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Qui rêve encore de «démocratie» ?
Publié dans Le Temps le 18 - 11 - 2016

Le jugement de « non lieu » dans l'affaire de l'assassinat du leader de Nida Tounès à Tataouine, feu Lotfi Naguedh, nous met face à plusieurs interférences qui risquent de nous accompagner bien longtemps au cours de ce premier quart de siècle, le 21ème !
D'abord la résurgence de la question identitaire qui divise notre peuple du fait de l'attachement des uns à un système social et politique amarré à la modernisation qui ne peut être conçue en dehors d'une sécularisation et de la rationalisation de la religion, à la limite de la laïcité et l'attachement des autres à l'islamisme politique qui ne peut se concevoir en dehors de la « Chariaâ », matérialisant sur terre, ce que ce courant estime être, la parole et la volonté de Dieu !
J'ai revu les vidéos des principaux accusés et leurs prêches de mobilisation contre Nida Tounès et ses cadres et adhérents, qui remontent à 2012, et j'ai pu mesurer maintenant avec une certaine stupeur, la violence du discours et les appels à appliquer la Chariaâ sans laquelle pour l'accusé principal du meurtre de Lotfi Naguedh, il n'y a pas d'Islam !
Toutes ces vidéos sont répertoriées et bien conservées, avec d'autres, de leaders plus importants dans la hiérarchie d'Ennahdha qui disent exactement et à peu de choses près, la même chose.
Ceci est plus qu'inquiétant dans la mesure où malgré une « décision » qualifiée « historique » par la centrale islamiste tunisienne à son dernier congrès de séparer « la prédication de la politique » (admirez l'effort de nos leaders nahdhaouis), le jugement de non lieu précité a été fêté dans une joie indescriptible et à la limite de l'indécence par toutes les têtes pensantes et « couronnées » du parti Ennahdha. De M. Abdellatif El Mekki, qui est tenu à une certaine discrétion dans ces célébrations de la joie des retrouvailles, à M. B'hiri et M. Ghannouchi lui-même, tous sans exception, ont appelé à « respecter l'indépendance de la justice », parce que tout simplement cette fois-ci, favorable à leurs protégés. Pourquoi ces mêmes leaders n'ont pas appelé à ce même respect de la justice quand elle condamnait à mort et à perpétuité les terroristes de Soliman ! On peut toujours disserter sur la Justice contrôlée par le pouvoir du temps de l'ancien régime et de Ben Ali. On a même amnistié les criminels de Soliman qui ont du sang sur les mains et on a indemnisé une multitude de prédicateurs appelant à la violence au nom du Droit « charaïque », seul droit positif divin pour ses adeptes, mais les victimes de type Lotfi Naguedh, n'ont ni droit à la vérité ni à la dignité. Même, l'IVD a été créée sur mesure pour faire le procès de l'ancien régime, quant aux victimes du terrorisme et des prédicateurs de l'obscurantisme, ils doivent attendre que l'IVD quitte la sphère des gouvernorats de l'ombre.
Ce que se passe en Turquie et qui constitue le modèle de nos islamistes, doit nous interpeller à plus d'un titre. Imaginez le pouvoir à nouveau aux mains des islamistes, qu'est-ce qu'ils feraient des compagnons de Lotfi Naguedh, y compris à Nida Tounès ?! Remontez les nouvelles d'Istanbul depuis le coup d'Etat avorté contre M. Erdogan vous y trouverez les réponses.
Par conséquent, la question identitaire doit faire l'objet d'un débat sérieux et serein. Continuer à ne pas séparer la politique de la religion, c'est courir le risque d'un contrôle systématique et totalitaire de la société et de l'Etat, au nom de la « Chariaâ » et de la religion, comme c'est le cas en Iran, et de plus en plus en Turquie où le Kémalisme a été enterré après « un arrêt cardiaque » bien dosé !
La deuxième interférence, c'est celle des rapports entre les partis et les alliances imposées de fait à la société tunisienne par un système électoral qui ne donne pas une bonne majorité claire pour gouverner.
Nous l'avons vu du temps de la Troïka, où les partis dits « démocratiques » et « civils » ont été tout simplement marginalisés par les islamistes, à l'image du Takattol du Dr. Ben Jaâfar et le CPR du Dr. Marzouki. Nous le vivons aujourd'hui avec une victoire à la « Pyrrhus » de Nida Tounès, ou le vainqueur des urnes est le vaincu sur la scène et le champ d'expression politiques et de la gouvernance même.
Voilà un parti qui traîne sa victoire de 2014, comme une défaite depuis bientôt deux ans, puisqu'il n'a plus aucun impact sur la vie économique et politique. Pour preuve, un projet de loi présidentiel sur la réconciliation économique qui est congelé au frigo de l'ARP et un gouvernement obligé de cautionner certaines mesures sous la pression des syndicats et des partis gauchistes, dans une loi de finances que le Nida rejette tout comme Ennahdha d'ailleurs, parce qu'elle va à l'encontre de l'investissement et de la relance économique.
D'où ce vote à l'ARP contre la levée du secret bancaire que beaucoup de gens estiment « bizarre et imprévisible », alors qu'il s'agit d'un vote tout à fait logique parce qu'il est l'expression d'une coalition à deux têtes qui règne mais ne gouverne pas.
La coalition Nida-Ennahdha est d'essence libérale, donc, elle ne peut voter pour le plus d'Etat et la contrainte prétorienne sur le monde des affaires, imposés par l' UGTT au gouvernement.
Ceci nous amène à une sorte d'impasse, qui peut se traduire bénéfiquement par l'adage « Wa fi Khilafihom rahma » (leur désaccord est une grâce de Dieu) mais qui fait que la Tunisie ne peut en l'état actuel des choses et du système électoral avoir une majorité transcendante et à la limite autoritariste. Donc, tout le monde est servi. L'Islam politique continuera à prospérer grâce à sa discipline « charaïque » et Nida Tounès continuera à jouer le vote utile et le vote sanction contre les dérives et les appétits des Nahdhaouis.
Mais, aucun de ces deux partis n'est bon actuellement ement pour gouverner la Tunisie dans le sens d'un projet civilisationnel et de développement cohérent avec une vision identitaire moderniste universaliste et un Islam dépouillé de la violence et de l'agressivité « charaïque » !
Nous avons voulu la Démocratie... Eh bien, nous l'avons... Alors, arrêtons de nous lamenter et de rêver d'un Etat fort et transcendant.
La démocratie sans loi et sans culture populaire du respect des lois... c'est un exécutif affaibli par la diversité ingouvernable.
M. Khammassi un des leaders de Nida Tounès avec quelques veilléités destouriennes a tout résumé : « Nous allons résoudre l'affaire Naguedh par le consensus... Attawafouk » !
Qui sait, « l'arrêt cardiaque » deviendrait par la grâce du « Tawaffouk » un rhume du cerveau !
Lotfi Naguedh, martyr de la Nation... dors en paix... Mais, nous, les vivants, ton martyre nous obsède !
K.G


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