Des rapports administratifs présentés, jeudi dernier, ont révélé que les quantités annuelles de déchets en plastique collectés et recyclés, dans le cadre du système ECOLEF, géré par l'Agence nationale de gestion des déchets (ANGed), ont chuté considérablement, après la révolution, passant à 5 600 tonnes environ en 2017, contre 16 000 tonnes en 2010. La production nationale de déchets en plastique s'est élevée à plus de 100 000 tonnes en 2017 de sorte que les quantités collectées et recyclées dans le cadre du système ECOLEF représentent à peine 5% en 2017, contre 20% en 2010. Au même moment, le nombre des recycleurs actifs a diminué. Sur 180 adhérents au système, 70 seulement exercent encore. Aussi, l'ANGED a organisé, à Tunis, un séminaire national sur la promotion du système ECOLEF, créé depuis une vingtaine d'années pour promouvoir les activités de collecte, de recyclage et de valorisation des déchets en plastique à travers de petites entreprises privées, et ce avec la participation d'un grand nombre d'intervenants parmi les collecteurs, les recycleurs, et les représentants de la société civile, outre les cadres de l'ANGed et des administrations concernées. Cependant, les quantités collectées sont achetées par l'ANGed qui procède, ensuite, à leur répartition entre les recycleurs. Il existe aussi un fonds public, à cet effet, alimenté par des taxes perçues à titre de protection de l'environnement (TPE). Le directeur général de l'ANGED, Badreddine Lasmer, et le directeur d'ECOLEF, Fayçal Bedhiafi, ont admis que le système ECOLEF connait de nombreux problèmes à l'origine de son mauvais rendement actuel, bien qu'une enveloppe budgétaire se montant à 14 millions dinars soit consacrée à son financement en 2018. Ils ont signalé, entre autres, la fermeture de nombreux points de collecte dans de nombreuses municipalités, suite à la récupération par ces mêmes municipalités des locaux qui les hébergent. Ainsi, dans le gouvernorat de Nabeul, il ne reste qu'un seul point de collecte sur quatre auparavant. Il en va de même à Monastir. Les recycleurs du Nord se trouvent parfois obligés de s'approvisionner auprès des collecteurs du Sud. L'activité de collecte et de recyclage souffre aussi des intrus qui exercent de façon informelle. 80% de l'activité est couverte par des informels selon certains intervenants. Les responsables des structures syndicales représentatives des collecteurs et des recycleurs, Hamza Chaouch et Mohamed Kchaou, ainsi que de simples collecteurs et recycleurs , ont exprimé leur crainte face aux nouvelles orientations de la politique en matière de gestion des déchets, exposées par le représentant du ministère des affaires locales et de l'environnement, Walim Mardassi, y voyant des orientations propres à hisser ce secteur au niveau d'une grande industrie où il n'y aura plus de place pour les petits. Or, ont-t-ils souligné, outre la préservation de l'environnement du rejet sauvage des déchets en plastique, l' activité de collecte et de recyclage des déchets en plastique dans le cadre du système ECOLEF a été lancée pour procurer de l'emploi aux économiquement faibles et elle s'est développée grâce à leurs efforts au point que la Tunisie était devenue un exemple en la matière avant la chute de l'activité après la révolution. Parmi ces orientations contestables, à leur avis, ils ont signalé notamment la généralisation du tri sélectif, la création de grands centres de tri et l'option pour l'installation de véritables usines de valorisation, en vue d'ouvrir le secteur aux investisseurs étrangers. Les responsables de l'ANGED et le représentant du ministère des affaires locales et de l'environnement ont tranquillisé les professionnels. Le directeur d'ECOLEF a, même, fait état d'un projet tendant à employer 360 collecteurs en 2018. Une délégation congolaise a assisté au séminaire pour s'informer de l'expérience tunisienne en matière de gestion des déchets et plus particulièrement des déchets en plastique.