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Abdelaziz Kacem: Un rameau d'olivier à olivier poivre d'arvor
Publié dans Leaders le 06 - 09 - 2020

Par Abdelaziz Kacem - De juin 1956 à nos jours, de Roger Seydoux de Clausonne à Olivier Poivre d'Arvor, vingt-et-un ambassadeurs de France se sont succédé en Tunisie. Hormis trois ou quatre erreurs de casting, tous ont rempli leur mission à la satisfaction des deux parties. J'ai eu l'heur d'en connaître de près une bonne demi-douzaine. Une amitié m'a lié à certains d'entre eux. J'en citerai trois : Pierre Hunt, Gilbert Perol et Jean Bressot. Jusqu'à la veille de son décès, notre cher et regretté Chedli Klibi m'en disait beaucoup de bien. Ils lui avaient apporté une aide inestimable, durant son mandat de secrétaire général de la Ligue arabe. Un jour, il faudra dire comment et en quoi consistait cet apport exceptionnel, en toute amitié pour le monde arabe, en général, et pour notre pays, en particulier.
De par mes fonctions aux départements de la Culture et de l'Information, j'eus quelques entrées aux Affaires étrangères françaises. Des diplomates de haut niveau m'affirmaient qu'il y avait un lobby tunisien au Quai d'Orsay et que la France a toujours pris le plus grand soin dans le choix de ses représentants en Tunisie. Olivier Poivre d'Arvor est de ceux-là. Il n'a certes rien d'un diplomate classique. Homme d'action culturelle hors pair, il avait présenté ses lettres de créance à la Tunisie officielle et sa créance de lettres à laTunisie intellectuelle et artistique. Ses sorties, ses multiples contacts directs ont pu déconcerter plus d'un boétien.
Cette visibilité a fait de lui une cible de choix pour le clan le plus obscurantiste de nos islamistes. Ils voyaient en lui le propagateur d'une francophonie ennemie, trop éclairée pour leurs ténèbres. À court d'idées et de convenances, ils ont déblatéré sur sa « calvitie », menacé de le prendre en otage. Cela ne m'alarmait pas outre mesure. L'hostilité de ces gens-là est un plus, un atout. Mon bon vieil ami Mutanabbi disait (je traduis) :
Le minus qui viendrait offenser mon honneur
Ne ferait qu'avouer ma parfaite grandeur
Or voilà qu'un bon citoyen, en allié objectif de nos intégristes, publie sur son mur FB un statut qui s'avère être une lettre courroucée au ministre français des Affaires étrangères contre les « agissements » d'un indigne représentant de l'Hexagone. Dès la première phrase, le ton est donné : «La fin de la mission d'Olivier Poivre d'Arvor était salutaire pour le rayonnement de la France en Tunisie ». C'est donc par pure francophilie qu'il dénonce le coupable, son «non-professionnalisme», son «népotisme» (improprement, le mot revient trois fois dans seulement huit lignes), son «comportement inconvenant», et son atteinte à notre très glorieuse «Révolution», qui «nous a distingués aux yeux du monde» et dont la «voix a porté jusqu'au Yémen». La belle affaire !
N'eût été la propension des petites gens à donner crédit à toute médisance, j'eusse haussé les épaules et passé mon chemin. En lisant entre les lignes, ce texte grandiloquent, commis, hélas, par un médecin, nul besoin d'être un herméneute pour déceler le fil blanc d'une haine noire, tant le règlement de compte est manifeste. Il va jusqu'à demander à ce que le partant ne remette plus les pieds en Tunisie, pour le grand bien de la France. Rancœur quand tu nous tiens !
En lisant cette ahurissante délation, Jean-Yves Le Drian se rappellera, sans doute, un bon mot de l'un de ses prédécesseurs les plus prestigieux, Talleyrand, pour ne pas le nommer : «Tout ce qui est excessif est insignifiant».
Pour ma part, je ne puis admettre qu'un homme aussi pétri de talent et de savoir soit si injustement traîné dans la fange par un intégriste par-ci, un dépité par-là. Je n'étais pas dans son giron. J'ai eu le plaisir de le rencontrer deux fois. Mais le marathon des mots était par trop véloce. Une pause-café était prévue. L'homme était par trop sollicité et moi, je ne me suis pas entraîné à jouer des coudes, ni à frapper aux portes. J'ai attendu, au sens où l'entendait l'auteur insigne des Nourritures…
Ce que je sais, en revanche, c'est qu'il a réellement aimé la Tunisie ; il s'est démené pour lui venir en aide, en ces temps de disette. Son arrivée, en septembre 2016, coïncidait avec l'accession de Youssef Chahed à la présidence du gouvernement. Il a soutenu son action. D'aucuns prétendent qu'il l'a soutenu tout court. Allez faire la nuance dans le contexte d'une Tunisie confrontée à une grossesse nerveuse et à une révolution avortée.
Son devoir d'ambassadeur était de défendre exclusivement les intérêts de son pays. Ce sont les intérêts de la Tunisie, dont il est tombé amoureux, qui ont primé. Et il serait offensant pour nous que ses supérieurs le lui reprochent.
En des temps apaisés, nous aurions pu profiter à fond de la vocation propre d'OPA, faire jouer son violon d'Ingres, la CULTURE, sous toutes ses formes et expressions. Des programmes ambitieux d'échanges et de coproduction étaient envisageables. Il était prévu que nous en élaborions avec Chiraz Latiri, ministre aux projets si prometteurs, en dépit des virus et des virages. Mais, quand on est assourdi par le brouhaha des insignifiances, on passe facilement, inévitablement, à côté des choses.
Au revoir et bon vent, cher Olivier Poivre d'Arvor. Vous avez terminé votre message d'adieu aux Tunisiens, si court et si dense, par un émouvant aveu : «La Tunisie ne me quittera jamais». Revenez donc. Vous y êtes chez vous. Souhaitons ensemble plein succès à votre successeur.


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