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Taoufik Habaieb: Déconstruire ?
Publié dans Leaders le 01 - 11 - 2019

Subitement, la Tunisie découvre que sa révolution, huit ans après, est encore loin d'amorcer son accomplissement. Par un vote massif de désenchantement, un parlement bigarré, sans noyau dur est porté au Bardo et un président atypique, esseulé, est hissé à Carthage.
L'exigence inconditionnelle des Tunisiens est forte : déconstruire. Démanteler les pouvoirs établis sans légitimité ni compétence s'étend aussi aux cartels de l'exploitation hors-la-loi de la situation, aux positions en oligopoles organisés, abusivement dominantes sur le marché, aux réseaux mafieux de contrebande et de malversations diverses, aux chaînes enchevêtrées de corruption et aux systèmes voyous de captage et de pillage des biens publics.
L'urgence d'agir est proclamée à tous les étages de l'Etat. A l'épreuve de ce qui ne saurait être impossible, l'heure de vérité a sonné. Contre toute attente, et dans un scrutin absolument inédit, ils ont plébiscité un président voué à se convertir de la pureté du droit qu'il a enseigné au tragique de l'action politique qu'il est appelé à entreprendre.
A force d'être dénigré, l'Etat a failli perdre sa légitimité. Il subit la défiance à l'égard des gouvernants et la méfiance vis-à-vis des réformes, certes douloureuses, mais urgemment indispensables.
La déconstruction qui est la justice, comme l'édictait Jacques Derrida, n'a de sens que si elle ne s'éternise pas, si elle ne sape pas les fondements de la nation, et si elle n'oblitère en rien les acquis précieux réalisés. Elle n'a d'autre objectif que de déboucher le plus rapidement possible sur une restructuration de l'appareil de l'Etat afin qu'il procède à la transformation profonde escomptée et réponde aux aspirations des Tunisiens.
A la limite, peu importe qui sera chef de gouvernement ou ministre, président de l'ARP ou de ses commissions. A force d'en avoir vu défiler durant ces huit dernières années sans tenir leurs promesses ni fournir les dividendes espérés de la démocratie, les Tunisiens sont intransigeants dans leur exigence : du concret pour changer leur quotidien.
La première demande est de savoir quel est le programme du gouvernement à venir, et quelles sont les mesures prioritaires qui seront prises et les réformes qui seront engagées, le tout dans quels délais ? Ce calendrier précis s'érigera en contrat non négociable.
Ceux qui n'auront pas compris ce message fort et profond issu des urnes conduiront le pays vers de longues et pénibles années d'endurance, sinon l'aventure, voire le chaos. Au risque de mettre en péril la stabilité de la Tunisie et en faillite les maigres ressources qui lui restent, le grand danger est aussi de porter atteinte à l'auto-immunité en cours d'acquisition du démocratique.
Un parlement bigarré aura beaucoup de mal à assumer sa fonction de légiférer, avec la qualité requise et de contrôle de l'exécutif, avec l'intransigeance nécessaire. La première des réformes est sans doute celle du système politique, avec la révision de la constitution, du code électoral et du règlement intérieur de l'ARP.
Un président de la République atypique et esseulé n'aura pas la tâche facile pour asseoir son magistère au-dessus des partis élimés et tiraillés et des clivages sans cesse tranchants. Kaïs Saïed veut transformer la Tunisie dans un nouvel agencement croisé des dimensions verticales et horizontales des pouvoirs.
Dans un scénario guère écrit d'avance, le nouveau chef de l'Etat s'impose de fait en arbitre entre des factions, somme toute minoritaires, décrédibilisées, peu fournies en grandes compétences avérées et traversées par des querelles intestines à peine voilées. Tout son mérite sera alors de faire de la déconstruction vivement souhaitée le rebondissement accéléré de la reconstruction si nécessaire et si urgente. Les caisses sont vides, les prix flambent, les services publics sont à l'agonie, l'entreprise est sous perfusion et le gap avec les autres pays similaires se creuse chaque jour davantage.
Pendant ce temps, les assoiffés de pouvoir se battent pour leurs privilèges. Est-ce acceptable ?


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