Sous la lumière tamisée du somptueux fort de Kélibia se dégage une odeur de légende, embellie par un décor tunisien authentique et soutenue par des notes d'une musique, traditionnelle puisée dans le patrimoine musical arabe, arrangée par le grand maestro Mohamed Ali Kammoun . Ce spectacle «Nouba parfumée» a ravi mercredi soir le public kélibien, avec un répertoire aux contenus variés, dans une atmosphère de convivialité et une ambiance festive. Des jeunes talents ouvrent le bal avec un concert Tarab d'excellence où se mêle la beauté, la profondeur et la douceur des voix juvéniles avec l'originalité du vocabulaire musical. La troupe bien dirigée par Mohamed-Ali Kammoun au piano, Zied Zouari au violon solo, Nabil Abdmouleh et Ahmed Litaiem au nây, Lotfi Soua, Aymen Boujlida et Wassim Benrhouma à la section rythmique et Samar Ben Amara et Ayoub Samet à la zokra a ébloui l'assistance par ses ballades musicales rêveuses, aériennes et palpables, composées à partir «d'arômes et de senteurs patrimoniaux». Les musiciens et les choristes ont servi tous les goûts, étalant des pièces, entre reprises et chansons du patrimoine, développés et arrangés par Mohamed Ali Kammoun. Le chanteur Firas Ben Slimane annonce la couleur dans un enchaînement progressif typique de la forme Nouba (Btâyhi, Brâwil, Insirâf, Akhtâm et Hrûb). La troupe enchaîne, par la suite, par une longue et savoureuse interprétation musicale féminine dans un spécial "Jilwa" avec Llia Ben Cheikha . Coup de coeur de la soirée, la musique de cette suite féminine allie puissance et légèreté. Les interprétations lyriques de Lilia Ben Chikha étaient plaintives et fortes,. Elle a essayé de mettre à chaque morceau, du cœur et de l'énergie et de multiplier ses performances en interprétant trois parfums en hommage à la Mashta (Hadhra Féminine) avec , à chaque fois, une reprise en choeur par un public maîtrisant presque par coeur les textes et la mélodie.Pratiquement à chaque chanson, elle fait chavirer les cœurs. A mesure que l'on avance dans le temps, l'ambiance se fait plus festive, le rythme plus tonique et l'atmosphère plus allègre. A la troisième suite (parfums soufi)interprétée par Islem Jemai, le public vibre sur les airs mystiques des solos remarquables à la zokra de Samar Amara et Ayoub Samet, en réponse avec les deux nays, de Nabil Abdouleh et Ahmed Litaiem, une section de vents traditionnels et savants, unique en son genre, doublée par le violon virtuose de Zied Zouari, le tout bercé par une section de jazz dynamique et intelligente .Chaque parfum raconte une histoire. Dans un seul morceau, on écoute différentes facettes de cette musique authentique et fraîche.. Egal à lui même et très gai, Mohamed Ali Kammoun a émerveillé le public par ses improvisations et son jeu musical. Les parfums présentés , proches de l'esprit de la région, ont retenu un grand public de Kélibia, connaisseur et enivré par cette musique belle et innovante .L'artiste a pu développer rapidement une complicité avec son public. e. Bref, une soirée de nouba de qualité sans déchaînement, sans agressivité et bien parfumée. Elle annonce en avant goût 24 parfums, six suites pour orchestre et solistes, qui sera interprétée le 17 août par 60 artistes au spectacle de clôture du festival international de Carthage