Nouveau métier en Tunisie : ''Accompagnant de vie'', une formation avec emploi garanti !    Bureaux d'emploi : du renouveau en 2026 pour mieux servir les Tunisiens    Après les frappes américaines, le Qatar prend les devants et ferme son espace aérien    Tunisie Telecom accompagne le Championnat du Monde U17 de Beach Handball à Hammamet    Poissons morts à Slimane : l'alerte rouge pour la Méditerranée !    Conflit social à la CPG : l'UGTT appelle à deux jours de grève    Tennis – WTA 500 d'Eastbourne: Ons Jabeur éliminée dès le 1er tour    Trump après la riposte iranienne : une réponse faible, sans surprise    Accidents de la route: 70 nouveaux radars pour lutter contre l'excès de vitesse    OTJM : 97% des jeunes médecins ont boycotté le choix des centres de stage    Formation professionnelle en Tunisie : inscription ouverte pour l'automne 2025 dans les centres de l'ATFP    L'excellence tunisienne en marche : l'équipe nationale de Kendo en route vers le Japon    Tensions au Moyen-Orient : Londres appelle ses ressortissants au Qatar à se confiner    La soirée tuisiennene à Rome : une belle réussite    Le Qatar suspend temporairement le trafic aérien par mesure de précaution    Cellules souches humaines: promesses biologiques, espoirs médicaux et enjeux éthiques    Tunisie désignée à la tête du Centre régional Afrique du Nord de l'Africa CDC    Bahreïn ferme temporairement son espace aérien    Le Qatar se réserve le droit de riposter après l'attaque iranienne contre la base d'Al-Udeid    Un activiste poursuivi pour avoir dénoncé le manque d'eau à Mezzouna après le drame du lycée    Fermeture du détroit d'Ormuz : Ridha Chkoundali alerte sur les conséquences pour la Tunisie    Quand le régime s'essouffle, la justice frappe    Depolmed: Un programme stratégique d'assainissement contribuant à la dépollution de la Méditerranée et à la préservation des côtes tunisiennes    Ons Jabeur renoue avec le succès et vise plus haut à Eastbourne    Athlétisme – 3000 m steeple : Rihab Dhahri en or à Varsovie    Mondial des clubs: trio arbitral argentin pour le match de l'EST-Chelsea    Parmi 83 pays, « La Table du Nord » de Malek Labidi élu meilleur livre culinaire au monde en 2024 (Vidéo)    Affaire de la CPG : peines de prison et lourdes amendes pour Lotfi Ali et d'anciens responsables    69e anniversaire de l'Armée nationale: El Mehdeth, une nouvelle saga en plein désert    Zakaria Dassi Directeur général du CIFFIP : « vers la révision du programme de la filière mathématiques »    Amen Bank réaffirme son rôle de leader dans le financement de la transition énergétique des entreprises tunisiennes    Hyundai Tunisie lance son application mobile 'MyHyundaiTunisia'    Le chef de la diplomatie iranienne à Moscou : Poutine hausse le ton et affiche son soutien à Téhéran    Amnistie des chèques sans provision : le président de la commission des finances préconise la prudence    Location estivale, ce business qui échappe au fisc    FIFAK 2025 : une 38e édition sous le signe de la liberté et de la solidarité avec la Palestine à Kélibia    Coup d'envoi aujourd'hui de la 25ème édition du Festival de l'Union des Radios et des Télévisions Arabes    Spécial « Débattre et délibérer »    La Tunisie condamne l'agression contre l'Iran et dénonce un effondrement du droit international    Chaos aérien : Air France, Turkish Airlines et d'autres suspendent leurs vols vers Dubai, Doha et Riyadh    La Tunisie au dernier rapport l'UNESCO sur l'industrie du livre en Afrique    Marathon de la construction et de l'édification : une course qui fait courir… les moqueries    Face au chaos du monde : quel rôle pour les intellectuels ?    Festival arabe de la radio et de la télévision 2025 du 23 au 25 juin, entre Tunis et Hammamet    Ons Jabeur battue au tournoi de Berlin en single, demeure l'espoir d'une finale en double    WTA Berlin Quart de finale : Ons Jabeur s'incline face à Markéta Vondroušová    Skylight Garage Studio : le concours qui met en valeur les talents émergents de l'industrie audiovisuelle    Festival Au Pays des Enfants à Tunis : une 2e édition exceptionnelle du 26 au 29 juin 2025 (programme)    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Kamel Akrout: Tunisie, l'heure est grave
Publié dans Leaders le 17 - 07 - 2020


Par Contre-Amiral (r) Kamel Akrout
Un bilan catastrophique
Notre pays vit un des moments les plus dangereux de son histoire, aussi dangereux que celui qui a entrainé des guerres civiles et le chaos dans d'autres pays.
Depuis dix ans, notre pays fait face à une instabilité gouvernementale qui a grippé les rouages de l'économie, affaibli l'Etat, balkanisé les pouvoirs.
L'autorité de l'Etat a purement et simplement disparu, y compris dans les plus régaliens des lieux du pouvoir. Le spectacle du parlement est indigne d'un peuple qui voit les subsides du pays payerchèrement une classe politique pour qu'elle se livre à de telles manœuvres pendant que la Tunisie s'enfonce dans la pire crise depuis plus d'un siècle.
En dix ans notre classe moyenne a été laminée, la part de nos concitoyens en dessous du seuil pauvreté a dangereusement augmenté. Depuis dix ans, beaucoup de nos concitoyens ont été poussés à un exil au péril de leurs vies, certains ont été enrôlés dans les réseaux du terrorisme international. Des régions sont en quasi-sécession, l'informel et la contrebande ont miné les bases de l'Etat de l'économie et du lien social.
Notre pays connait aujourd'hui un taux d'endettement jamais égalé dans son histoire qui nous rappelle les sombres moments qui ont imposé la « Commission » et le protectorat.
Nous assistons à la quasi disparition de notre économie, à la faillite de nos entreprises nationales jadis fleurons de notre économie. Une faillite qui atteint des quasi-monopoles d'Etat ce qui constitue une exception mondiale en matière de mauvaise gestion.
Notre dépendance vis-à-vis de certains pays étrangers menace simplement notre sécurité nationale et notre souveraineté. Cette dépendance a connu une évolution exponentielle, dramatique pour l'avenir du pays, elle confine souvent à la mendicité et achève par écorner l'image du pays.
Nous assistons au délitement de l'école, de l'université de l'hôpital public. Bref, de l'ensemble des services publics. La sécurité des biens et des personnes n'est plus garantie. La criminalité a atteint des niveaux jamais connus depuis la fin du XIXe siècle.
A notre frontière sud une guerre majeure risque de s'étendre entrainant des incidences fortement dommageables pour notre pays. Notre diplomatie jadis respectée, notre ligne jadis stable est aujourd'hui erratique, illisible, voire parfois contradictoire parasitée par les voix multiples qui croient parler au nom du pays sans titre ni délégation.
Face à ces périls, les gouvernements successifs, la classe politique dans son ensemble ont faillit.
Pendant dix ans, à aucun moment ils n'ont été en capacité de présenter la moindre politique publique qui soit créatrice d'un choc positif pour le pays et pour nos concitoyens. Toutes les politiques mises en œuvre ont échoué. Les indicateurs économiques le prouvaient déjà avant la crise de la Covid-19. Celle-ci a mis à nu toutes les carences du pays et révélé des failles qui peuvent devenir fatales.
Quant à l'origine du mal qui ronge notre pays
Le régime politique qui s'instaure en 2011, solidifié en 2014 par la constitution de la Deuxième République est à la source des malheurs du pays. Ce système est dispendieux, inefficace, construit par mimétisme de systèmes étrangers, son architecture a été tracée pour complaire à quelques partis et surtout taillé sur mesure pour le parti arrivé en tête lors des élections de 2011. Ce système a consacré la balkanisation de l'Etat comme forme de partage d'une prébende. La magistrature des partis politiques a envoyé le pays dans une malheureuse compétition pour les fruits du pouvoir. Aucune institution, aucun service n'a pu résister au partage de la dépouille.
Les différents gouvernements n'ont pas été en capacité d'imaginer, ni de mettre en œuvre un nouveau modèle de gouvernance. Occupés tous à vouloir durer le plus longtemps possible, ils ont perdu de vue les impératifs et les enjeux des modernisations successives. Des secteurs entiers ont été maintenus dans leurs modèles originaux alors qu'ils étaient déjà obsolètes. A l'absence d'une stratégie générale économique, diplomatique, de développement s'est ajouté l'affaissement de l'administration minée par les multiples instabilités, les recrutements massifs et l'absence de moyens.
Depuis dix ans, l'Etat n'a plus les moyens, n'a plus la vision, ni les capacités pour juguler les crises auxquelles le pays fait face. Une perte de contrôle sur le territoire, sur les frontières, l'incapacité à faire face à ses obligations de puissance publique sont devenus des risques à forte probabilité si un autre virage n'est pas pris.
La Tunisie, comme nombre de pays abordera la crise induite par la Covid-19 avec de lourdes faiblesses, avec un endettement abyssal, avec un système administratif obsolète et un système politique d'un autre siècle. Le choc sera très certainement très rude. Les prévisions du FMI, de la Banque Mondiale, mais aussi ceux du gouvernement sortant le prouvent.
Un autre chemin est nécessaire en urgence
Sans l'abrogation du système issu de la constitution de 2014 rien ne sera possible. La Tunisie doit être gouvernée autrement.
Mais entre cette nécessaire abrogation et la mise en œuvre d'une nouvelle constitution et d'un nouveau système institutionnel, il y aura une période transitoire qu'il faudra mettre à profit pour redresser l'Etat, reconstruire l'administration, reconquérir la sécurité au quotidien, reconquérir les frontières, réinstaurer la sécurité économique du pays, redresser les entreprises publiques, réformer nombre de secteurs aujourd'hui au bord d'une inéluctable faillite si rien n'est fait.
Cette période transitoire doit être une mandature unique, celle d'un gouvernement de redressement du pays, d'évaluation, de mise en œuvre des systèmes de contrôle, d'assainissement. Une équipe dévouée au redressement du pays qui ne peut en aucun cas participer à la rédaction de la constitution de la Troisième République. Celle-ci sera l'œuvre d'une commission d'éminents constitutionnalistes (le pays n'en manque pas), ils rédigeront le nouveau texte conformément à un mandat et conformément à un cahier de charges qui garantira un certain nombre de principes. Une constitution qui sera soumise à référendum et qui aura la lourde charge de corriger les errances des dix dernières années.
La Tunisie se doit de se redresser, de se réinventer, elle l'a prouvé par le passé. Rien ne serait pire que de répéter les erreurs du passé en feignant de croire qu'elles pourraient produire un effet bénéfique.
La Tunisie se doit de cesser d'être un laboratoire pour des incompétences, elle doit reconstruire un Etat moderne juste, en capacité d'appliquer la loi sur tous, d'assurer la sécurité et la prospérité de ses citoyens et de donner de l'espoir à ses jeunes.
Contre-Amiral (r) Kamel Akrout


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.