Les tiraillements ont d'abord entaché la recomposition de l'Instance supérieures indépendantes pour les élections (ISIE), avec le remplacement des trois membres démissionnaires, puis l'élection de son nouveau président, en l'occurrence M. Mnasri, après moult séances plénières de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) qui avait, pourtant, mieux à faire. Ces tiraillements politiques ont, aussi, marqué le remplacement des membres sortants, selon la loi régissant cette fameuse instance rentrée dans les annales de l'Histoire comique de la Tunisie post-Révolution. Le couronnement est survenu avec le déroulement des élections législatives partielles d'Allemagne qui ont été un camouflet pour l'alliance gouvernementale contre-nature entre Nidaa Tounès et Ennahdha, en leur donnant une image claire de ce que ces deux mouvements représentent, actuellement, sur la scène politique du pays. Dès l'annonce des résultats des législatives partielles dans la circonscription d'Allemagne, les acteurs politiques ont diversement réagi. Certains ont pavoisé et d'autres ont imputé les résultats au manque de crédibilité des partis et aux coups-bas fomentés par Ennahdha contre son partenaire gouvernemental. La faible participation des électeurs (5,02%) et l'élection de Yassine Ayari par une partie infime de la communauté des Tunisiens résidant en Allemagne ont fait réagir. Candidat de la liste Al-Amal (l'Espoir) il a remporté le siège d'élu à l'ARP avec 284 voix. Fils du Lieutenant-colonel Tahar Ayari, tombé sous les balles d'éléments terroristes lors d'affrontements à Rouhia (gouvernorat de Siliana) en 2011, il a bénéficié du soutien de l'ancien président Moncef Marzouki lors de ces élections organisées pour remplir la vacance de siège du député Hatem Chahreddine Ferjani (Nidaa Tounès), nommé lors du dernier remaniement ministériel, début septembre dernier, secrétaire d'Etat auprès du ministre des Affaires étrangères chargé de la diplomatie économique. Critiques acerbes Après l'annonce des résultats, les réactions des acteurs politiques étaient mitigées. Imed Khemiri (Ennahdha) a cherché des excuses et expliqué que les conditions pour organiser des élections partielles sont différentes des élections globales du point de vue participation et nombre d'électeurs. Selon lui, le nombre réduit des bureaux de vote a influé négativement sur l'opération électorale. « On ne peut pas dire que les résultats des élections partielles en Allemagne ont des incidences sur le paysage politique national » a-t-il dit. Ghazi Chaouchi (Courant Démocrate) a estimé, pour sa part, que les résultats de ces élections ont soulevé la question de l'abstention des électeurs. «Un phénomène grave qu'il va falloir traiter», estime-t-il. Selon lui, les partis politiques et précisément les partis de la coalition au pouvoir en assument la responsabilité en raison d'un discours ambigu et d'un manque de communication. Les résultats constituent une «claque» aussi bien pour Nidaa Tounès que pour Ennahdha, avance-t-il. Ils sont tombés d'accord sur un seul candidat mais n'ont pas obtenu les voix suffisantes, résume-t-il. Zied Lakhar (Front populaire) a estimé, quant à lui, que les résultats de ce scrutin reflètent une nette abstention et invitent tous les acteurs à revoir leur action politique et à tirer les leçons. Pour Salah Bargaoui (Machrou Tounes), la leçon à tirer de ces élections est le poids réel d'Ennahdha et de Nidaa Tounes qui malgré leur alliance n'ont pas su convaincre les électeurs et les inciter à voter massivement en faveur de leur seul candidat. D'après lui, la non-installation du Conseil supérieur des Tunisiens à l'étranger comme promis depuis quelque temps peut aussi expliquer les réticences des électeurs.