Confronté à de nombreux problèmes de divers ordres, le secteur de la bijouterie a besoin de réformes profondes pour se relever. Selon le bijoutier Mohamed Sakka, membre du bureau exécutif du groupement professionnel des bijoutiers relevant de la Confédération des entreprises citoyennes tunisiennes (CONECT), grâce aux démarches continues des bijoutiers et artisans bijoutiers et des structures professionnelles qui les représentent, les responsables et à leur tête le chef du gouvernement ont pu se rendre compte de la situation difficile que vit le secteur et manifesté une grande compréhension aux doléances de la profession, promettant de faire le nécessaire en vue de prendre les mesures nécessaires à cet effet, avec la diligence requise. Mohamed Sakka nous a indiqué que les bijoutiers et artisans bijoutiers réclament une réforme profonde du secteur à travers l'adoption d'un nouveau cadre juridique organisant la profession sur des bases modernes et rompant avec l'actuel cadre obsolète et de caractère essentiellement répressif que tous les professionnels rejettent tant il constitue une entrave au développement du secteur, et est devenu, par les dispositions répressives et les peines de prison qu'il comporte, une source d'inquiétude et de crainte pour les bijoutiers et un facteur de découragement pour les investisseurs étrangers. Notre interlocuteur s'est félicité de la compréhension manifestée par les autorités, notamment la présidence du gouvernement, mais, nous espérons que cette compréhension se concrétisera, au plus vite, à travers des décisions et des interventions effectives, a-t-il dit ajoutant qu'un projet de loi organisant le secteur, au lieu de la loi en vigueur, a été présenté à cet effet, parallèlement à la constitution de commissions de réflexion au niveau de la présidence du gouvernement et du ministère des Finances. Et promesse a été faite pour examiner le dossier et consacrer un conseil ministériel à la question afin de voir les mesures qu'il convient de prendre en vue de la réforme du secteur à travers l'adoption d'une nouvelle loi organisant la profession conformément aux attentes des professionnels et aux exigences de l'évolution enregistrée à l'intérieur et à l'échelle internationale. S'agissant des problèmes auxquels est confronté actuellement le secteur de la bijouterie, Mohamed Sakka a signalé, en particulier, les contraintes relatives au contrôle administratif lourd sur les activités de fabrication et de vente des bijoux au moyen de méthodes archaïques encore utilisées seulement en Tunisie pour ainsi dire, en ce qui concerne la garantie des métaux précieux et le contrôle de conformité des bijoux usinés aux normes établies, notamment le carat déclaré. Il a indiqué qu'à cause de ces méthodes archaïques de contrôle, plusieurs bijoutiers ont été l'objet de poursuites, de sorte qu'elles constituent l'un des grands problèmes, disant que les bijoutiers et les artisans bijoutiers réclament leur remplacement par les techniques de contrôle scientifiques utilisées dans les divers pays du monde et reposant sur le recours à des machines faciles à utiliser, comme les spectromètres qui donnent sur le champ la fiche technique de la pièce à contrôler avec son carat, conformément aux standards internationaux en la matière. Il en existe des spécimens chez l'administration et quelques bijoutiers. De cette façon, a estimé Mohamed Sakka, la confiance dans l'or tunisien sera renforcée, aussi bien à l'intérieur qu'à l'étranger, contrairement aux méthodes archaïques de contrôle qui encouragent la fraude et la corruption et discréditent la réputation de l'or tunisien. Il a mentionné également les problèmes liés à l'achat de l'or auprès de la Banque centrale de Tunisie (BCT), disant que plusieurs artisans bijoutiers, à défaut de moyens financiers, vendent leurs bons d'achat à des tierces parties, ce qui est illégal. Il a indiqué que les quantités d'or vendues par la BCT est souvent en deçà des besoins, outre la cessation de l'organisation des concours d'admission dans la spécialité d'artisan bijoutier depuis 2001, et le monopole de l'Etat en matière de fonte et de raffinage de l'or dans l'unique laboratoire gouvernemental situé à Tunis. Mohamed Sakka a conclu en affirmant que les bijoutiers et les artisans bijoutiers sont unanimes à considérer que leur secteur est menacé d'effondrement, si la situation actuelle va durer encore longtemps, notamment pour la production et la fabrication, alors qu'il possède un important potentiel et se prévaut de grandes unités de fabrication et de production, ce qui le rend en mesure de remplir le rôle qui lui sied aux plans économique et social, pourvu de le débarrasser des liens qui l'accablent et d'accorder aux professionnels une plus grande marge de liberté et de manœuvre.