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L'environnement, dernier souci des Tunisiens ?
Publié dans Leaders le 07 - 06 - 2021

Par Mohamed Larbi Bouguerra - Les Tunisiennes et les Tunisiens sont, à juste titre, préoccupés à l'heure actuelle par la hausse des prix, la Covid-19, les passes d'armes entre la Kasba, le Bardo et Carthage, les gesticulations d'Abir Moussi et les silences de sphinx de Rachèd Ghannouchi. Economistes et constitutionnalistes étourdissent le pays de déclarations alarmistes, de chiffres et de projections effrayants, eux qui n'ont, pour la plupart, rien vu venir.
Manque au tableau les questions environnementales qui sont, on en convient, éminemment politiques en ce qu'elles font se confronter des intérêts économiques et sociaux parfois opposés.
Mais les faits sont têtus et ces questions brûlantes que l'on essaie, comme l'autruche, de cacher sous le tapis, ne sauraient disparaître comme par magie.
La télévision nationale en a donné, samedi 5 juin 2021- Journée Mondiale de l'Environnement- un exemple saisissant.
Pourquoi nos récoltes sont-elles menacées?
Les céréaliculteurs de la région de Béja, sur le point de commencer la moisson, craignent au plus haut point les incendies de leurs récoltes. Ce qui menace leur fameux blé-qui nourrissait la Rome antique- ce n'est ni la foudre ni l'étincelle d'un pot d'échappement ni le mégot d'un fumeur négligent mais les décharges sauvages qui sont devenues la marque hideuse, le chancre purulent de la Tunisie d'aujourd'hui dans l'indifférence quasi générale.
Ces décharges fleurissent partout dans le pays, telles des fleurs vénéneuses; des bords du lac Ischkeul jusqu'aux oliveraies du Chaâl à Sfax et à Maharès pour atteindre l'île des Lotophages et les oasis, de Gafsa à Tozeur, en passant par Degache et Kébili.
En se débarrassant sans précaution aucune de ses déchets- éclats de verre, produits toxiques et inflammables, sacs et divers objets en plastique, résidus médicaux- le Tunisien risque d'allumer la mèche qui va transformer en fumée son pain quotidien et réduire à néant le travail des agriculteurs. Il se met à l'abri de son petit doigt en bannissant de ses yeux sa poubelle mais la Nature vient lui rappeler les connexions et les interrelations fortes qu'il y a entre ses gestes et son environnement. Ces poubelles dont on croit s'être débarrassé lui reviennent en boomerang à la figure en causant des dégâts et des catastrophes qu'il n'a guère anticipés car comme le disait, il y a des siècles, Tarfa Ibn Al Abd, «Le temps se chargera de t'apporter ce que tu ignores.»
Est-il étonnant alors que des margoulins sans foi ni loi prennent la Verte Tunisie pour la poubelle de l'Italie et débarquent, au su et au vu des autorités portuaires de Sousse, de notre police de l'environnement plus de deux cents containers de déchets (ménagers, industriels, médicaux, radioactifs ?) provenant de la Botte?
Le Tunisien n'est pas seul à défigurer ainsi le pays. Des industriels peu scrupuleux et des entreprises de bâtiment contribuent, eux aussi, à ces crimes contre la Nature et l'environnement national.
Nos politiciens et nos partis aussi ont des responsabilités dans ces comportements. Qui a oublié que M. Ghannouchi promettait lawifi aux municipalités qui donneraient leurs suffrages à Ennahda alors que les problèmes de propreté crevaient les yeux 0 Ben Arous et ailleurs? « L'islam est propreté et la saleté est un attribut du diable » calligraphiaient les gosses du temps de ma lointaine jeunesse. Ce hadith est-il considéré comme « faible » par M. Ghannouchi et son parti aujourd'hui ?
Quand le Tunisien, ses responsables, ses éminents économistes et ses fameux juristescomprendront-ils enfin que ces décharges sauvages que l'on retrouve partout dans le pays sont des bombes à retardement et qu'il faut mobiliser toutes les énergies pour les éliminer et se doter de décharges selon les règles de l'art?
Quand l'Etat et sa police de l'environnement se décideront-ils enfin à éliminer les sacs en plastique ? Ces sacs ont disparu par exemple en France, car l'Etat l'a exigé. Chez nous, leur mort souvent annoncée bute sur des intérêts particuliers. Pourtant, les derniers travaux scientifiques montrent que le plastique risque de rendre inhabitable cette planète en se fragmentant dans la Nature: les particules de plastique menacent aujourd'hui la vie dans son ensemble comme le prouvent les travaux publiés en mai dernier par l'équipe du Pr Hans Peter Arp (Norvège) et ses collègues belges, suédois allemands.
Les projections annoncent une production annuelle de 3,4 milliards de tonnes dans les 30 prochaines années et qu'une grande partie de ces plastiques finiront dans les océans. Aujourd'hui, la mer rejette dans les airs plus de plastique qu'elle n'en reçoit et ainsi, quand on respire les embruns au bord de la mer, ce sont en réalité des centaines de microparticules de plastique qui viennent se loger dans nos poumons.
Il y a bien d'autres menaces: Pesticides, rage….!
On a découvert, une fois de plus, des foyers de rage dans le pays du fait des chiens errants ou non vaccinés. Un citoyen de 76 ans est même mort à Sfax récemment mordu par son chien- non vacciné apparemment. La situation est grave aux dires des services vétérinaires. Là encore, les municipalités et les autorités échouent depuis belle lurette à nous débarrasser de cette zoonose d'un autre âge. Ces chiens, dans les campagnes, interdisent la route des élèves allant à l'école. Stériliser ou éliminer ces animaux semble être au-dessus des forces du pays. Et c'est ainsi que des citoyens, des vétérinaires et des soignants se trouvent exposés à la rage, éliminée dans la plupart des pays développés dans le monde.
Avec l'arrivée de l'été et de ses chaleurs, on reparle des traitements insecticides contre les moustiques. Poisons toxiques et souvent cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques et perturbateurs endocriniens, les pesticides sont souvent désignés par le terme « dawa » chez nous, pour faire avaler la pilule amère aux gens probablement ? Des produits interdits dans le pays de fabrication sont vendus chez nous comme des petits pains, avec l'accord du Ministère de l'Agriculture. On pousse l'inconscience jusqu'à les répandre, en zone urbaine, par avion- qui parfois chute comme à la Soukra, le 11 novembre 2019, avec mort du pilote- technique interdite dans de nombreux pays tant en ville qu'à la campagne, mais pas chez nous ! Une directive de l'UnionEuropéenne interdit l'épandage aérien de pesticides depuis 2010. Ces poisons – dispensés par voie aérienne, vont se retrouver dans l'eau, dans l'air et dans nos corps. De plus, ils augmentent la résistance des moustiques. Répandre les pesticides n'est profitable qu'aux lobbys et aux propriétaires des avions mais dangereux pour la santé de tous Tunisiens et de leur environnement. Il faut donc éliminer les gîtes des moustiques, là où se développent leurs larves : les flaques, les oueds et les canaux non ou mal entretenus…. Si on veut vraiment se débarrasser des insectes dont il faut protéger les prédateurs comme les oiseaux et les batraciens.
A l'occasion de la Journée Mondiale de l'Environnement, le 5 juin 2021, une centaine de magistrats français ont décidé de lancer une association spécialisée dans le droit de l'environnement. Son but est de : « permettre la diffusion de la connaissance du droit de l'environnement dans la profession. » Leur démarche trouve ses origines dans l'incendie de l'usine Lubrizol à Rouen, le 26 septembre 2019. En Espagne, existe un parquet national pour l'environnement.
L'incendie du réservoir privé d'asphalte dans la région de Gabès, en mars dernier , avec cinq décès, pourrait-il inciter nos juges à suivre l'exemple de leurs confrères français et espagnols?
Nul, dans notre pays, ne peut se permettre d'ignorer les questions d'environnement car elles conditionnent nos vies et celles de nos descendants. En dépit de la gravité d'autres thématiques qui accablent aujourd'hui nos concitoyens!


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