La vérité sur les allégeances, les magouilles et les jeux d'influence commencent à percer au grand jour, surtout après les démissions 80 membres influents du mouvement Harak Tounès Al Irada de l'ancien président provisoire de la République, Mohamed Moncef Marzouki, qui a fait allégeance au mouvement Ennahdha, à la Turquie et au Qatar, simplement pour rester ou arriver, de nouveau à la magistrature suprême du pays. Du jamais vue dans aucun pays du monde, même, dans le passé et actuellement, malgré la débandade à Nidaa Tounès, avec la démission collective de pas moins de 81 cadres et responsables du parti Harak Tounès Al-Irada, cette formation politique, dirigée par l'ancien président de la République Moncef Marzouki. Les démissionnaires étaient les plus proches collaborateurs du très contesté président provisoire, notamment les membres du comité politique Adnene Mansar, le principal conseiller, et Tarek Kahlaoui qui ont justifié leur décision par l'impossibilité de reformer le parti sur les plans politique et organisationnel mais aussi par l'ambition présidentielle de son président qui avait gouté aux plaisirs de la présidence, comme c'est le cas, actuellement, avec Béji Caïd Essebsi qui croit qu'il peut en faire hériter son fils, le très contesté Hafedh. "Les ambitions de Moncef Marzouki a dépourvu le parti de sa personnalité" ont souligné les démissionnaires dans une déclaration, ajoutant que le positionnement actuel du parti ne permet pas de lancer des initiatives "sérieuses" contre la coalition au pouvoir. Réagissant à cette vague de démissions, le porte-parole du mouvement Harak Tounès Al-Irada, Abdelwahed Yahyaoui, a jugé "prévisible" le départ de plusieurs cadres et responsables du parti en raison du conflit qui règne au sein de cette formation politique. "C'était prévisible, bien que cette décision de départ soit douloureuse pour le parti", a-t-il noté. Pour lui, le vrai problème au sein de Harak Tounès Al-Irada ne concerne pas la ligne politique du parti et ses orientations mais porte plutôt sur des différends autour de l'expérience du Congrès pour la République (CPR). Pour sa part, Abdelbasset Sammari, membre du bureau politique démissionnaire de Harak est allé plus loin dans les accusations. Il a affirmé, dans une intervention dans l'émission «Midi Med» que les principales décisions sont parachutées et unilatérales, ajoutant que les démissionnaires avaient des différends politiques avec Mohamed Moncef Marzouki qui remontent à la période de la Troïka, surtout concernant le dossier du responsable libyen Baghdadi Mahmoudi et la question de l'envoi des jeunes vers les zones de conflits, surtout que l'ancien président provisoire ne maitrisait pas la situation sécuritaire, au cours de cette période. Le dirigeant démissionnaire a, d'autre part, affirmé que le volet de la souveraineté du parti est totalement inexistante, surtout qu'il est devenu dépendant d'Ennahdha, à l'échelle locale, et de l'OTAN, sur le plan international. Pour sa part, Tarak Kahlaoui a déclaré dans l'émission «HounaShems», sur les ondes de la radio Shems FM, que le positionnement politique interne du parti a conduit à des alignements régionaux qui n'ont aucune relation avec les intérêts supérieurs et la souveraineté nationale de la Tunisie. Il a ajouté que l'ancien président provisoire de la République «soutient le front régional formé par la Turquie et le Qatar, croyant que cet alignement servait les intérêts du pays, alors que nous pensons le contraire (…), surtout que le président turc, Ordogan soutient les groupes armés islamistes en Syrie». De graves accusations qui risquent de conduire l'ancien président provisoire de la République devant la justice pour ses agissements et son incompétence… pour atteinte à la sécurité de l'Etat.