Jusqu'à ce jour et avec la naissance du mouvement «Tounès Awalan», le pays compte 216 partis politiques, avec tout ce qui s'en suit au niveau de l'éparpillement et de la dispersion des forces vives et des mésententes entre des personnalités politiques en mal de leadership et croyant être les seuls détenteurs de la vérité. Et comme dans tout domaine, cette situation ne peut que servir les intérêts d'une partie bien déterminée qui, bien que minoritaire dans la société tunisienne, compte sur sa base solide, pour imposer son autorité et sa mainmise, alors que les autres partis, grands et petits, se disputent les miettes, ne regardant que le bout de leur nez, et leurs chefs continuent leur quête d'un leadership hypothétique qui ne mènera pas loin, au vu du nombre de militants et de sympathisants qu'ils peuvent rassembler. En somme le paysage politique est vraiment désolant. S'ils ont les moyens financiers, pour leur création, ces partis ne présentent aucun programme crédible, à quelque exception près, pouvant mobiliser les citoyens autour de lui, ni de représentations valables, à travers la République, ni encore des dirigeants de taille, pour mener la barque à bon port et permettre d'occuper le devant de la scène politique. Le dernier parti en date, celui de «la Tunisie d'abord», comme son prédécesseur «Machroua» sont nés du mécontentement de Nidaïstes, boutés dehors ou démissionnaires, à cause de Hafedh Caïd Essebsi. Ils ne présentent rien de nouveau, sauf le fait qu'ils en veulent à «ce parti qui a dévié de sa ligne directrice» en raison du parti-pris, selon eux, du président de la République pour son fils et son désir de le mettre au premier rang dans une possible succession. Mais, tout cela ne peut que confirmer que les leaders de ces nouveaux partis ont un esprit revanchard et veulent démontrer que ce n'est pas Nidaa qui les a fait, mais ce sont eux qui ont fait ce parti et lui ont donné le rayonnement auquel il est arrivé. Dans ce sens, il est, aussi, possible de déplorer que plusieurs partis politiques ont les mêmes orientations et, ce qui est risible, c'est que certains sont arrivés, même, à se disputer la dénomination, alors qu'ils n'apportent rien de nouveau et qu'ils ne proposent pas de solutions crédibles pour assurer un avenir meilleur au pays, redynamiser son économie et lui éviter de sombrer dans la pire des crises jamais connue, dans le passé. Cette situation ne peut que servir les visées d'un seul parti qui asu instaurer, à travers l'Histoire de la Tunisie, une espèce de discipline lui permettant de taire ses divergences, unir ses forces, même si ses composantes ne sont pas du même avis et de tirer profit d'une situation qui lui est favorable. Le mouvement Ennahdha est, de l'avis de tous, le seul gagnant dans cette mêlée. Bien qu'il n'était que bon deuxième des dernières élections législatives, grâce à différents facteurs, notamment le nombre d'associations «caritatives» qui prêchent en sa faveur auprès des «croyants», il s'est imposé comme un partenaire incontournable pour la direction du pays. Avec le déroulement des événements, ce parti est devenu majoritaire à l'Assemblée des représentants du peuple, à la suite des défaillances dans les rangs de Nidaa Tounès. Toutefois, ayant tiré les leçons de la première période post-révolutionnaire, avec les difficultés qui l'ont accompagnées pour instaurer leur autorité, les Nahdhaouis attendent des jours meilleurs, tout en prenant possession de tous les rouages administratifs et en s'installant aux postes de commandement, dans divers domaines de la vie publique, en vue de mettre en place un diktat inébranlable et pouvant durer à long terme. Ennahdha, menée par sa tête pensante, Rached Ghannouchi, contesté mais, toujours, accepté, dans le cadre d'un consensus entre les «faucons» et les «colombes», sait, pertinemment qu'elle ne peut pas disposer d'une majorité, à elle-seule, à l'ARP, et c'est pour ces raisons qu'elle accepte de «partager» le pouvoir avec un Nidaa embourbé dans ses dissensions et qui veut donner, encore, l'illusion, qu'il peut faire mieux, lors des prochaines élections municipales. Mais, avec la direction actuelle et la poursuite des défaillances, le réveil risque d'être douloureux pour beaucoup de dirigeants de ce mouvement auquel la majorité a cru, en portant Béji Caïd Essebsi à la présidence de la République. Dans tout ce magma, l'intérêt de la Tunisie passe, pour la classe politique actuelle, au second plan. Les leaders de plus de deux cents partis, soi-disant progressistes, ne pense pas qu'en unissant les forces, on pourrait atteindre de meilleurs résultats, à travers des compromis et de redonner à la Tunisie son rayonnement d'antan sur la scène internationale, en tant que pays orienté vers la modernité et qui a, toujours, su, dissocier entre la religion et la politique. Toutefois, l'esprit patriotique semble être laissé pour compte dans les calculs de la classe politique actuelle, où l'opposition appelle à un remaniement ministériel avec toutes les conséquences qui peuvent en découler au niveau de la bonne marche des affaires de l'Etat.