"Les mauvais bergers sont la ruine du troupeau" Homère ; L'Odyssée, XVII, 246 - IXe s. av. J.-C. Il y a sept ans, se déclenchait un mouvement d'une grande espérance, emportant sur son passage les carriéristes de la politique, et tous ceux que la nature du régime unipersonnel a éloignés de la chose publique, et de la vie des citoyens au bénéfice de la recherche d'une proximité auprès des princes qui nous gouvernaient. Tout d'un coup, Il y avait du bonheur qui égayait nos rues, nos avenues, nos universités et tout ce qui comptait dans la vie de notre pays. Une joie s'est propagée durant le mois de janvier 2011, dans la quasi-totalité de nos villes et nos campagnes. Une joie que nous pensions pérenne, après des décennies de dépendance coloniale et de dictatures nationales. Et puis patatras, la machine s'est grippée, et nous avons basculé dans une sorte d'euphorie revendicative, d'hystérie collective, de ceux que l'impatience torturait et que l'ordre nouveau n'arrivait pas à vite satisfaire. Pour eux, les événements de 2011 devaient déboucher instantanément sur la culture pour tous, l'argent pour tous, la nourriture pour tous et ce dans un délai quasi immédiat. Les professionnels du désordre ont fait également leur apparition, dans un but non avoué, mais bien connu, mettre le feu à la maison et se servir en premier lieu de ce qu'il en reste. Notre mouvement de 2011 a, de plus, été un déclencheur, pour des situations semblables dans des pays voisins et amis, avec quasiment les mêmes objectifs et la même thérapie. Et les mêmes résultats ! Une post révolution, gangrenée par l'entrisme de ceux qui n'avaient rien à y faire Nous avons eu des gouvernements successifs qui ont "fait le Job" dans des conditions difficiles. Nous avons un corps de médias de bonne qualité. Ils ont couvert les nombreux évènements sans complaisance, et le maximum d'indépendance. Là où le bât blesse, c'est dans la multiplicité des protagonistes, acteurs de tous bords, pas tous, certains se sont comportés avec élégance et dignité, mais combien étaient ils ceux la ? Les autres membres de la grande cohorte des nouveaux arrivants sur la scène médiatique, pour beaucoup, pas tous, ont offert un spectacle digne des combats de rue, avec échanges verbaux d'une qualité douteuse, souvent poussés par de gros décibels qui rendaient leurs discours inaudibles. Il en est ainsi des débats politiques dont les duels se transforment en combats de coqs avec un contenu incompréhensible, et un exemple fâcheux offert aux téléspectateurs, parmi lesquels se trouvent une grande fraction de la jeunesse, et de tous ceux que la chose politique intéresse, car ils voient en elle le bras armé de la Tunisie qui se rachète, qui se relance, et qui au final en sont déçus. Il ne s'agit pas d'un épiphénomène, c'est bien un problème qui affecte le moral de la nation toute entière qui se détourne de ces supposés membres de l'élite du pays qui ne savent que dénigrer, croyant qu'en agissant de la sorte ils redorent leur propre blason. Mais comment notre peuple qui souffre de conditions de vie délétères, n'a-t-il pas le droit de s'élever contre ces donneurs de leçons, très minoritaires par ailleurs, ces supposés guides de la nation, ces hommes de pouvoir et d'influence ? Il le fait à sa manière en protestant, contestant, faisant la grève parfois. Cela libère la colère contre les nantis ou supposés tels, mais ne résout en rien le problème. Au contraire, cela contribue à faire perdurer la grande "chienlit" qui cohabite avec cette période dans laquelle nos principaux indicateurs économiques, le thermomètre de la santé du pays, sont en berne : chômage et déficits au plus haut, et taux de croissance de l'emploi, de l'investissement, et des exportations au plus bas. Conclusion Quand s'arrêtera cette interminable descente en enfer de nos déficits : de nos budgets, de notre balance des paiements, de la balance commerciale, de l'emploi et tutti quanti ? Quand ? Difficile de répondre à cette question aujourd'hui, tant elle a été posée dans le passé, sans connaitre ni réponse positive, ni être suivie par une réalité plus prometteuse. Et pourtant, plus cette situation perdure, plus il sera difficile d'en sortir. Il faudra mieux communiquer, faire preuve de courage dans le discours, un peu à la Churchill, " je n'ai rien à vous offrir……", notre peuple n'est pas dénué de raison dés lors qu'on lui tient un discours de vérité. Fixer un calendrier pour le redressement de nos équilibres, le retour de la confiance et de la croissance, et s'y tenir. Tenir les engagements, c'est changer les données de l'équation, et faire que les attitudes d'espoir succéderont à l'incrédulité généralisée, qui s'est emparée du pays au risque de l'enfoncer un peu plus. Et croire, que malgré tout, ce septennat vécu, ce septennat pour rien, servira au moins comme exemple de ce qu'il y a lieu de ne pas répéter dans les mois qui viennent.