Le Diabète : il est temps ! C'est dans un déjeuner débat avec les rédacteurs en chef et journalistes santé des principaux journaux tunisiens que les représentants des associations de médecins diabétiques et des patients diabétiques ont décidé de tirer la sonnette d'alarme. En effet, avec 1,1 million de diabétique aujourd'hui et 2,1 million dans moins de dix ans, le diabète devrait constituer une priorité non seulement du Ministère de la Santé mais également du minsitère des Affaires Sociales et de la Présidence du gouvernement. Selon Professeur Mohamed Abid, président de la Société Tunisienne d'Endocrinologie, Diabète et Maladies Métaboliques, c'est tout le contraire que se passe : la Caisse Nationale d'Assurance Maladie investirait environ 400 millions de dinars pour les médicaments spécifiques qui concernent seulement 60000 malades contre seulement 100 millions de dinars pour un million de diabétiques. Pr. Abid ajoute que le diabète souffre de son statut de maladie silencieuse qui n'alarme pas les malades et les pouvoirs publics. 10 % des décès à cause du diabète Portant le diabète, avec des complications cardiaques et rénales notamment- est responsable de 10 % des décès en Tunisie. Pour endiguer cette pandémie, Pr. Abid préconise 3 niveaux d'action : investir dans le dépistage précoce, apporter les meilleurs traitements à temps et doter les patients des moyens d'auto surveillance. Dr. Mohamed Benlassoued, Président de l'Amicale des Diabétologues de Sfax a abondé dans le sens de son confrère en insistant sur les efforts de son amicale de ses autres sociétés savantes et association pour déployer des campagnes de dépistage sur tout le territoire et dont la dernière en date a été organisé les 11 et 12 novembre à Sfax dans le cadre du Mois Tunisiens du Diabète. Nécessité de lever les barrières administratives En revanche, Dr. Benlassoued a pointé du doigt le désengagement de la CNAM qui n'a pas remboursé un nouveau médicament dans le diabète depuis plus de 10 ans. Une situation qui - selon notre expert - fait perdre des chances aux malades tunisiens et fait prendre du retard à la médecine tunisienne. Il a appelé par ailleurs le ministère des Affaires Sociales à rattraper ce retard en prenant en charge les médicaments du diabète qui sont approuvés en Tunisie mais paradoxalement toujours pas pris en charge par la CNAM. Le président de l'Amicale des diabétologues de Tunisie, Pr. Nejib Ben Abdallah, a insisté sur la nécessité de lever les barrières administratives pour l'accès des patients aux traitements. Nos malades - déplorent ils-doivent passer par un parcours du combattant pour accéder à leurs Insulines et cela se traduit parfois par des périodes où ils ne sont pas couverts par des médicaments. Il est également important - selon Pr. Ben Abdallah, que les dispositifs d'auto-surveillance de la glycémie qui sont partie intégrante du traitement soient pris en charge par la CNAM. Pr. Ben Abdallah ajoute que - contrairement aux idées reçues - ce ne sont pas les médicaments et les dispositifs médicaux qui coûtent le plus cher dans la prise en charge du diabète mais plutôt les complications qui sont le résultat d'un diagnostic tardif et d'un traitement non efficace. Ainsi, les complications représentent 80 % du coût du diabète contre 8 % seulement pour les traitements.