Un nouveau jeu de chaises musicales au sein du gouvernement d'union nationale se profile à l'horizon, selon des sources proches de la coalition au pouvoir et des organisations nationales signataires de l'Accord de Carthage. Dans les allées du pouvoir, on ne cache pas la volonté du président du gouvernement de remanier son équipe pour mieux huiler les rouages de la machine. Mais même les proches conseillers de Youssef Chahed ne veulent pas se hasarder à avancer le timing précis de ce remaniement. Alors qu'aucun des partis membres de la coalition au pouvoir n'a appelé à un remaniement, l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) semble pousser vers un changement au niveau de l'exécutif. «Il n'y a pas de raison pour changer l'actuelle équipe gouvernementale dans son ensemble, mais un remaniement ministériel touchant certains portefeuilles est aujourd'hui nécessaire», a déclaré, Nourdeddine Tabboubi, le secrétaire général de la puissante centrale syndicale qui figure parmi les signataires de l'accord de Carthage qui sert de feuille de route pour l'actuel gouvernement d'union nationale. « Nous avons acquis la conviction que certains ministres devraient être changés. Sans citer de nom, certains portefeuilles ont besoin d'un sang neuf. A condition que l'opération se fasse selon des critères objectifs et non pas sur la base de l'appartenance partisane », a-t-il ajouté dans un récent entretien accordé à l'hebdomadaire Acharaâ Al-Magharibi. Le secrétaire général de l'UGTT a appelé, dans ce même cadre, les partis signataires de l'Accord de Carthage à assumer leur responsabilité vis-à-vis d'un gouvernement dont ils ont proposé les membres. «Le gouvernement Chahed est un cabinet politique, donc il doit être adossé à une coalition de partis à laquelle incombe la définition des grandes orientations de la politique gouvernementale et la critique de son action. Or, ce n'est pas le cas. Raison pour laquelle j'appelle ces partis à soutenir le gouvernement et à ne pas le laisser isolé. Ce n'est pas l'UGTT qui a donné forme à ce gouvernement, mais ce sont ces partis », a-t-il martelé. Selon des sources syndicales, les ministères des Finances et de l'Education arrivent en tête des ministères qui devraient changer de titulaires. Ces deux ministères sont dirigés par des ministres intérimaires depuis début mai dernier. En effet, c'est le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Slim Khalbous, qui assure l'intérim de Neji Jalloul, lequel a été remercié en raison de ses relations tendues avec les enseignants. Fadhel Abdelkafi, ministre du Développement, de l'Investissement et de la Coopération internationale, dirige depuis plus d'un mois par intérim le ministère des Finances. Il a succédé à Lamia Zribi, qui a été accusée d'avoir fragilisé d'avoir accéléré la dépréciation de la monnaie nationale. En plus de l'Education et des Finances, d'autres ministres dont le rendement est jugé insuffisant devraient passer la main. Tel est notamment le cas du ministre du Commerce et de l'Industrie, Zied Laâdhari, qui n'a pas pris les mesures adéquates visant à alléger le déficit de la balance commerciale et à assainir les circuits de distribution de façon à freiner la hausse des prix des produits de base. Le mouvement Ennahdha, serait cependant en train de peser de tout son poids pour éviter l'éviction de son poulain. Selon certains bruits de couloirs, la ministre de la Jeunesse et des sports, Mejdouline Cherni, , figurerait dans la charrette des départs. Depuis l'entrée en fonction de son cabinet en août 2016, le Chef du gouvernement a procédé à trois remaniements ministériels partiels.