Malgré la situation peu reluisante des finances publiques, un nouvel accès de fièvre revendicative est perceptible dans certaines régions déshéritées et plusieurs secteurs, depuis quelques jours. Ainsi, les habitants de Sejnane (gouvernorat de Bizerte) ont observé mercredi une grève générale pour protester contre la pauvreté et la marginalisation de cette délégation suite à l'immolation par le feu d'une femme après la suppression d'une aide sociale. Une large foule a défilé dans les rues de la ville scandant des slogans dénonçant l'absence de développement dans la région tels que «Travail, liberté, dignité nationale»«Nous sommes tous Radhia Mechergui». Mère de cinq enfants, cette dernière s'est immolée par le feu la semaine dernière dans l'enceinte de la délégation en signe de protestation contre l'annulation du versement d'une aide sociale de 150 dinars que son mari malade recevait. Vendredi, une grève générale a été observée dans la délégation de Foussana (gouvernorat de Kasserine). Ce mouvement de protestation a été décidé par la société civile locale avec le soutien de l'Union locale du travail et l'Union régionale de l'industrie, du commerce et de l'artisanat pour protester contre l'exclusion et la marginalisation, en dépit des richesses que renferme la région, outre la détérioration de son infrastructure. Les habitants de la délégation ont aussi organisé un rassemblement devant le siège de la municipalité revendiquant le droit au développement et à l'emploi. Plusieurs syndicats relevant de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) ont lancé des mots d'ordre de grève durant les prochaines semaines. La commission administrative du syndicat général de l'enseignement secondaire a décidé d'observer une grève avec présence sur le lieu de travail le mercredi 6 décembre 2017. Cette grève sera accompagnée par des rassemblements régionaux devant les commissariats de l'éducation et d'un rassemblement au niveau national au cours de la première semaine des vacances de l'hiver, soit du 18 au 23 décembre prochain, devant le siège de l'Assemblée des Représentants du Peuple (ARP). La grève et les rassemblements interviennent en signe de protestation contre le projet de loi de finances de 2018 qui «cible l'école publique et les enseignants». Il s'agit en effet de protester contre l'augmentation des cotisations sociales et le relèvement de l'âge de départ à la retraite. Les enseignants exigent dans ce cadre la mise en œuvre de l'accord conclu en octobre 2011 qui considère la profession d'enseignants du secondaire et de base comme étant un métier pénible. De son côté, la Fédération générale de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique (FGESRS) a lancé un mot d'ordre de grève pour le 7 décembre prochain et décidé de boycotter l'encadrement des PFE et la soutenance des thèses de doctorat à compter de janvier 2018 en signe de protestation contre le refus du ministère de tutelle de satisfaire les revendications des enseignants, dont notamment la publication des décrets relatifs aux indemnités des professeurs agrégés dans le journal officiel de la république tunisienne (JORT) et la publication d'une nouvelle grille d'honoraires relative à l'encadrement des projets de fin d'études (PFE). La fédération réclame des majorations salariales identiques à celles accordés récemment aux magistrats, l'augmentation de l'indemnité relative à l'encadrement pédagogique, l'octroi de bourses universitaires aux descendants des enseignants et la mise en place de la mutuelle des universitaires. Une grève du personnel des cliniques privées est aussi prévue 13 et 14 décembre. Ce débrayage auquel a appelé la Fédération générale de la santé vise à exiger des majorations salariales et l'amélioration des conditions de travail. D'autre part, l'Ordre des ingénieurs tunisiens (OIT) et au Syndicat national des ingénieurs tunisiens (SNIT) ont menacé tout récemment d'observer une grève générale avant la fin de l'année en cours pour protester contre la dégradation continue de la situation matérielle et morale des ingénieurs qui est en dessous des catégories similaires de par leurs diplômes et leurs cursus universitaires comme les médecins de la santé publique et les magistrats Ces diverses grèves, qui seront pour la plupart, encadrées par la puissante centrale syndicale risquent d'envenimer le climat social dans le pays à l'heure où le projet de loi des finances suscite le mécontentement de plusieurs syndicats, ordres de professions et même de l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA).