Vendredi dernier, près de 2 millions d'élèves ont retrouvé les bancs de l'école, du collège ou du lycée. Depuis, nombreux faits divers ont été recensés. De Sfax à Siliana en passant par Sidi Hassine, les bizarreries se suivent, ne se ressemblent pas mais inquiètent grandement au sein des établissements scolaires. A quand des écoles sans danger pour tous ? Depuis quelques jours, l'histoire de l'enseignante agressée à Sfax est sur toutes les langues. Faiza Souissi a été accusée d'apostasie, agressée et forcée, par des parents, de quitter l'enceinte de l'école Okba Ibn Nafâa où elle enseigne depuis une trentaine d'années. A l'origine de ces tensions, des rumeurs selon lesquelles la maîtresse aurait déchiré des pages de Coran en classe et ordonné à ses élèves de fermer les fenêtres lors de l'appel à la prière. Humiliée, traînée dans la boue, empêchée d'accéder à l'école et menacée de renvoi, l'institutrice s'est défendue de ces incriminations mais rien n'y a fait. Un violent conflit l'a alors opposé aux parents et à la direction de l'établissement envenimant la situation et obligeant le ministère et d'autres organisations syndicales ou de défense des Droits de l'Homme à intervenir pour y mettre fin. Une enquête a été ouverte à cet effet pour déterminer les responsabilités de chacun. A l'heure actuelle, deux parents d'élèves sont encore en état d'arrestation dans le cadre de cette affaire portée depuis devant la justice. A Siliana, la situation n'est pas meilleure. En signe de protestation contre l'état lamentable des établissements scolaires, des parents ont refusé d'envoyer leurs enfants à l'école. De plus, un peu partout dans les villes, de nombreux directeurs ont dénoncé le manque d'enseignants ou, plus étonnant encore, d'élèves. En effet, certaines écoles comptent au plus une dizaine d'apprenants. Troisième info qui pourrait paraître anodine mais pas des moindres. Le jour de la rentrée, à Sidi Hassine, parents et élèves ont la surprise de découvrir, deux drapeaux dessinés sur l'un des murs de la cour de leur école, l'un tunisien et l'autre turc. Selon le directeur, cette fresque murale aurait été réalisée par un des jeunes participants à un concours de dessin parrainé par une association. Autant d'événements déplaisants qui, en seulement une semaine après la rentrée, ont fait couler beaucoup d'encre et alerté l'opinion publique. Jusqu'à quand les écoles seront-elles les théâtres d'incidents dramatiques et inacceptables ? Jusqu'à quand les frontières des écoles seront-elles perméables et facilement accessibles à tous ? Jusqu'à quand certains directeurs, maîtres et maîtresses s'accorderont-ils le droit d'agresser ou d'humilier des élèves et jusqu'à quand certains parents considéreront-ils les enseignants comme de serviles serviteurs qui doivent leur obéir au doigt et à l'œil ? Jusqu'à quand le bon déroulement de l'année scolaire dépendra-t-il du bon vouloir des autorités, des organisations syndicales et des partis politiques ? L'école, temple sacré du savoir, a perdu depuis quelques temps de sa splendeur. Le nouveau gouvernement Chahed en fera-t-il sa priorité ou bien les tracas économiques et sociaux prendront-ils une nouvelle fois le dessus ?