Kamel Rekaya n'est plus le DTN de la FTVB. Cela devait arriver un jour. Mais nous étions loin de le voir quitter son poste après un titre continental que tous les puristes ont attendu pendant un peu plus de dix ans. Le président de la FTVB Firas El Faleh a cru bon de le congédier sans explications et sans préavis. Nous avons voulu en savoir plus auprès de l'intéressé qui a mis du temps avant de se mettre à table. Au cours de cette interview, il revient sur ce limogeage et nous donne son avis sur une décision Entretien : Le Temps : Vous venez de quitter la FTVB par la petite porte après un bail de dix ans. Quelles sont les raisons? K. Rekaya : Je n'en sais pas plus que vous. Jusqu'à cette interview, j'ai du mal à expliquer bien des choses. Je sais que tout un scenario a été préparé pour faire porter au bureau fédéral le poids de cette décision alors qu'elle est voulue et concoctée par le président de la FTVB . J'estime qu'une petite lettre de remerciement aurait suffi pour mettre un terme à mon bail à la tête de la DTN. Et pourtant, une semaine avant la tenue de cette pièce de théâtre, et sentant que le président ne voulait plus de moi, je lui avais dit que j'étais prêt à quitter. Tout ce qu'il a trouvé à dire, c‘est qu'il tenait à ce que je continue à occuper mon poste. Allez comprendre ! Mais pourquoi ,tout ça ? Peut-être pour incompatibilité d'humeur. Peut-être bien pour autre chose. J'ai du mal à réaliser. Personnellement, je n'ai rien à me reprocher. J'ai de bonnes relations avec tous les membres du Bureau Fédéral. La dernière réunion avec ces mêmes membres m'a fait découvrir le contraire. D'ailleurs, je n'ai eu reçu aucun document pour justifier une telle décision. Si un rapport dans ce sens a été établi, je prierai le président de la FTVB de le publier et de le rendre public pour que tout le monde sache les raisons de mon éviction. Le Bureau Fédéral n'a pas les compétences requises pour évaluer le travail d'une DTN. Il a certainement d'autres compétences, mais techniquement, il ne peut émettre le moindre jugement sur le travail d'une Direction technique. Concrètement, qu'est-ce qu'on vous reproche ? Au risque de me répéter, je n'ai rien de concret. Je lui ai posé la question et il n'a pas éclairé ma lanterne. Je sais qu'il trouve que les clubs et les médias me sollicitent plus que lui pour en savoir plus sur les activités de la FTVB. Je ne voulais pas en arriver à ça pour expliquer pourquoi j'ai été remercié. Et pourtant, c'est la principale explication de mon limogeage. C'est triste, mais c'est la réalité car aucune autre explication ne m'a été donnée pour justifier mon éviction de la DTN. Pour votre gouverne, les passages médiatisés du président de la FTVB en une année dépassent amplement les miens durant un peu plus de dix ans. Et Dieu seul sait que je n'ai jamais été attiré par les médias et je n'ai livré que quelques interviews. En quelque sorte, je lui fais de l'ombre car Firas El Faleh veut qu'on ne parle que de lui et rien d'autre. Et puis, quand j'ai remercié l'ancien bureau fédéral et l'ex staff technique composé de fethi M'kaour et RiadhHedhili sur un plateau télé, et quand j'ai associé tout ce beau monde au dernier sacre africain, il m'en a voulu et il ne me l'a jamais pardonné (et pourtant Firas El Faleha faisait partie de l'ex bureau avant de devenir président de la FTVB) ! Vous n'avez pas accompagné l'EN féminine au dernier CAN au Cameroun. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'on ne voulait pas de moi. Le président ne m'a pas accordé cette opportunité. Il a fait la même chose au CAN garçons et j'ai payé de mon propre argent mon billet et mon séjour au Caire. Le président de la FTVB a voulu me faire croire que c'est le ministère qui s'est opposé à ce que je sois du voyage. Il a oublié que je suis au fait de tout et je sais que le ministère ne s'est jamais opposé à ce qu'un DTN accompagne une équipe nationale dans une compétition continentale ,de surcroit, officielle. Je sais que j'aurais pu aider le staff technique et faire en sorte qu'à l'arrivée, les résultats soient meilleurs. A titre informatif, je tiens à préciser que j'ai avancé de ma poche, quelques sept mille dinars, pour payer les salaires des joueuses qui commençaient à s'impatientaient avant le départ pour le Cameroun car la FTVB n'avait pas la possibilité de le faire étant à court d'argent... Je ne suis pas en train de raconter tout cela pour jouer au victimes car même le vice-président de la FTVB Youssef Mahfoudh a payé de son propre argent son billet et son séjour en Egypte au cours du dernier CAN, que nous avons remporté. Le même Youssef Mahfoudh a avancé de l'argent pour faciliter le déplacement du « Six » national vers un pays étranger et pour la tenue d'un stage compétitif. Pour conclure, seul un DTN peut aider un staff technique au cours d'une compétition officielle et seul un DTN peut établir un rapport pour évaluer le travail du même staff... Vous quitter votre poste après un titre continental obtenu après 14 ans d'attente ? Je quitte mon poste après un titre de champion d'Afrique. Je suis vraiment content de ce sacre après une longue attente. Cela ne peut que faire du bien au volleyball tunisien. Cela permettra à mon successeur d'évoluer dans des conditions positives. On aurait dû construire autour de ce titre et aller de l'avant... Il est question de vos rapports tendus vous et l'entraîneur national Giaccobe. Qu'es est-il au juste ? On peut dire ce qu'on veut. Il faut le demander à Giaccobe. Nous étions d'accord sur les choix car il connaît le volleyball tunisien et africain. C'est un bon technicien et on s'est toujours entendu à tous les niveaux. Avez-vous une idée sur l'identité de votre successeur ? Je n'en sais rien et cela ne me concerne pas. Tout ce que je peux dire, c'est que nul n'est indispensable. J'aurais fini par quitter mon poste un jour ou l'autre et j'aurais aimé que cela se passe dans d'autres conditions. Pour ne rien vous cacher, je suis un peu déçu par cette fin en queue de poisson. J'estime que j'aurais pu encore donner au volleyball tunisien. Quoi qu'il en soit, j'espère que mon successeur n'aura pas à travailler dans les mêmes conditions car j'ai eu à gérer la précarité financière et humaine. Enfin, j'attends toujours de lire le rapport d'évaluation du Bureau Fédéral . Le mot de la fin ? Je tiens à féliciter toute la famille du volleyball tunisien,(responsables et techniciens) qui m'a aidé dans ma tâche. Je remercie les Fethi Mkaouer, Mounir Gara, FouedK ammoun, Moncef Belaïba, Hassen Ben Cheïkh pour leurs précieuses collaborations. Je remercie également les présidents qui se sont succédé à la tête de la FTVB, à savoir Béchir Louzir, Slim Ben Youssef et Mounir Ben Slimène, pour leur soutien. Enfin, je ne peux oublier mon père spirituel, feu Zizi Belkhoja qui m'a inculqué les vertus du travail et appris le métier de DTN. Il n'est plus de ce monde. Il n'aura pas ainsi à assister à cette déchéance des valeurs sportives. Propos recueillis par