Le projet de loi de finances pour l'année 2018 est défendu par les ministres du gouvernement, alors que nombreuses sont les parties qui y voient beaucoup de flou et de décsions inadaptées. A ce propos, le ministre du Développement, de l'Investissement et de la Coopération Internationale, Zied Ladhari a souligné, hier, qu'il «faut situer le projet de loi de finances 2018, dans son contexte marqué par la présence de deux défis majeurs: redresser la barre des finances publiques et revoir le modèle de croissance. Deux défis dont la résolution n'est possible qu'à travers l'instauration d'un consensus économique et social, à l'instar de celui trouvé sur le plan politique «. Ladhari, qui s'exprimait à l'occasion d'une conférence organisée par SOLIDAR Tunisie, pour donner sa lecture du budget économique et du PLF 2018, a aussi souligné que «le PLF 2018 a été élaboré sur la base d'un écart criant entre le niveau des dépenses publiques et des ressources propres de l'Etat. Un écart exacerbé par le niveau atteint par les salaires publics, les déficits cumulés par les entreprises publiques et les caisses sociales, la hausse continue du budget de compensation «, estimant que « le vrai problème réside dans le fait qu'on a toujours reporté les vraies réformes, en raison de la complexité de la donne économique et sociale mais aussi par manque de courage politique «. S'adressant à quelques députés de l'opposition participant à cette conférence, dont Mongi Rahoui, président de la commission des finances, de la planification et du développement au sein de l'Assemblée des Représentants du Peuple (ARP), il a considéré «qu'un vrai programme de réformes est aujourd'hui mis sur la table. Des réformes douloureuses qui doivent être soutenues par un minimum de consensus et dont il faut accepter le coût». Toujours selon lui, «ce programme de réformes doit aboutir au final à un vrai assainissement de l'environnement des affaires, à la stimulation de la croissance dans les secteurs à forte valeur ajoutée et à une meilleure inclusion sociale basée sur le principe de ciblage «. Même cercle vicieux Mongi Rahoui Mongi Rahoui a , pour sa par, répliqué en, soulignant que «le projet de Loi de finances 2018 risque de reproduire le même cercle vicieux et d'aggraver la crise économique et sociale» Il a par ailleurs estimé «qu'en parcourant les lois de finances élaborées depuis la révolution, on remarque facilement que les mêmes objectifs et les mêmes intitulés (réforme fiscale, encouragement de l'investissement, amélioration du climat social, ...) reviennent chaque année, sans qu'il y ait le moindre avancement sur l'un de ces objectifs. Ce qui remet en cause les démarches adoptées et la politique de réformes retenue». Rahoui a aussi mis en garde contre «un dérapage de taille de l'endettement d'autant plus que le total des ressources d'emprunt (2012-2018), a atteint 53 369 millions de dinars», dénonçant, à ce titre, «l'usage fait de ces ressources et l'incapacité des autorités à orienter les montants contractés vers la création des richesses et de la croissance «. Le député du Front Populaire a également mentionné que « les enveloppes mobilisées pour l'investissement se sont élevées entre 2012 et 2017 à 30 394 millions de dinars. Lesquels montants devraient, logiquement, contribuer à changer le quotidien des citoyens et la situation dans les régions, sauf que rien de cela n'est arrivé «. Rahoui a aussi évoqué les hypothèses retenues dans l'élaboration du PLF 2018, mettant en doute leur véracité, et s'interrogeant sur le flou qui règne encore, dans ce projet, sur le taux de change du dinar par rapport aux monnaies étrangères. Pourrissement politique De son côté, le Secrétaire général du parti « Al-Jomhouri «, Issam Chebbi a plaidé en faveur d'un dialogue avec les acteurs politiques et sociaux pour améliorer le projet de loi de finances pour l'exercice 2018. Lors d'un meeting à l'Ariana, Chebbi a émis un ensemble de réserves vis-à-vis du projet de loi de finances particulièrement en ce qui concerne le prix des produits de base, le pouvoir d'achat et les prestations fournies. A ce propos, il a souligné la nécessité de préserver les prix des produits de base, de protéger le pouvoir d'achat des citoyens, de ne pas toucher à la politique de subvention et d'améliorer les prestations liées à l'éducation, à la santé et au transport qui, a-t-il dit, sont « l'essence même de la paix sociale «. Issam Chebbi a également estimé indispensable de mettre fin à l'importation anarchique et de créer des banques régionales de développement pour favoriser la création des projets d'investissement et des postes d'emploi. « Le budget de l'Etat pour l'exercice 2018 ne doit aucunement être alloué au comblement des insuffisances de la finance publique «, a-t-il averti. Par ailleurs, Chebbi a dénoncé les multiples entraves politiques qui empêchent la mise en œuvre des réformes structurelles nécessaires particulièrement en termes de gouvernance. «Une ceinture politique empêche le gouvernement à prendre les mesures nécessaires pour la mise en œuvre des réformes structurelles nécessaires et la gouvernance souffre d'un pourrissement politique», a-t-il accusé. Ce pourrissement politique, a-t-il prévenu, menace le processus de construction démocratique, en raison des pressions exercées par des lobbys de Nidaa Tounès et ses alliées notamment le Mouvement Ennahdha sur le gouvernement d'union nationale.