Original, rafraîchissant, captivant...les qualificatifs ne manquent pas pour résumer le spectacle offert samedi au théâtre de plein air de Hammamet.La franco-tunisienne Nour Houda Koubaa,ses artistes et ses musiciens ont réinterprété le légendaire opéra de Carmen. Une adaptation toute en couleurs qui a permis au public de tous les âges, et surtout aux passionnés de cet art, d'en découvrir et apprécier par là-même les contours. Une manière intelligente et ludique de démocratiser l'opéra en brisant les stéréotypes d'une production inaccessible. Nour Houda Koubaa et ses musiciens ont bien préparé ce grand spectacle. Maintenant, la tradition est bien installée et la Tunisie aura son opéra annuellement. Une telle manifestation est rendue possible, indiquent les organisateurs, grâce au soutien du centre culturel de Hammamet et de l'Association Unisson . « Nous comptons continuer à soutenir les Opéras au cours des trois prochaines années, notre but étant de contribuer à l'enrichissement culturel et promouvoir l'art de l'opéra. Aujourd'hui, instrumentistes et Chœur sont tunisiens, demain, les solistes et le chef le seront aussi. La relève est annoncée », a affirmé Moez Mrabet, directeur du centre culturel international d'Hammamet. Une cinquantaine d'artistes sont ainsi mobilisés pour ce spectacle produit pour la première fois à Hammamet. «L'amour est un oiseau rebelle, que nul ne peut apprivoiser», célébrissime air d'opéra et quasi connu de tous, a été interprété par Nour El Houda Koubaa.Carmen de Geogres Bizet est un opéra en quatre actes. Il raconte l'histoire d'une bohémienne à fort tempérament qui, après avoir été arrêtée, réussi à séduire Don José en faveur de sa libération. Ce dernier tombe sous le charme de Carmen qui l'abandonne pour un autre homme. Il ne parviendra pas à aller au delà de sa passion et finira par poignarder la femme qu'il aime, faute de ne pas pouvoir l'avoir à ses côtés. la mezzo-soprano Nour Houdaa une grande expérience du rôle. De sa voix cuivrée, elle donne au personnage une tonalité sauvage, en l'incarnant sans relâche : "Chanter Carmen, c'est ne jamais s'arrêter pour interpréter un grand air, il faut l'être en permanence".Les seconds rôles sont bien servis. Le ténor Gorges Wanis, les sopranos Salma Barouni Catherine Manandaza, et le Baryton Jean Christophe Grégoire ont régalé le public. Accompagnés de trois choeurs amateurs : le choeur des amis de Shéhérazade, le choeur de la ville de Tunis et la chorale polyphonique d'enfants "Unisson", les musiciens Jean François Basteau (piano) Marine Bonnetain (violon) Annick Perrier (flûte) Jérôme Guiguet (violoncelle) Philipppe Perrier (Percussion) et Paulin Balpetré ‘Trompette) ont mis en scène l'amour tragique et la jalousie amoureuse.. On est ici dans un ballet classique revisité avec une sensualité empreinte de modernité et d'humour. L'esthétique de ce spectacle est servie par de magnifiques costumes et des décors évolutifs un peu surannés mais efficaces pour planter l'intrigue. Entre le mouvement et la prouesse lente, la beauté technique et formelle, Nour Houda et son équipe nous font revivre avec émotion cette œuvre où toutes les passions sont poussées à l'extrême, de l'amour à la mort. Comme dans un roman où le lecteur s'imagine les scènes et les personnages, le spectateur revit les différents épisodes que traverse Carmen. C'est une Carmen puissante qui ne se laisse pas faire mais elle est victime de la violence. Mieux encore, elle chante admirablement bien et interprète les chants célèbres de Carmen avec un talent rare. Bref, cette pièce est une réussite, subtil mélange de café théâtre et d'opéra. Le plaisir est entier d'écouter en live les aires de Bizet portés par des voix sublimes où les parties chantées sont touchantes et impressionnantes d'intensité. Ce Carmen revisité est plein d'humour, fantaisiste et attachant.