semble même le creuser à force de vouloir l'esquiver, lepatiner…


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