En marge de la visite aujourd'hui du chef du gouvernement Youssef Chahed à la Cité de la culture, le ministre des Affaires culturelles Mohamed Zine El Abidine a, dans une déclaration à l'agence TAP, annoncé qu' «après de nombreuses concertations avec les hommes de théâtre, la Maison du théâtre sera finalement logée au sein de la Cité de la culture». Cette déclaration a été donnée à la suite d'une question de l'agence TAP qui a, auparavant, obtenu auprès d'une source bien informée une copie du projet de la Maison du Théâtre qui stipule dans son article 33 que «la Maison du théâtre prendra la place du centre culturel international de Hammamet (Ccih) et que tous les biens du Centre ainsi que les agents y travaillant passeront sous la direction de l'institution de la «Maison du théâtre». Dans son article 32, le projet de la «Maison du Théâtre» annule le décret n° 2013-2520 du 12 juin 2013, portant création du « Centre culturel international de Hammamet, la maison de la Méditerranée pour la culture et les arts et fixant ses attributions, son organisation administrative et financière et les modalités de son fonctionnement». Parmi les prérogatives de la Maison du théâtre selon l'article 2, figure «la bonne gestion du festival des arts dramatiques et scéniques de Hammamet». Le projet de la «Maison du théâtre» a été au centre d'une séance de travail ayant réuni lundi 16 octobre 2017 le ministre des Affaires culturelles avec les directeurs des centres d'Arts dramatiques et scéniques en plus d'un bon nombre d'hommes de théâtre pour examiner le projet de la «Maison du théâtre». Le ministère des Affaires culturelles a proposé sa création afin qu'elle soit une plateforme qui puisse réunir tous les hommes de théâtre, a informé un communiqué de presse du ministère. Pour ce dernier, ce projet s'inscrit dans le cadre de ses efforts pour faciliter les transactions financières des centres d'Arts dramatiques et scéniques et de la consécration du principe de la décentralisation culturelle et de la valorisation de la contribution des créateurs et des intellectuels des régions dans l'enrichissement de la scène culturelle nationale. Bien que le ministère ait, dans son communiqué, mentionné que les présents ont considéré ce projet «une occasion en or» pour concrétiser les aspirations de leurs centres régionaux, il est à relever cependant que les réactions sont mitigées entre ceux qui se sont félicités de cette initiative et d'autres qui ont émis des réserves quant à la transformation de la vocation du Centre culturel international de Hammamet en une maison du théâtre, en suggérant de trouver des solutions alternatives pour trouver un siège approprié à celle-ci. Parmi les témoignages recueillis par l'agence TAP, l'homme de théâtre Habib Belhedi, qui s'est félicité de l'idée de la création de la «Maison du Théâtre», a toutefois affirmé que le secteur du Quatrième Art a besoin de solutions plus urgentes que la Maison du Théâtre, citant à titre d'exemple la mise en place d'un statut régissant le travail des troupes théâtrales dans les régions. Il a, dans ce contexte, tiré la sonnette d'alarme quant à la gravité de la transformation du Ccih en déclarant : «Ce sera un point noir dans notre histoire si le Centre culturel international de Hammamet perd sa vocation surtout qu'il est le seul centre culturel international en Tunisie», sachant que le Ccih est membre du Réseau international des Centres culturels de rencontres (CCR) entre artistes de diverses disciplines qui compte près de 40 centres actifs dans le monde. En effet, a-t-il mentionné, le Centre, qui est une institution incontournable sur la scène culturelle nationale, travaille sur plusieurs volets culturels et artistiques dont le théâtre et contribue à la promotion de l'image de la Tunisie sur le plan culturel. Le transformer de cette façon, a-t-il ajouté, portera également un coup fatal au Festival international de Hammamet. Il a, par ailleurs, précisé que le Ccih, appelé également la Maison méditerranéenne pour la culture et les arts, régi par le décret n° 2013-2520 du 12 juin 2013, est l'aboutissement d'une série de mouvements et le fruit de militantisme d'un grand nombre de créateurs et d'artistes de tous bords. Et d'ajouter : «C'est pourquoi, nous refusons de modifier le statut du Centre». Habib Belhedi a, dans ce sens, préconisé la création d'un centre national du théâtre dans l'une des régions comme à titre d'exemple Le Kef faisant observer que la première institution qui est habilitée à accueillir les troupes théâtrales régionales demeure la Cité de la culture. Dans ce même contexte, Moez Mrabet, directeur du Centre culturel international de Hammamet, a émis des réserves quant à cette mesure de transformer la vocation du centre en un espace pour abriter la Maison du Théâtre, une disposition qui donnerait le coup de grâce à une épopée de 54 ans, soit plus d'un demi-siècle d'existence du Festival International de Hammamet, vu qu'il sera remplacé par une nouvelle manifestation intitulée «Le Festival des Arts dramatiques et scéniques de Hammamet». Il a appelé le ministère à trouver un espace autre que celui du Centre. Cela dit, le directeur du centre n'a pas nié l'importance de la création de la «Maison du Théâtre» qui va réunir les hommes de théâtre mais en revanche, il a proposé la création d'un espace bien approprié pour les centres d'Arts dramatiques et scéniques au sein de la Cité de la culture dont l'une de ses structures culturelles consiste d'ailleurs en le théâtre pour les régions. Il a, par ailleurs, suggéré de les intégrer dans des espaces culturels publics concernés directement par le théâtre. De son côté, le directeur de la 19ème édition des Journées Théâtrales de Carthage (JTC) Hatem Derbal a estimé que le projet de la Maison du Théâtre est un projet de grande importance dès lors qu'il permettra de réunir les centres d'Arts dramatiques des régions d'une part et qu'il aura pour mission de mener des études et recherches dans le secteur pour le promouvoir, d'autre part. «La Maison du théâtre» sera, a-t-il indiqué, un espace idoine d'échanges et de rencontres entre les hommes de théâtre de différentes régions du pays. Hédi Abbes, directeur du Centre d'arts dramatiques et scéniques de Gafsa, s'est félicité de cette initiative qu'il a qualifiée de «positive» du point de vue juridique et administratif faisant remarquer que la Maison du Théâtre permettra de résoudre les problèmes en suspens des centres d'arts et en premier lieu les problèmes de financement et de structuration. Certes, la Maison du théâtre constitue une nécessité. Cependant, a expliqué le directeur du Centre d'Arts dramatiques et scéniques de Kairouan Hamadi Ouhaibi, son rattachement au Ccih doit être provisoire en préconisant d'accélérer ultérieurement la création d'une structure indépendante qui réunisse les centres d'Arts dramatiques des régions. Bien que ce projet soit une «étape audacieuse», a-t-il déclaré, il a appelé à prendre du recul et à bien réfléchir au sujet de la restructuration et des prérogatives de la Maison du Théâtre formant le voeu de trouver tout d'abord une solution radicale au problème juridique auquel fait face le ministère dans le paiement des primes de gestion consacrées aux centres d'Arts dramatiques et scéniques. Le projet de la «Maison du théâtre» tel qu'il a été présenté, a indiqué une source ayant préféré garder l'anonymat, est une offense odieuse au militantisme, durant plusieurs années, des acteurs culturels de tous horizons et de toutes disciplines artistiques afin de doter le centre d'un statut qui lui permette d'être un établissement multidisciplinaire actif au niveau national et international. En effet et selon l'article 2 du décret n° 2013-2520 du 12 juin 2013, portant création du Centre et fixant ses attributions, le Ccih a pour mission, notamment, d'élaborer des programmes et des projets visant à renforcer le rayonnement culturel et artistique de l'établissement au niveau national et international et à consolider les productions communes dans les différents domaines artistiques. Il est chargé également d'organiser les manifestations culturelles et artistiques et des rencontres nationales et internationales et d'œuvrer à la bonne direction du Festival international de Hammamet et de renforcer son rayonnement sur le plan national et international. Il a, également, pour mission de faire découvrir au public les différentes productions et les expériences culturelles et artistiques distinguées au niveau régional et international. Le décret stipule par ailleurs que l'une des missions du Centre est de veiller à la bonne gestion des espaces relevant du monument « Dar Sébastien « à Hammamet et de son exploitation judicieuse sur le plan culturel et artistique.