Après la diplomatie, les conférences et le roman, voilà que l'ancien ambassadeur et ministre tunisien des Affaires étrangères (2011), Mohamed Mouldi Kéfi se met à la poésie ! « Elle est à mon avis en mesure aujourd'hui de sauver le monde du cynisme et du pessimisme dans lesquels il a sombré, nous dit-il. Du Nord Est froid des Etats-Unis où il séjourne actuellement, il partage avec les lecteurs de Leaders, avec ses meilleurs vœux, un poème traitant de l'écologie et des dangers qui guettent l'environnement. Gaia Une nuée d'embruns Essaim scintillant Dans la brume du matin Voltigeant et dansant Papillons légers Frêles éphémères Majestueux vulcains Ocellés et diaprés D'un rouge carmin S'élevant lentement Dans les airs Bercés, poussés Vers l'empyrée azuré Par les alizés Des fonds marins. Des sylphes et des daims Des elfes et des cerfs Fuient la forêt Des fées pas gaies Bégaient, pagaient A contre-courant Le long des rivières Remontant vers la mer Et les océans. Un banc de poissons Aux ailes argentées D'un gris cendré Les yeux exorbités Ballotés par les vents Chauds du sirocco Gisant sur le dos Fixant le firmament. Consumée par le feu Feue la forêt Amazone S'est muée En un immense désert Et notre planète bleue Ne peut plus respirer. Les incarnats cratères Des volcans pointus Se sont réveillés La couche d'ozone A totalement disparu. Y a-t-il par hasard Des ramoneurs quelque part Pour purifier nos poumons ? L'air est malsain Et nauséabond De quoi sera fait demain ? Voilà la question ! Muses violées, mutilées Des corbeaux affolés Voilent l'horizon Des vautours rapaces Des requins voraces Egoïstes et cupides Vénaux et avides Aveugles et sourds Devant ce drame Et les dangers Que notre race courte Insouciants feux-follets Attirés par les flammes Qui vont tous nous brûler Dieu se cache la face Et Gaia agonise Des blocs de glace Quittent la banquise Engrossent la Tamise Des icebergs acides Inondent les continents La Terre moribonde Sera l'Atlantide Dont parle la légende Et que nous léguerons À nos petits - enfants ... De graciles Néréides Des ondines blanc opalescent Tavelées d'éphélides Ondoyant dans le vent Des naïades basanées Et des nymphes sylphides Emportées par les eaux Et les nervures des flots Sombrent lentement En maudissant Poséidon, Des moraines mordorées Charriées par des glaciers Dansent nonchalamment Sur la face moirée de l'océan Des fées quémandent Un peu d'oxygène Dans cette Géhenne Qui nous asphyxie ! Tout ce qu'on demande C'est le respect de la vie Qu'ont-ils donc fait De notre coin de paradis ? Adieu puissants aquilons ! Place aux simouns brûlants. Mouettes et goélands Goémons et azalées Ont totalement disparu Au fond de ce que fut La mer Méditerranée ...