Il y a des hommes d'affaires qui ne seront jamais vaccinés contre la «politique» et ses retournements à croire que l'économique et la finance doivent en grande partie leur prospérité à la politique ! Ou, alors, qu'est-ce qui pousse des «milliardaires» jadis bien heureux comme M. Slim Riahi, à s'embarquer sur les galères du sport et de la politique en même temps, pour subir les tracasseries de l'un et de l'autre et qui sait l'infamie des ingratitudes et l'acharnement de plus d'un adversaire sur la scène politique. Après ses déclarations intempestives contre les pouvoirs en place, et l'alliance avec une autre dissidence, en l'occurrence le «Machrou» de M. Mohsen Marzouk, M. Riahi revient un peu à «Canossa», pour solliciter la réintégration au Pacte de Carthage après l'avoir dénoncé à corps et à cris et pose par la même une question plus que problématique sur l'opportunité politique ! Nous savons tous, depuis la nuit des temps, que «l'honneur» en politique n'est pas une sacralité et que, bien au contraire, l'adaptabilité est la règle d'or et la voie la plus sûre pour arriver à destination... Appelez cela de «l'opportunisme», mais c'est l'une des pièces maîtresses de la mécanique politique depuis l'antiquité... Donc... Amen... et sans état d'âme ! Reste un peu à déchiffrer l'impact sur le paysage politique et son évolution possible à l'horizon 2018 et surtout, le suivant... 2019 ! On parle d'une «Troïka 2» pour faire face à un nouveau «front démocratique» qui se cherche. Au niveau de la forme c'est possible, bien que je n'aime pas cette dénomination de la «Troïka» qui n'évoque pour les Tunisiens que les dérives catastrophiques des premières transitions postrévolutionnaires. L'oubli est certes «salutaire» comme le disait Pascal, mais peut-on oublier, les assassinats politiques, les mosquées hors-contrôle, la poussée vertigineuse du salafisme takrifiste, l'invasion de l'espace identitaire tunisien par les prédicateurs des ténèbres venus en passe de l'Orient obscurantiste, pour célébrer la reconquête de l'Ifrikiya (Tunisie), et rendre irréversible son retour au 14ème siècle médiéval ? Peut-on oublier l'anarchie généralisée et la déconfiture de l'Etat puissance publique, à l'origine de ce désastre économique que nous trainons ça fait sept ans ?... Par conséquent, parler d'une «Troïka 2» n'est pas fait pour nous réjouir. En revanche, il faudrait plutôt creuser l'aspect idéologique et les orientations économiques qui peuvent légitimer en quelque sorte cette nouvelle alliance entre Nida Tounès, Ennahdha et l'ULP de M. Riahi. L'homogénéité, on la trouve dans l'appartenance au courant «libéral» qui caractérise les trois formations et qui sont de plus en plus critiques à l'égard de la mainmise de la gauche syndicaliste excessive sur l'Etat et l'économie. En plus des rétentions et de la pesanteur bureaucratiques, très critiquées par Ennahdha et l'ULP, les trois partis qui fédèrent à cette nouvelle «Troïka», reprochent quelque part au gouvernement une certaine attitude à se mettre sous la «tutelle de la centrale syndicale historique l'UGTT, au niveau des orientations générales de l'économie. La loi des finances 2018, aura été la goutte d'eau qui fait déborder le vase et le point de jonction des partis du centre libéral majoritaire à l'ARP. En effet, ces partis estiment qu'on pousse un peu trop le bouchon au niveau de la pression fiscale sur le monde des affaires et des entreprises, au moment même où l'on engage une véritable campagne nationale et internationale pour la relance des investissements. On ne peut pas reprendre d'une main ce qu'on affirme donner de l'autre ! Les impératifs de la croissance économique passent par l'adhésion du monde des affaires et des entreprises, et l'acceptation de courir à nouveau le risque d'investir leurs capitaux et leur savoir-faire en Tunisie, dans la sérénité et loin de la peur et la menace constantes d'un retournement social radicalisé. Quand on sait que plus de 700.000 citoyens allemands ont quitté en 2016-2017 l'Allemagne, première puissance économique, et prospère, d'Europe, à cause de la pression fiscale devenue intenable dans leur pays, on comprend mieux que le phénomène est mondial, et les investisseurs cherchent les assurances des pouvoirs politiques en place et les garanties stables pour engager leurs capitaux. Que dire de la Tunisie, traumatisée par le terrorisme et l'anarchie postrévolutionnaire. Par conséquent, ce front «libéral» est plus que logique au niveau de l'équilibre recherché entre le monde économique et le monde social et Mme Bouchamaoui, présidente de l'UTICA, l'a bien spécifié à sa sortie du bureau présidentiel à Carthage. Le Gouvernement Chahed fait face à des défis importants, pour redonner une santé à la trésorerie nationale et assurer la relance économique en dopant les investissements. Mais, les deux volets ont des aspects contradictoires et parfois diamétralement opposés. Renflouer les caisses de l'Etat passe par la douleur fiscale et doper l'investissement passe par un minimum de défiscalisation en plus de la paix sociale et de l'allègement des procédures administratives et bureaucratiques. Tout passe par là et le rapport de forces doit s'équilibrer entre les «directives» syndicales et les exigences du monde économique. M. Chahed a besoin d'un véritable équilibriste au gouvernement, pour apaiser les uns et les autres et sauvegarder la reprise qui commence à pointer à l'horizon ! Alors, soyons positifs et pas très gourmands. Rien ne vaut le juste milieu ! K.G.