La chaîne algérienne ‘Echourouk' a diffusé, en début de semaine, un film documentaire portant sur le cas des terroristes tunisiens en Libye et en Syrie. Au début du documentaire, on nous rappelle que, selon les chiffres officiels de plusieurs organismes internationaux, les jeunes tunisiens ont été classés premiers en Syrie et en Libye à partir de 2012 avant que la situation ne s'arrange avec l'évincement du dernier gouvernement de la Troïka présidé, à l'époque, par Ali Laârayedh. Au cours de son investigation, la journaliste algérienne a rencontré plusieurs terroristes tunisiens dont la moyenne d'âge est de 25 ans. Hommes et femmes ont raconté la transformation qu'ils ont vécue à partir de 2011 et la conclusion est unanime : les nombreuses tentes de prédication – un phénomène qui a commencé en 2011 et qui s'est poursuit jusqu'à fin 2013 – qui œuvraient sous le regard bienveillant des forces de l'ordre à l'époque, ont réussi à convertir plusieurs jeunes adolescents à la radicalisation. Ces mêmes jeunes ont, par la suite, été pris en charge au sein des mosquées pour finir par être envoyés en Libye et en Syrie. A la fin de chacune de ses entrevues, qu'elles soient avec des terroristes ou avec leurs proches, la journaliste posait une question dont la réponse était la même : le mouvement islamiste d'Ennahdha est directement lié et impliqué dans le dossier de l'envoi des jeunes tunisiens vers les zones de conflit (Irak, Syrie et Libye). Au cours de l'un de ses entretiens avec un responsable sécuritaire libyen, opérant dans la ville de Sabratha, la journaliste a réussi à décrocher un aveu de son interlocuteur qui a affirmé, tout en sachant que la communication était enregistrée, que la filiale tunisienne des Frères musulmans, et donc Ennahdha, est directement impliquée et concernée par cette affaire. Quelques jours après la diffusion du documentaire, le mouvement Ennahdha a publié un communiqué où il a dénoncé l'œuvre intitulée ‘Terroriste sur commande' expliquant qu'aucun de ses dirigeants n'a été contacté pour donner sa propre version des faits ce qui prouve, toujours selon Ennahdha, que le travail journalistique algérien n'a respecté aucun critère de neutralité. Toujours dans le même communiqué, le mouvement islamiste a rappelé ses « liens historiques avec le peuple algérien et ses dirigeants représentés par son excellence le président de la République algérien Abdelaziz Bouteflika ». Ennahdha a affirmé que le contenu du documentaire n'a aucune crédibilité et qu'il ressemble de près à toutes les rumeurs que subies le mouvement depuis quelques années déjà. De son côté, la présidente du Parti destourien libre (PDL), Abir Moussi, a porté plainte contre les partis de l'ancienne Troïka qui ont gouverné le pays de janvier 2012 jusqu'à janvier 2014 pour leur implication dans l'envoi des jeunes tunisiens dans les zones de conflit. Dans une déclaration accordée au Temps, Abir Moussi s'est étonnée du silence des autorités et notamment du ministère public qui, malgré la disponibilité des preuves et des témoignages, n'a osé inquiéter personne de ceux qui ont clairement eu un rôle décisif dans les désastres sécuritaires vécus par la Tunisie au cours de ces dernières années. La présidente du PDL nous a affirmé qu'en 2019, les dossiers relatifs au terrorisme et à l'envoi des jeunes au djihad seront définitivement clos au profit des dossiers de tous ceux qui se sont opposés aux islamistes en Tunisie. Dans son rejet de toutes les accusations, Ennahdha n'a toujours pas pris la peine de nous expliquer les raisons qui ont amené quelques-uns de ses dirigeants de l'époque, à l'instar d'Abou Yaârab Marzouki ou encore d'Habib Ellouze, d'encourager les jeunes à partir en Syrie avec des déclarations inoubliables comme celle de ‘si j'étais encore jeune, je serais moi-même en Syrie en ce moment en train de répondre à mon devoir de djihad'...