Rien que cette semaine, le CCIH accueille une résidence d'artistes chinois, une rencontre sur les droits culturels des handicapés et un festival de cinéma des femmes. C'est dire que ce centre est en plein rendement, avec un rayonnement à l'échelle nationale. Actif douze mois sur douze, ce centre culturel qui n'était connu que par son festival compte désormais comme l'institution la plus active du réseau du service public. Dès lors qui aurait intérêt à la saborder pour la remplacer par une improbable Maison du Théâtre qui serait un doublon d'un Théâtre national tunisien qui ne manque pas d'infrastructures?` Comment ne pas souligner l'activisme généreux du Centre culturel international de Hammamet (CCIH), tout en rendant hommage à l'équipe qui anime cette institution culturelle? De même, on ne peut que déplorer les rumeurs et projets intempestifs qui visent ce centre créateur de dynamiques et de synergies. En effet, ces derniers jours, alors que le CCCIH développait les programmes de sa rentrée d'octobre, un projet est venu, sans aucune préparation préalable ni débat d'opportunité, agir comme un élément de déstabilisation du travail accompli par ce centre depuis deux années. Le temps où le CCIH ronronnait dans l'anonymat est révolu Selon des sources pourtant officielles, le CCIH serait en voie d'être dissous et remplacé par une Maison du Théâtre qui élirait domicile au sein de la Villa Sebastian. D'un simple trait, une institution qui oeuvre depuis 55 ans serait ainsi abolie et passée à la trappe. La chose paraissait tellement improbable que tout le monde à Hammamet et au Cap Bon a d'abord cru à une intox. Toutefois, il n'y avait pas de fumée sans feu car un pareil projet existerait effectivement et, selon nos sources, la possibilité de sa mise en oeuvre est clairement envisagée. Heureusement, la réaction de la société civile et aussi de la famille culturelle a permis de mettre un terme (provisoire?) à cette aberration. Pareil projet aurait pu se comprendre s'il était intervenu à l'époque où le CCIH était une sinécure pour certains fonctionnaires ou artistes qu'on récompensait en leur offrant de vivre dans un domaine exceptionnel. Mais ces temps sont révolus depuis longtemps et ce CCIH poussif, renfermé sur lui-même et ne se réveillant que pour le festival d'été n'est plus d'actualité. Rien ne justifierait un remplacement du CCIH par un autre projet. Le centre tourne à plein et la preuve en est la multitude d'actions culturelles qui s'y déroulent sous la houlette de Moez Mrabet, son dynamique directeur. De même, le festival d'été a vu son image et son projet rénovés et se distingue par son dynamisme et le cachet culturel de ses programmes. Il est tout de même surprenant que ce centre soit dans le collimateur alors qu'il multiplie les succès et réunit des publics pluriels dans un espace fonctionnel et restauré en profondeur. Les associations de la société civile du Cap Bon s'y retrouvaient il y a une semaine démontrant la qualité des réseaux tissés par le CCIH avec son environnement. Les intellectuels et artistes de la région ont eux aussi élu domicile dans ce centre qui confirme ainsi son rayonnement sur la région y compris dans son dense tissu universitaire. Les jeunes, les femmes, les associatifs et les artistes donnent ainsi à cet espace une étoffe dont nous avons longtemps rêvé et qui s'affirme peu à peu. L'institution culturelle numéro un du Grand Tunis De fait, le CCIH est devenu en ce moment l'institution culturelle numéro un du Grand Tunis, avec un rayonnement qui parvient jusqu'à Sousse. Cette institution du service public de la culture est le véritable fleuron du réseau actuel et se caractérise par la qualité et le caractère ouvert de ses programmes. A l'heure actuelle, le CCIH surclasse les grandes maisons de la culture de la capitale au niveau de la programmation et offre des actions culturelles dont les usagers sont plus nombreux et variée que pour par exemple, la Bibliothèque nationale ou l'Académie Beit El Hikma qui visent exclusivement un public lettré. Agissant dans le domaine de l'art contemporain, ouvert sur son environnement, le CCIH est une institution généraliste contrairement à d'autres espaces comme la Maison des Arts ou celle de la poésie. Même chose pour le théâtre et le cinéma qui ont leurs institutions propres. Le Théâtre national tunisien est installé dans un palais et dispose d'une salle de représentations au coeur de la capitale. La Cinémathèque nationale vient de voir le jour et devrait être parmi les pensionnaires de la nouvelle cité de la culture. En tant qu'observateur de la scène culturelle, nous pouvons affirmer sans hésitation que le CCIH joue le rôle du grand espace culturel qui manque au Grand Tunis tout en constituant un pôle incontournable au Cap Bon et dans la région de Hammamet-Nabeul. Quelle mouche a bien pu piquer les concepteurs d'un projet alternatif à ce centre qui fonctionne à plein régime, contrairement à plusieurs espaces du service public qui ronronnent dans l'anonymat? Pourquoi tenter de saborder la seule expérience positive et la seule équipe qui parvient à des réussites indéniables? Et pourquoi déstabiliser un espace régional dont toute une région est fière? De nombreuses actions culturelles et une vocation multiple Pour le moment, les réponses à ces questions restent vagues et fuyantes. Le projet qui consisterait à remplacer le CCIH par une Maison du Théâtre dont on dit qu'il est actuellement soumis à la présidence du gouvernement aurait été retiré dans une surenchère de rumeurs contradictoires allant jusqu'à évoquer une vente de la Villa Sebastian par l'Etat tunisien. Et, en attendant, le CCIH continue imperturbablement son chemin. Rien que cette semaine, une résidence d'artistes chinois vient d'aboutir à une exposition intitulée "Elégance de l'encre" et qui regroupe les oeuvres tunisiennes des six artistes invités. Par ailleurs, un festival de cinéma intitulé "Regards de femmes" vient juste de s'achever avec une programmation internationale de premier plan et le concours décisif de la Fédération tunisienne des ciné-clubs. Enfin, le CCIH accueille jusqu'au 28 octobre la première rencontre arabe des droits culturels et sportifs des handicapés. En outre, des cycles de rencontres hebdomadaires ainsi qu'un programme de concerts et d'expositions se déroulent au jour le jour dans cet espace qui frémit de vie à chaque instant. C'est dans ce contexte studieux et actif que se développe depuis deux ans au moins un vaste projet de développement culturel et d'éducation artistique qui multiplie les potentialités de ce centre désormais plus ouvert que jamais sur son environnement et les publics actuels et potentiels de la culture.