Entre langue de bois, favoritisme et corporatisme, le Tunisien se perd en conjecture pour discerner le vrai du faux et savoir si ses responsables sont vraiment sérieux dans les décisions qu'ils prennent. L'affaire Najem Gharsalli pose de nombreuses interrogations, surtout qu'encore une fois, le Conseil de l'ordre judiciaire n'a pas tranché dans une question qui concerne la sécurité de l'Etat. L'affaire de l'ancien ministre de l'Intérieur, Najem Gharsalli a ouvert, largement, la place aux interprétations et aux supputations, surtout qu'il avait quitté son poste ministériel à la sauvette et qu'il a été démis de son poste d'ambassadeur de Tunisie, dans le secret le plus total, sans que cela soit rendu public et sans qu'on donne au pauvre citoyen les raisons de ce limogeage. La langue de bois chez les politiciens demeure une méthode de dialogue avec le citoyen qui en a assez et qui demande qu'on cesse de le prendre pour un idiot, surtout que pareilles affaires le concernent de près et qu'il doit être informé des méfaits et des infractions commises par ceux qui détenaient des postes de haute importance pour la destinée du pays. Le limogeage d'un ancien ministre de l'Intérieur, devenu, par la suite, ambassadeur de Tunisie à Rabat, un poste très sensible, ne doit pas passer en catimini, surtout que l'affaire a évolué au point qu'on demande la levée de l'immunité du personnage qui bénéficiait de la confiance des citoyens. Corporatisme et favoritisme aidant et malgré la demande pressante, le Conseil de l'ordre judiciaire, n'est pas arrivé à prendre une décision, concernant la levée de cette immunité et Imed Khaskhoussi, porte-parole du Conseil supérieur de la magistrature a indiqué que le conseil de l'ordre judiciaire, réunivendredi n'a pas tranché la demande de la justice militaire de lever l'immunité du magistrat et ancien ministre de l'Intérieur, Najem Gharsalli. Belle excuse, il a affirmé que «la raison en est la multitude de dossiers inscrits à l'ordre du jour du Conseil», a expliqué Imed Khaskhoussi, alors que tout le monde sait qu'il n'y a pas affaire plus importante que celles se rapportant à la sécurité nationale. Il a précisé que le conseil de l'ordre judiciaire a reporté l'examen de cette question à une prochaine séance dont la date sera annoncée ultérieurement. Réuni mercredi dernier, le conseil de l'ordre judiciaire a reporté l'examen de la levée de l'immunité de Najem Gharsalli du fait que «l'ordre du jour n'est pas épuisé» (sic) et cela implique que l'affaire qui concerne Gharsalli n'est pas tellement importante pour nos illustres magistrats. Déjà, le conseil s'était réuni la semaine passée sans parvenir à trancher la demande émise par la justice militaire de lever l'immunité de l'ancien ministre de l'Intérieur. Début décembre, la justice militaire a transmis au Conseil supérieur de la magistrature une demande pour la levée de l'immunité de Gharsalli. Le Procureur général de la direction militaire avait indiqué le 3 novembre dernier que Gharsalli a été entendu par le juge d'instruction en tant que témoin, en sa qualité d'ancien ministre de l'Intérieur, sur fond de l'affaire d'atteinte à la sûreté de l'Etat impliquant l'homme d'affaires Chafik Jarraya. Gharsalli a été démis de son poste d'ambassadeur de Tunisie au Maroc fin octobre dernier sans que les motifs de cette décision ne soient donnés. Il avait été nommé à ce poste en février 2016, un mois après avoir quitté le gouvernement de Habib Essid dans le cadre d'un remaniement ministériel.