Samedi 28 avril à la galerie Saladin. Mme Danielle David, venue spécialement de Paris, était là pour nous présenter son livre « Paris-Tunis-Kairouan » entourée de l'expo « Petits formats » organisée par ART'COT. Dans ce livre, l'auteure raconte son retour aux sources du pays natal. « Venue en Tunisie à la rencontre de cette situation inédite de la première révolution dans le monde arabe qui a renversé en un mois une dictature de vingt-trois ans, Danielle David va y rencontrer son passé : la voici projetée plus de quarante années en arrière, l'année de ses 18 ans, la dernière qu'elle aura passé dans sa Tunisie natale. « La révolution, cette nouvelle Tunisie que je découvre, au-delà de la signification politique déterminante qu'elle revêt pour son peuple et pour l'ensemble du monde arabe, se double pour moi d'une invitation urgente et singulière à un retour sur le passé, aux raisons de mon exil et de mon attachement infini à ce pays, à son peuple, à ma tunisianité ». Un retour aux sources qui la mènera jusqu'à Kairouan et son antique communauté juive. » Tel est présenté le livre par l'éditeur. Danielle David-Setbon est née et a grandi à Tunis. En 1964, elle émigre en France avec sa famille et devient enseignante en philosophie. En 1978, elle quitte l'Education nationale pour s'engager dans la formation permanente à l'IFOREP, un institut de formation et de recherche affilié au Mouvement d'éducation populaire. Elle y occupe différentes responsabilités avant d'en devenir, en 1995, responsable du secteur Recherche ; dans ce cadre, elle dirige plusieurs recherches liées à l'évolution du travail dans l'entreprise et ses effets sur la vie des agents et de leurs familles. Depuis 2007, elle s'intéresse aux relations entre mémoire et histoire de la colonisation et de la décolonisation au Maghreb. C'est l'universitaire Habib Kazdaghli qui présentait le livre de Danielle David-Setbon. Il a indiqué que le livre est une enquête à trois niveaux : la quête de soi, recherche sur l'histoire de la famille de l'auteure et le retour à son pays natal qu'elle a quitté depuis plus de 50 ans. Il a souligné en outre qu'il n'y a pas de chronologie dans cette histoire, mais qu'il s'agit plutôt de flash-back, d'un recours aux archives, à la mémoire familiale, d'un aller-retour entre l'histoire et la mémoire. Mme Danielle David a commencé sa présentation en ces termes : « Je suis à la fois heureuse et très émue de faire cette présentation de mon livre dans mon pays natal, la Tunisie ! » Et de poursuivre : « Ce livre est une histoire qui a pris son chemin depuis 2007, notamment lors d'un séminaire organisé en Tunisie autour des relations entre mémoire et histoire de la colonisation et de la décolonisation au Maghreb. Et puis il y a la mort de ma mère, décédée à 96 ans, qui m'a raconté des souvenirs qui remontent à mon enfance à Kairouan, des souvenirs qui m'ont vraiment touchée, notamment ceux concernant les relations entre les Musulmans de Kairouan et la communauté juive à l'époque. Donc, je fais mon premier voyage à Kairouan et l'aventure commence !c'était donc une découverte pour moi ; j'ai donc vu le quartier juif, la mairie où ma mère a eu son acte de naissance, l'école où elle était inscrite. C'est ainsi que mon enquête se met en marche. Ensuite, j'ai effectué un deuxième voyage juste deux mois avant le déclenchement de la Révolution. A vrai dire, je craignais le fanatisme religieux, dans cette cité et la possibilité d'une hostilité contre les Juifs dans cette ville islamique. Mais j'y tiens bon ! Cette fois, je vais dans la ville, accompagnée de mon mari, j'interroge les gens, je leur demande de me renseigner sur certaines choses, certains lieux, comme le cimetière juif, la synagogue (du moins ce qui en reste !) Je dois avouer que j'étais ravie que non seulement la population ne me rejette pas, mais que j'étais bien guidée et renseignée, même par les enfants. Quand éclata la Révolution, j'avais encore plus envie de terminer mon travail d'enquête, parce que, en tant que tunisienne d'origine, j'étais extrêmement intéressée par ce qui se passait en Tunisie, par ce mouvement que j'ai envie de vivre. En avril 2011, je retournais à Kairouan, quoiqu'on me déconseille d'y aller, mais ce qui me réconfortait et me poussait vers l'avant, c'était cette volonté des Tunisiens de construire leur démocratie, leur liberté d'expression. Il faut donc continuer mon travail, mais en prenant en considération de nouveaux facteurs. Désormais, mon enquête est un aller-retour entre ma propre histoire et celle de la Tunisie, entre le passé et le présent... »