Le drame de la Tunisie est dû à plusieurs problèmes d'ordre politique, économique, social et sécuritaire. Entre le combat d'une classe politique qui s'entredéchire pour arracher plus de pouvoir et d'argent, faisant-fi des intérêts supérieurs de la nation et un peuple qui est en train de s'appauvrir et de souffrir le martyr chaque jour, le fossé est en train de s'élargir de plus en plus, prouvant que ceux qui détiennent le pouvoir actuellement sont à l'écoute de leurs propres intérêts plutôt qu'à ceux du peuple. C'est bien beau d'avoir plus de liberté, plus de démocratie, mais est-ce suffisant si les lois ne sont pas appliquées, si la bureaucratie pesante et volumineuse freine le développement, si le niveau du commerce parallèle et de l'endettement extérieur continue à s'agrandir au lieu d'être réduit, si l'injustice fiscale est en train d'être confirmée puisque les plus démunis (salariés) ainsi que les entreprises, sont en train de payer trop d'impôts, alors que la mafia de la contrebande qui brasse des milliards de dinars, ne paie pas un centime et que certains ayant des revenus élevés paient un impôt si minime par rapport à ce qu'ils gagnent que cela ne devient ridicule ! Ainsi, la Tunisie connaît plusieurs problèmes dont les plus importants sont les suivants : un niveau trop élevé de l'économie informelle avoisinant les 54%, une injustice fiscale criarde, un terrorisme certes affaibli, mais toujours présent pouvant frapper à tout moment, une corruption qui se développe de plus en plus et qui touche tous les rouages de l'Etat, les entreprises publiques, des députés à l'ARP, des magistrats véreux, certains journalistes qui n'honorent pas la profession et autres secteurs. Ainsi, cette corruption est en train de se propager à une vitesse «V» dans tous les corps comme une gangrène et qui prend tellement d'ampleur que c'en est devenu presque une «nouvelle culture», au vu de l'impunité des corrompus et du manque flagrant de volonté pour combattre ce fléau. Bien entendu, la persistance de ces problèmes a un effet dévastateur sur l'économie du pays puisque cela freine la croissance, augmente le chômage, induit une inflation galopante, aggrave le déséquilibre de la balance de paiement et de la balance commerciale, en plus de la dévaluation très importante du dinar et des avoirs en devises qui se réduisent comme peau de chagrin et qui viennent de descendre sous le seuil minimal de 70 jours, une détérioration continue du pouvoir d'achat du citoyen et un endettement extérieur dépassant les 70% du PIB qui ne cessa de s'aggraver pour finir par faire perdre au pays sa souveraineté, ce qui est très grave. Feu Mohamed Frioui, professeur émérite qui avait enseigné au campus universitaire de Tunis stipule que pour toute entreprise qui a divers problèmes, il y a toujours un problème pivot auquel sont rattachés et autour duquel s'articulent tous les autres problèmes. Par conséquent, il est primordial, sur la base d'un diagnostic minutieux, de détecter ce problème pivot parce que si l'on arrive à le solutionner, à l'éradiquer… alors tous les autres problèmes de l'entreprise disparaitront. Si l'on analyse la situation actuelle, les acteurs du commerce parallèle qui ne paient pas leurs impôts privant ainsi l'Etat de recettes fiscales importantes et l'amenant à s'endetter de l'extérieur tout en nuisant au commerce formel ne sont-ils pas des hors-la-loi qu'il faut combattre ? Ceux qui ne paient pas leurs impôts ou paient un impôt minime par rapport à ce qu'ils gagnent ne sont-ils pas des voleurs qu'il faut absolument ramener sur le droit chemin ? Ceux qui distribuent les licences à certains privilégiés pour qu'ils importent des produits superflus aggravant le déficit de la balance commerciale et grevant nos avoirs en devises ne sont-ils pas des malfaiteurs qui nuisent aux intérêts du pays ? Les associations louches qui financent le terrorisme et ceux qui s'emploient à le protéger, en plus de ceux qui se chargent de diffuser la pensée wahabiste extrémiste ne sont-ils pas des criminels à qui il faut déclarer la guerre ? Et les autres corrompus, ceux qui s'arrangent pour voler les deniers de l'Etat par des moyens détournés ou reçoivent des pots-de-vin ne sont-ils pas aussi des voleurs qu'il faut incriminer pour éviter le gaspillage des deniers publics ? Finalement, c'est bien la nébuleuse corruption sous toutes ses formes qui est le problème pivot de la Tunisie et le jour où l'on aura vraiment une volonté réelle de le combattre et de l'éradiquer en commençant par appliquer la loi sur les corrompus qui sont dans les hautes sphères du pouvoir, ce jour là, l'on pourra alors dire que le train Tunisie a été mis sur les rails et qu'elle pourra remonter la pente pour aller loin et rattraper les pays qui ont une croissance à deux chiffres.