Décidément, la culture tunisienne du « non, mais », a la peau dure, et pas seulement dans l'administration ! Le gouvernement comme l'ARP, passent le clair du temps à « marchander » le consensus, d'abord en commissions puis en conseils, à n'en plus finir, de quoi faire dire à un vieux routier de mes amis : « Trop de démocratie... tue la démocratie.» J'ajouterai : ...et le pouvoir décisionnel de l'Etat et sa transcendance. La loi de finances 2018 contestée de toute part, montre à quel point le « Sieur » Nicolas Machiavel avait raison de conseiller à son « prince » de ne jamais changer les lois suite à la conquête d'un pays nouveau : « Sire... quand vous prenez possession d'une contrée, ne dépossédez pas les paysans de leurs terres, ne prenez pas leurs femmes et ne changez pas les impôts ». Voilà qui est bien sage pour stabiliser un pays nouvellement « conquis », comme le nôtre depuis 2011 ! Alors, essayons de revenir à la source fondamentale du « non, mais », de l'UTICA, de l'UGTT, des professions libérales et globalement des représentants des classes moyennes, qui n'acceptent pas de nouvelles impositions, touchant à l'investissement et la survie même de l'entreprise d'une part, et au pouvoir d'achat déjà laminé par la crise persistance depuis 7 ans, d'autre part. On ne parle même pas plus de croissance car le problème essentiel est de renflouer les caisses de l'Etat pour faire face à une masse salariale pesante et toujours envahissante, et qui a pris la voie de l'expansion irréversible et continue depuis le Big-bang de 2010-2011. Beaucoup d'analystes sous la qualification gonflée « d'experts », n'arrêtent pas de sonner l'apocalypse depuis au moins 3 ans, pour promettre aux Tunisiens l'effondrement de l'Etat, de la Banque Centrale vidée de ses devises pour faire face au service de la dette et autres remboursements cycliques, ainsi que l'agonie de l'investissement avec une croissance faible, pour ne pas dire dérisoire qui ne permet pas de dégager les plus-values nécessaires pour créer de l'emploi. Puis, ils enchaînent en demandant au gouvernement de prendre les taureaux par les cornes et d'aller à la chirurgie radicale et optimale qui consiste à augmenter les impôts ! Solution de facilité, sans plus, car arracher de l'argent pour le distribuer sous formes de salaires et primes non productives ne fait que préparer le « pas en avant » vers le gouffre, ou même le « trou noir cosmique », qui finira par décapiter l'ensemble de l'économie et des forces productives. Encore une fois, quand on fait la pression énorme pour augmenter les salaires, il faut aussi prévoir au bout du processus, l'inévitable inflation et l'augmentation des coûts de production. Du coup, bonjour l'affaissement de la compétitivité nationale, relevée et identifiée par le dernier rapport du Davos, qui met la Tunisie parmi les derniers de la classe au niveau mondial avec un classement digne d'un pays non pas ascendant, mais déclassé du quart monde. Ce qu'on oublie c'est que beaucoup de pays qui étaient derrière nous ont progressé et sont aujourd'hui devant nous.... Pourquoi et comment ils ont fait ?! Eh bien, pas si sorcier que cela. Ils ont (tenez vous bien) réduit les impôts, surtout pour doper les investissements et limiter les budgets de fonctionnement de « l'Etat bureaucratique » budgétivore. M. Trump qui a hérité de l'Etat « socialo-progressiste » d'Obama en Amérique, vient de demander au Congrès une réduction des impôts sur les revenus des personnes physiques et des sociétés de presque 30%. Est-il à ce point naïf et imbécile le « maître » du monde ! Allons, donc ! C'est la solution « Reagan » qui a permis à l'économie américaine de se redéployer face à « l'invasion chinoise » et asiatique des marchés américains. Le résultat ne s'est pas fait attendre, l'économie américaine est revenue à une croissance (la meilleure en Occident), de près de 4% l'an. Réduire les impôts pour les personnes physiques permet de régénérer la consommation et le pouvoir d'achat des classes moyennes et donc de faire travailler l'économie. Réduire les impôts des entreprises permet le réinvestissement des revenus et bénéfices, l'agrandissement des projets existants et la création de nouveaux projets et surtout créer de l'emploi. Or, cela passe par une thérapie inévitable qui consiste à laisser « flotter » l'économie et la monnaie au lieu de les doper artificiellement par des augmentations d'impôts sévères, qui en rajoutent à l'asphyxie générale de l'économie. Par conséquent, opter et choisir les solutions de facilité qui consistent à augmenter drastiquement les impôts, va à l'encontre des objectifs primordiaux pour un pays comme la Tunisie qui doit jouer la croissance et le développement et non pas le partage de la misère à l'infini. Le gouvernement devrait, à notre humble avis, renvoyer dos à dos les différents lobbies qui pressent sans arrêts pour servir des intérêts corporatistes et de positionnement politique et social. Pour faire face au déficit majeur de trésorerie, l'Etat peut augmenter tout ce qui peut se partager le plus largement possible au prorata des profils des consommateurs. L'impôt indirect et la TVA demeurent la technique de recouvrement du trésor public, la plus simple et simplifiée. Pour le reste, toutes les procédures peuvent aider à une redistribution des charges selon les revenus, mais de manière à réaliser la vraie justice, qui ne doit pas pénaliser les travailleurs et les producteurs pour donner aux fainéants et « chômeurs de luxe » qui vivent de la pression (professionnelle) qu'ils exercent sur le pays à force de grèves, de sit-in et de menaces d'occuper les usines, les moyens de production... et la... Rue ! La bonne équation, c'est celle qui permet la réduction des charges de fonctionnement de l'Etat, sa bureaucratie tentaculaire qui tourne en partie à vide et qu'on doit redéployer vers les secteurs productifs. Par ailleurs, il faut orienter les 4/5 du budget de l'Etat vers le développement régional et la grande infrastructure qui encourage l'investissement partout en Tunisie. L'argent existe. La preuve, aucun gouvernement depuis 2011 n'a pu réaliser ses objectifs et dépenser l'enveloppe budgétaire qui lui a été consacrée à 100%. Les retours à la trésorerie sont considérables et ont même limité en quelque sorte le flux inflationniste dû à une masse monétaire exagérée qui aurait pu être injectée dans le pays. Au même moment la non réalisation de certains projets inscrits budgétairement a pénalisé le développement régional et la création d'emplois nouveaux. Tout est lié et rien ne se perd... Tout se transforme.En conclusion, aucun gouvernement au monde ne peut donner satisfaction aujourd'hui à autant de pressions et de lobbies aussi puissants les uns que les autres, qui prennent en otage le pays et bloquent le gouvernement. Pour changer d'avis... j'attends avec impatience, un communiqué, un seul, qui affirmerait son accord et son « Oui » (même avec... un, mais) à une quelconque initiative du gouvernement, de la part d'un parti, d'un syndicat ou même d'une association civile !Terrible quand tout ce beau monde transcende l'Etat et l'affaiblit... Oui, la Démocratie des « sans Etat » ! K.G.