En marge des compteurs qui affichent chaque jour un nombre plus élevé de personnes infectées par le nouveau coronavirus, une bonne nouvelle émerge tout de même de ce sombre tableau. Le ministre de l'Energie et des mines Mongi Marzouk a annoncé, dans un Post sur sa page Facebook, que la commission technique chargée de fixer et de faire le suivi des prix des hydrocarbures importés et raffinés en Tunisie se réunira lundi 6 avril 2020 pour étudier la possibilité de réviser à la baisse les prix du carburant à la pompe. Le ministre a également détaillé le niveau mécanisme d'ajustement des prix du carburant fixé par arrêté du ministre des énergies et des finances en date du 31 mars 2020. Il a rappelé que l'ancien mécanisme d'ajustement datant de 2016 prévoyait une révision des prix du carburant à la pompe (à la hausse ou à la baisse) tous les trois mois avec un plafond de 5%, en fonction de l'évolution des prix du pétrole à la hausse ou à la baisse. Le nouveau mécanisme prévoit une révision mensuelle des prix, avec un plafond de 1,5% en 2020 (2% en 2021) sur la base du prix moyen des achats de pétrole au cours des trois derniers mois (et non sur la base du cours moyen du Pétrole brut sur les marchés). M. Marzouk a également fait savoir que le plafond annuel de la révision des prix à la hausse ou à la baisse sera de 18% dans le cadre du nouveau mécanisme d'ajustement des prix (2020) contre 20% pour l'ancien mécanisme, tout en précisant que la décision d'abaisser ou d'augmenter le prix du carburant sera désormais une décision purement technique. Dans le cadre de l'ancien mécanisme d'ajustement des prix la révision du prix du carburant était une décision politique basée sur l'avis de la commission technique. Baisse drastique La réduction attendue des prix des produits pétroliers en Tunisie découlera de la baisse des prix sur le marché international suite à la contraction de la demande et la hausse de l'offre. Alors que le budget de l'Etat pour l'exercice 2020 a été établi sur la base d'une hypothèse du prix du baril de pétrole brut à 65 dollars, le prix du Brent a chuté au-dessous des 22 dollars le baril le 30 mars, avant de reprendre progressivement des couleurs. Le 3 avril, le baril de Brent se négociait à 32,9 dollars. La chute des prix de l'or noir qui se poursuit depuis plusieurs semaines s'explique essentiellement par le ralentissement de la demande dans le contexte d'une propagation rapide du coronavirus à travers le monde. L'absence d'un consensus parmi les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a également ébranlé le marché, l'Arabie saoudite ayant rejeté la proposition de Moscou de maintenir les volumes actuels d'extraction, voire de les baisser. En l'absence d'accord, Riyad a au contraire dopé sa production et a annoncé une baisse des prix ce qui a fait s'effondrer les cours. Au total, depuis le début de l'année, le brut a perdu plus de la moitié de sa valeur. Selon les prévisions figurant dans le budget de l'Etat 2020, les subventions consacrées aux hydrocarbures devaient s'élever à 1880 millions de dinars, ce qui représente environ 14,8% des dépenses de gestion, 8,9% du total du budget de l'Etat et 3,3% du PIB du pays. D'après le document relatif au budget de l'Etat, toute augmentation de 1 dollar du prix du baril de pétrole équivaut à une hausse de 142 millions de dinars dans les dépenses de compensation.