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Une fabrique de salafistes
Publié dans Leaders le 17 - 11 - 2012

Le site de Leaders m'apprend que le salafiste M. Béchir Ben Hassen -que reçoit le Président Marzouki ce samedi 17 novembre- a étudié à l'Institut Om al Qura de la Mecque. Cette information m'interpelle : dans mon livre « La recherche contre le Tiers Monde » (Presses Universitaires de France, 1993) et publié en arabe aux Editions Al Farabi à Beyrouth (1999)- cette traduction de mon ouvrage a été saluée par Al Ahram (Article de Magda al Joundi du 8 mai 2001, p.28)- je citais cette institution « universitaire » comme particulièrement féroce envers les libertés académiques élémentaires qu'elle bafoue et viole allègrement.
Qu'on en juge !

La revue égyptienne « Littérature et Critique » livre un article signé du Dr Chabl Badran paru dans son numéro 80 d'avril 1992 (p. 140-143). L'article raconte les tribulations kafkaïennes de la thèse d'un chercheur de la Faculté de langue arabe de l'Université Om al Qura à la Mecque, Saïd El Chérihi. Son travail portait sur « Le renouveau linguistique de la poésie à l'époque abbasside ». Un sujet, comme on le voit, particulièrement apolitique. Il était dirigé par le Pr Lotfi Abd-el-Badi considéré comme un chercheur « coupable d'utiliser des méthodologies structuralistes et réalistes », ce qui, aux yeux du rapporteur de la thèse, constituait « un danger autrement plus grave pour l'islam, que le marxisme, le communisme et la laïcité » comme il l'a déclaré à divers journaux saoudiens. La thèse dut être profondément remaniée. La commission des thèses (jury) donna son aval après soutenance et discussion.

Ensuite, le Conseil de la Faculté de langue arabe émit un avis favorable à la collation du grade de docteur à Saïd El Chérihi. C'était compter sans l'avis du Conseil de l'Université. Cet organe publia une « décision » (n°5 en date du 16 Chaouèl 1409 c-à-d en 1989) dans laquelle on relève ce curieux attendu : «La thèse contient des idées et des expressions obscures, non conformes avec les principes et l'enseignement de la religion musulmane… De plus, elle reflète des conceptions et des méthodologies occidentales étrangères à notre religion, notre milieu et notre société islamique… »

Après s'être étonné que l'on puisse affirmer que « des idées obscures sont conformes ou non à la religion », le Dr Chabl Badran de s'exclamer : « Y a-t-il une méthode de recherche scientifique musulmane et une autre chrétienne ou juive ou bouddhiste ou américaine ? »

El Chérihi n'obtint pas son titre de docteur, mais, magnanime, le Conseil de l'Université lui demanda de « faire amende honorable et de revenir à Dieu » et lui accorda, à titre exceptionnel, le droit d'aborder une nouvelle recherche « avec un directeur dont les idées, les méthodes et la science sont conformes avec les principes islamiques de notre Université. »

Comme on le voit, le Moyen Age se porte à merveille dans certaines universités arabes !

Du reste, signale le Dr Badran, la même institution renvoya, en 1987, un professeur qui estimait que, pour les femmes, le fait de chanter ou de ne pas porter le voile, n'était pas contraire à la religion.

De même, l'Université Om al Qura rompit le contrat d'un enseignant égyptien le Pr Mahmoud Abou Zeid, coupable d'avoir traduit le livre du grand pédagogue brésilien Paulo Freire « Pédagogie des opprimés ». Ce dernier avait fondé le mouvement de « pédagogie critique » qui militait pour une éducation libératrice et anticolonialiste. Pour Freire, l'éducation doit permettre à l'opprimé de récupérer son humanité, face à son oppresseur. Pour lui, un système éducatif neutre n'a jamais existé. L'éducation est soit utilisée pour intégrer les générations dans la logique du système prévalent et rendre « conformes » à ce système les jeunes ; soit elle est une « pratique de liberté », un moyen par lequel hommes et femmes se confrontent de manière critique à la réalité et découvrent comment participer à la transformation du monde.

Une Université saoudienne ne saurait accepter une telle horreur, voyons ! A la trappe le Pr Abou Zeid et avec lui la recherche scientifique !

Pourvu que M. Ben Hassen ne demande pas au Président Marzouki d'interdire les chansons de Saliha et de Soulèf et d'effacer de nos programmes scolaires la poésie abbasside et notamment celle du génial Abou Nawas!

Mohamed Larbi Bouguerra


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