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Radhi Meddeb : ‘'Le désenchantement du jasmin'', ou un avenir meilleur est possible
Publié dans Leaders le 07 - 05 - 2018

Il fait partie de ceux qui « réfléchissent, publient et anticipent », de cette « matière grise engagée au service du développement. Radhi Meddeb n'a cessé d'enrichir le débat public de ses analyses. Encore plus, depuis janvier 2011. Tribunes libres et interviews sont publiées dans nombre de médias tunisiens (dont Al-Maghrib, La Presse et Leaders) et étrangers (Le Monde, La Tribune, Jeune-Afrique...), en plus de ses statuts sur sa page Facebook. Meddeb en a sélectionné 136 textes pour les rassembler dans un recueil de 568 pages sous le titre de ‘'Le désenchantement du jasmin''. Parus entre le 19 janvier 2011 et le 14 janvier 2018, ils couvrent cinq grandes thématiques : l'économie (63 textes), la politique (44), les relations internationales (20), la fiscalité (2) et la société (2). « En guise de prologue », il a inséré deux textes aux titres évocateurs, récemment publiés : « Sept ans après » et « En Tunisie, la crise économique et sociale s'éternise ». La pensée est limpide. L'écriture est fine. L'anticipation s'est souvent vérifiée.
Radhi Meddeb le souligne dès l'avant-propos : « mon ambition aura été de mettre à la disposition de tous ceux qui partagent cette vision portée par la modernité, l'inclusion et la performance, ceux à qui l'avenir de la Tunisie importe dans la cohésion et la solidarité, une série de réflexions sur un avenir meilleur et possible, où le souci permanent de l'inclusion est le dénominateur commun à toutes les politiques publiques, et surtout sur les modalités d'y parvenir. » La phrase est longue, mais elle a été conçue en profession de foi où chaque vocable porte sa signification.
Le mérite de ce recueil est de suivre, au gré de la situation en Tunisie, l'analyse sur le vif mais réfléchie et pensée d'un observateur avisé. Autant de balises significatives qui, avec le recul, éclairent le chemin bien difficile parcouru par la Tunisie, et laissent anticiper tant d'impondérables qui restent à déchiffrer. Les lecteurs ne manqueront sans doute pas de s'étonner du design graphique monochrome de la couverture, où le portrait de l'auteur est quasiment en légère filigrane. Radhi Meddeb a-t-il voulu éviter toute mauvaise interprétation d'une ambition politique qu'il ne nourrit pas ? Sans doute.
Constamment sollicité par les politiques pour rallier leurs partis, accepter un poste ministériel, ou une charge de conseiller non à plein temps, cet ingénieur (X- Mines), 63 ans, fondateur et président de Comete Engineering, préfère rester à distance de l'action politique et gouvernementale. En marge de ses propres activités professionnelles, en Tunisie, en Europe et en France, il a siégé au conseil d'administration de la Banque centrale de Tunisie et continue à présider le conseil d'administration de la Banque Tuniso-Koweitienne (BTK). Quant à son engagement militant, il le réserve à la société civile en cofondant et présidant l'association Action et Développement solidaire.
Le désenchantement du jasmin
de Radhi Meddeb
Imp. Simpact, avril 2018, 568 p. 30DT
Avant-propos
Le soulèvement des jeunes et des régions intérieures en Tunisie, culminant à partir de décembre 2010 vers la chute de l'ancien régime, baptisé prosaïquement : « révolution du jasmin » a été porteur d'un immense espoir, en Tunisie, dans le monde arabe et ailleurs ; un espoir de plus de liberté, de plus de dignité et surtout de plus d'inclusion pour le plus grand nombre.
L'euphorie du moment, renforcée par l'enthousiasme des foules mais aussi des élites nous avait fait prétendre dès le 14 janvier 2011, à un avenir meilleur, possible à moyen terme et tout à fait à notre portée.
Pendant longtemps, l'ancien régime semblait indéboulonnable. Il écrasait de tout son poids le peuple et empêchait toute velléité de critique ou d'opposition. En contrepartie, il offrait à ses affidés, de confortables situations de rente et de privilèges dans la proximité du pouvoir.
La révolution était la conjonction de deux lames de fond qui n'avaient apriori pas de raison objective de se conjuguer, de se fédérer et de faire masse.
Il s'est d'abord agi, de la levée, dès la mi-décembre 2010, de tous les laissés pour compte d'une mondialisation peu heureuse, des désabusés de la croissance, de ceux qui voyaient quotidiennement passer les trains des privilèges et de l'opulence mais étaient interdits d'y monter. Leur exigence forte avait pour nom la dignité. Ils réclamaient de meilleures conditions sociales et de plus grandes opportunités économiques.
À cette première lame de fond, s'est ajoutée, dès la fin du mois de décembre, une nouvelle vague portée par les intellectuels et la petite bourgeoisie des villes. Leur exigence, tout aussi forte, avait pour nom la liberté. Ils réclamaient plus de libertés d'expression, d'opinion, de réunion, de manifestation et de conscience.
La rencontre de ces deux vagues fortes avait enfanté le Tsunami du 14 Janvier 2011 et ce qu'il est désormais commun de qualifier de la Révolution de la liberté et de la dignité.
Ces deux catégories d'exigences ne se confondent pas pour autant. Elles traduisent des rêves différents, sont afférentes à des populations différentes.
Le cheminement qui s'en est suivi traduit cette différence et cette ambiguïté.
Les partis politiques n'ont nullement été partie-prenante de la Révolution. Cela ne les a pas empêchés de s'approprier la suite des évènements. Plus sensibles à la liberté qu'à la dignité, certains plus soucieux de satisfactions intellectuelles que de réalités économiques et sociales mais aussi plus enclins à des discours qu'à la rude tâche d'infléchir la réalité, ils se sont fixés comme objectif de réécrire la Constitution, de reconstruire les institutions, en déconnexion totale des exigences des jeunes, des exclus et des régions intérieures. La quête du pouvoir et son instrumentalisation au service d'intérêts personnels ou d'idéologies surannées ont fini par obscurcir le paysage.
Le monde a salué cet élan, a clamé haut et fort son soutien moral à ce peuple épris de liberté, adhérant spontanément et sans contrainte extérieure au corpus des valeurs universelles et des droits humains.
La Tunisie, longtemps meilleur élève des institutions financières internationales, mais cancre en matière de droits et de libertés, gagnait ses lettres de noblesse en matière d'exemplarité politique.
Les performances économiques de la Tunisie, souvent citées en exemple avant 2011, étaient largement entachées de mauvaise gouvernance, de prédation organisée et de détournements divers. Elles n'en faisaient pas moins illusion. Depuis 2011, les exigences, celles légitimes et celles qui le sont moins, ont fleuri dans un contexte d'affaiblissement de l'Etat, d'instabilité institutionnelle, de dégradation de la stabilité régionale, d'insécurité, de montée de l'intégrisme et du terrorisme, des trafics, de la contrebande et de la fraude fiscale, de régression de la production, de recul des exportations.
Les politiques, à l'horizon infiniment raccourci, ont cru trouver dans le traitement « social » une modalité commode d'échapper au seul traitement viable, celui de la relance économique, des réformes structurelles et de la réinsertion de toutes les forces vives du pays dans le processus de création de richesses dans l'inclusion, la solidarité et la performance.
Ce faisant, ils ont cassé les dernières tirelires laissées par l'ancien régime, avant de plonger le pays dans de profonds déséquilibres macroéconomiques, un endettement accéléré et une dévaluation rampante.
Le pays et son élite politique ont, tout au long des dernières années, favorisé le temps court, les traitements palliatifs et prétendument politiques au temps long de la réforme et de la reconstruction dans l'effort, l'exigence et la persévérance.
Pendant longtemps et aujourd'hui encore, et à l'instar d'autres voix, je n'ai cessé d‘alerter sur le nécessaire traitement économique et social des exigences, toujours non satisfaites, des jeunes, des régions intérieures et plus généralement des victimes collatérales d'un modèle plus soucieux de croissance que d'inclusion, de justice sociale et de développement.
Le souci majeur de tout tunisien est d'accéder à un emploi digne, en rapport avec ses aspirations et en ligne avec ses compétences. Cela ne sera possible qu'à travers l'entreprise privée transparente et performante, socialement responsable, mais aussi grâce à une économie sociale et solidaire, libérée du carcan des réglementations obsolètes et contre productives.
L'innovation, l'esprit d'entreprendre, l'ouverture sur le monde, l'exigence de performance, l'adoption de meilleurs standards internationaux, la recherche permanente de proximité, l'approfondissement de nos atouts sont autant de voies passantes vers le succès et l'épanouissement.
Le redressement du pays ne passe pas par un catalogue de solutions techniques. Il requiert une vision et un projet de société. La réforme n'est pas neutre. Elle se met au service d'un projet, nécessairement politique.
En rassemblant des écrits publiés le long de près de sept années, par plusieurs médias tunisiens et internationaux, mon ambition aura été de mettre à la disposition de tous ceux qui partagent cette vision portée par la modernité, l'inclusion et la performance, ceux à qui l'avenir de la Tunisie importe dans la cohésion et la solidarité, une série de réflexions sur un avenir meilleur et possible, où le souci permanent de l'inclusion est le dénominateur commun à toutes les politiques publiques, et surtout sur les modalités d'y parvenir.


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